Lauréats du prix » Ambassadeur de la conscience » de l’Amnesty International 2016
L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International a décerné, hier mercredi 4 mai, le prix » Ambassadeur de la conscience » à trois mouvements d’activistes jeunes en Afrique, ainsi qu’à la vedette béninoise, Angélique Kidjo.
Il s’agit de » Y’en a marre » au Sénégal, du » Balai Citoyen » au Burkina Faso et de la » Lucha « , en République démocratique du Congo. Ils seront mis à l’honneur lors de la cérémonie de remise, qui se tiendra le 28 mai à Dakar, au Sénégal, indique un communiqué de l’Amnesty International.
Le prix récompense des personnes qui se servent de leur talent pour inspirer les autres à se battre pour les droits humains et pour la « création d’un espace de débat et à sensibiliser sur des questions des droits de l’homme.
» Angélique Kidjo et les membres de Y’en a marre, du Balai citoyen et de LUCHA sont tous d’ardents défenseurs des droits humains, qui mettent leur talent au service de la mobilisation « , a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
Angélique Kidjo, lauréate de plusieurs Grammy Awards, a fui son pays dans les années 1980, après des pressions exercées sur elle par le régime répressif, qui l’a contrainte à se produire contre son gré.
Au fil de ses 30 années de carrière et de ses 12 albums, elle s’est faite une éminente défenseure de la liberté d’expression et de l’éducation des fillettes en Afrique ; elle lutte aussi contre les mutilations génitales féminines.
» J’ai toujours essayé de me servir de ma voix, en chantant et en parlant, pour combattre l’injustice et les inégalités.
Amnesty International réalise un travail tellement courageux et extraordinaire depuis des années que le fait de recevoir le prix Ambassadeur de la conscience a quelque chose d’intimidant pour moi ! Ce prix va me pousser à continuer à parler haut et fort des questions cruciales qui concernent les droits humains à notre époque « , a déclaré Kidjo.
Très fiers
» Il n’y a pas de destin forclos, il n’y a que des responsabilités désertées « , a déclaré Fadel Barro, coordonnateur de Y’en a marre. Le Balai citoyen est honoré de recevoir cette distinction.
À tous ceux qui ont cru en nous, n’ont lu dans nos actes que de la détermination à combattre l’injustice, nous tenons à leur réaffirmer que nos convictions sont restées aussi sûres et solides que nos rêves qui les sous-tendent « , a déclaré Smockey, l’un des leaders du Balai Citoyen.
Eveil de conscience de la jeunesse congolaise
» C’est avec beaucoup de joie et d’humilité que nous accueillons ce prestigieux prix. C’est une marque de reconnaissance de notre engagement, et un bel encouragement à poursuivre notre lutte non-violente pour la justice sociale et la démocratie dans notre pays « , a déclaré Juvin Kombi, un des militants de LUCHA.
» Nous dédions ce prix à Fred Bauma, à tous nos compatriotes persécutés pour leur engagement citoyen et au Peuple dans son ensemble. « , a-t-il expliqué.
Pour rappel, LUCHA est un mouvement de jeunes d’initiative locale qui organise des manifestations pacifiques.
Créé en 2012 à Goma, dans l’Est du pays, il se consacre aux questions sociales, aux droits humains et à la protection des civils contre les groupes armés. À travers des actions non-partisanes et non-violentes, LUCHA milite pour la justice sociale et la gouvernance démocratique. Depuis Mars 2015, deux membres de Lucha sont aux arrêts.
Il s’agit de Fred Bauma, arrêté aux côtés de 26 autres militants en mars 2015 lors du lancement du collectif Filimbi, dont l’objectif était de donner aux jeunes les moyens de participer au processus démocratique en République démocratique du Congo.
Fred Bauma est toujours détenu, ainsi qu’Yves Makwambala, créateur du site Internet de Filimbi. Amnesty International considère ces deux hommes comme des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé de manière pacifique leurs droits aux libertés d’expression et d’association.
Les manifestations et les autres actions organisées par LUCHA sont réprimées de façon systématique par les forces de sécurité. Depuis que Fred Bauma et Yves Makwambala sont derrière les barreaux, 32 autres personnes ont été arrêtées pour le simple fait d’avoir demandé leur libération. Actuellement, au moins neuf personnes liées à LUCHA sont incarcérées.
Les lauréats des années précédentes sont entre autres, Vaclav Havel (2003) ; Mary Robinson et Hilda Morales Trujillo (2004) ; U2 et Paul McGuinness (2005) ; Nelson Mandela (2006) ; Peter Gabriel (2008) ; Aung San Suu Kyi (prix décerné en 2009 et remis en 2012) ; Harry Belafonte et Malala Yousafzai (2013) ; Ai Wei Wei et Joan Baez (2015).
Par Godé Kalonji