La décision du gouvernement congolais de bloquer les comptes de l’hôpital du docteur Denis Mukwege, qui prend en charge les victimes de viol depuis plus de 15 ans, a provoqué une levée de boucliers en République démocratique du Congo et à l’étranger.
C’est une décision de l’administration fiscale congolaise qui a mis le feu aux poudres. Estimant que l’hôpital du docteur congolais Denis Mukwege était un établissement privé et non public, les bureaucrates ont réclamé de nouvelles taxes à cette structure spécialisée pour soigner les femmes victimes de viol au Sud-Kivu, province troublée de l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Les comptes de l’hôpital de Panzi ont ainsi été bloqués et près de 500 membres du personnel médical, en grève depuis mercredi 31 décembre, n’ont toujours pas reçu leurs salaires de décembre, selon un communiqué du docteur Mukwege diffusé le 2 janvier. Le personnel a manifesté vendredi devant le service des impôts, tandis que la Belgique a appelé le gouvernement congolais "à renoncer" à taxer lourdement cet établissement pionnIer en matière de lutte contre les violences sexuelles.
Selon un militant local des droits de l’homme, l’hôpital paie probablement les vives critiques du docteur Mukwege contre le gouvernement de Kinshasa, à qui il reproche de ne pas agir contre les auteurs de viols lors des troubles dans l’est du pays. L’an dernier, le docteur Mukwege a reçu le prix Sakharov, décerné par l’Union européenne, pour son action en faveur des femmes victimes de viols dans cette région où s’affrontent depuis des années des groupes armés rivaux. Son nom a également été avancé pour le prix Nobel de la paix.