Vraisemblablement Aubin Minaku travaille subtilement contre les intérêts de Kabila. Si¬non comment expliquer le rendez-vous manqué entre Kabila et les parlementaires de l’Opposition. Kabila voulait à tout prix écouter ses opposants, il n’a finalement pu écouter aucun d’eux. Aucun ténor de l’opposition n’a accepté l’invitation de Kabila. Tous presque ont boycotté ses consultations à la cité de l’OUA. À la place on lui a emmené quelques rigolos en rupture de banc avec leur famille politique. Le compte n’y était pas du tout.
La faute de ce fiasco n’est pas à chercher loin : c’est Minaku qui n’a pas su bien manoeuvrer pour convaincre les vrais opposants à venir converser avec Kabila dans un cadre non formel. Un travail bâclé selon un cadre du PPRD, nostalgique, il a dit sous couvert d’anonymat, que c’eut été Vital Kamerhe, « les choses se seraient passées autrement ». Effectivement, contrairement à Kamerhe qui assumait sans ambitions politiques, notamment présidentielles, bien qu’à l’époque bras droit de Kabila, Minaku feint, en public et devant Kabila, de ne pas être concerné par sa succession alors qu’il ne pense qu’à cela. Il n’a pas de barbe pour dire qu’il y pense comme Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac. Qui ne se souvient pas de sa conférence de presse précipitée (Minaku), tenue à l’aéroport de N’Djili en 2013, pour affirmer son leadership par rapport à Evariste Boshab qui s’apprêtait à conduire les consultations au sein de la MP pour préparer les fameuses Concertations Nationales de triste mémoire. Minaku avait convoqué la presse à l’aéroport car impatient d’arriver à son bureau pour couper l’herbe sur les pieds de l’imprudent Boshab qui n’avait pas encore com¬pris que Minaku s’affranchir de lui. Autre anecdote qui en dit sur la personnalité de Minaku : qui ne se rappelle du courant que Minaku voulait créer en 2012 au sein de l’Assemblée nationale avant de se faire taper dessus par Boshab et les autres bonzes de la Majorité présidentielle. Il renonça malgré lui à cette initiative qui menaçait la cohésion de sa famille politique pour ses intérêts politiques personnels.
C’est encore lui qui était allé accuser le premier ministre Matata devant Kabila en dis¬ant que son exposition médi¬atique se faisait au détriment du président. Personne n’est dupe, en réalité derrière cette accusation grotesque, il y avait quelque chose de mesquin : servir ses propres intérêts politiques dissimulés par le paravent Kabila qu’il a brandi ! Kabila et son cabi¬net ne pouvaient-il pas se faire eux-mêmes leur reli¬gion pour recadrer éventuel¬lement le chef du gouverne¬ment? Ses anecdotes mises en ensemble tel un puzzle trahissent bien Minaku qui aime le pouvoir au point d’en être complètement obnubilé. D’ailleurs, il ne cesse de dire à ses proches que c’est lui le dauphin de Kabila et ses proches ne se gênent pas de le clamer urbi et orbi. Il est donc aisé de comprendre que derrière les échecs de Kabila, il y a Minaku qui ne s’investi pas suffisamment pour déblayer le chemin à son patron. C’est Minaku, croyant manipuler Kengo, qui a convaincu Kabila d’aller aux Concertations nation¬ales. Résultat : une année et demie d’immobilisme suivie d’un gouvernement dont il aura fallu attendre une an¬née pour sa mise en place et un mois à peine après son in¬stallation fut réputé démissi¬onnaire. Gaspillage de temps et de deniers publics. Au lieu d’apprendre de ses erreurs, le très moyen Speaker de la chambre basse (piètre pour certains encore plus radi¬caux), pire que Boshab sel¬on les députés eux-mêmes, il s’entête dans des sché¬mas contreproductifs pour son chef et pour sa famille politique voire pour le pays. Mais alors pourquoi le fait-il ? Réponse toute évidente : la course au pouvoir. Il faut bien se méfier des apparences car elles sont souvent trompeu¬ses. Et la sphère politique n’échappe pas à cette règle. Sous les aspects monas¬tiques de Minaku qu’aime se présenter à l’opinion et à sa famille politique, se cache une vraie boulimie de pou¬voir enveloppée sous le man¬teau d’une prétendue loyauté à Kabila. Car le président de l’Assemblée nationale a aussi son agenda lui qui se réclame du clan feu Katumba Mwan¬ke. Et aujourd’hui on sait que les relations entre Kabila et Katumba n’étaient pas aussi idylliques qu’on les décrit. Il y avait des nuages. Des nuag¬es orageux même. En fait le calcul de Minaku est simple : l’échec de Kabila aujourd’hui ou son affaiblissement lui profite. C’est donc délibéré¬ment et subtilement qu’il travaille contre Kabila. Dans l’espoir d’être désigné dau¬phin. L’ancien magistrat ne s’empêche pas de s’auto-proclammé déjà dauphin de la Kabilie. Ça l’occupe telle¬ment qu’il n’a plus la lucidité de bien conseiller son patron. Comme qui dirait dans la Kabilie le ver est dans le fruit.
MATTHIEU KEPA