Journée fort mouvementée dans les Assemblées nationales de la RDC et du Gabon, respectivement à Kinshasa et Libreville. La journée du 10 novembre 2014 devrait désormais orienter l’opinion publique face aux enjeux sociopolitiques à venir. Si au Palais du Peuple, l’on a assisté à un spectacle de vénalité, de bassesse, dans la Chambre basse, où la majorité a désillusionné une large frange de l’opinion en rejetant la motion de méfiance visant 2 ministres Matata. A Libreville, des centaines des fonctionnaires ont envahi le Palais Léon Mba, siège de l’Assemblée nationale, pour réclamer la satisfaction de leurs revendications.
Libreville a vécu, lundi 10 novembre, dans l’incertitude, dans la crainte d’une «compaorisation» du régime Ali Bongo déjà en groggy suite aux récentes révélations de Pierre Péan sur ses origines. Comme à Ouaga, au Burkina, le président de l’Assemblée nationale a prouvé à ses pairs qu’il courrait aussi vite que Usain Bolt pour se terrer quelque part dans le Palais. Nombre des députés genre «Bongo mon plaisir », «Bongo, je te veux ad vitam aeternam», auraient à-brûle-pourpoint fait girouette.
Estimant que le gouvernement fait la sourde oreille et les «mène en bateau», et face à une Assemblée qui se complait à se réduire à une caisse de résonnance du régime, les fonctionnaires ont résolu de se prendre en charge, enfer ou ciel ! Ils ont donc marché vers le palais Léon Mba, siège de l’Assemblée nationale, où, empêchés de rentrer, ils ont forcé et fait tomber une grille de la clôture de l’édifice. S’ils sont parvenus sous le perron de la «Maison du peuple», ils se sont cependant interdit d’y entrer. «Ceci n’était qu’un avertissement des Travailleurs Gabonais Vaillants (TGV)», a lancé un manifestant. L’important dispositif policier, -en réalité des éléments de la garde prétorienne de Bongo camouflés en policiers selon la rue gabonaise-, qui a vite bloqué toutes les entrées menant vers l’Assemblée nationale s’avère donc d’aucune utilité. Pour le pouvoir, il faut coûte que coûte, empêcher, à la population de rejoindre les fonctionnaires grévistes. Produits de saison, après ce qui vient de se passer au Burkina Faso, une importante armada de camions bourrés de policiers et gendarmes accoutrés de l’attirail des grandes épreuves, mais aussi des chiens de la brigade canine, ont été déployés autour la Première chambre du Parlement, bloquant ainsi le boulevard Triomphal Omar Bongo et tous les accès menant vers l’Assemblée nationale. Aussi rasséréné par les intentions pacifistes des fonctionnaires, le président de l’Assemblée sort enfin de sa niche. Guy Nzouba Ndama reçoit des manifestants un mémo reprenant toutes leurs revendications. Et au mégaphone, un porte-parole du mouvement lui a demandé de «donner l’ordre de libérer dans l’immédiat tous les étudiants enfermés arbitrairement» et a indiqué qu’«ils n’iront pas à l’appel du président de la République le 17 novembre prochain s’ils ne sont pas informés de l’ordre du jour de cette rencontre». Un délai de 3 jours -donc jusqu’au 13 novembre prochain- a été donné au président de l’Assemblée pour l’obtention de solutions, faute de quoi, les manifestants ont promis passer à la vitesse supérieure.
A Kinshasa par contre, l’opinion publique est restée indifférente après la confusion qui a eu lieu à l’Assemblée nationale. Sur la Place Victoire, il n’est que des revendeurs des journaux qui tentaient de s’expliquer comment Kitebi, ministre délégué des Finances, s’est-il tiré sans peine, en dépit de la flagrance de son forfait. Des élus du peuple s’en sont venus aux mains suite à la motion de défiance aussi rejetée visant le ministre de l’Industrie Rémy Musungayi. Interrogés sur la question, un groupe d’étudiants a quasiment eu la même réaction dans un français très approximatif: « moi, mourir pour les politiciens! Jamais ! Tous, majorité et opposition bouffent, détournent les deniers publics». Et cette étudiante de poursuivre, « en RDC, nous n’avons pas des députés mais des putains, des parle menteurs, des piteux… ». Lors de sa dernière sortie médiatique sur la question de la révision constitutionnelle, Théodore Mugalu- reste à savoir s’il s’exprime toujours en tant responsable n°1 de la maison civile de Joseph Kabila- a soutenu que le Burkina-Faso n’est pas la RDC. Il se dit, en effet, qu’il suffit d’une bonne bière et d’un T-shirt pour (con)vaincre le R-dcongolais, le Kinois particulièrement. Pour ce fonctionnaire au ministère de la Décentralisation impayé depuis des lustres, « bien que timoré, un chien longtemps agacé finit par mordre…Accordons le temps au temps ».