Le plan de Minaku a échoué

Mardi 3 mai 2016 - 12:34

C’est presque la guerre des tranchées au sein de la Majorité présidentielle. La conclusion, le 29 avril 2016 de la question orale avec débat du député national Crispin Mbindule sur l’évaluation du Programme quadriennal d’action gouvernementale commence à livrer des secrets.

 

Le premier ministre Augustin Matata Ponyo a répondu, point par point, à toutes les questions sériées des députés nationaux, même aux questions qui n’avaient rien à voir avec son bilan de quatre à la tête du gouvernement, des préoccupations d’ordre singulièrement personnel comme sa religion ou encore son penchant pour la cravate rouge ! L’ancien ministre des Finances promu Premier ministre en mai 2012 ne pouvait être aussi clair et précis dans ses réponses. Mais la mauvaise foi de l’auteur de la question orale, et surtout du tireur des ficelles, a été plus que patente. La conclusion de l’élu Crispin Mbindule a révélé les dessous des cartes de cette question orale qui en réalité n’était qu’un prétexte pour amener Matata ‘Ponyo «à la barre» et essayer de le noyer avec des conjectures ou encore des accusations sans fondements. Malgré la précision des réponses, Crispin Mbindule -qui n’est que la face visible de l’iceberg- s’est dit insatisfait, pas du tout convaincu. Sa mauvaise foi tenace, ou certainement celle de son mentor, l’a poussé à requérir, de manière radicale, la démission du premier ministre, arrivant à peine à lire sa propre conclusion, comme si une autre personne l’avait rédigé pour lui et qu’il n’a pas eu le temps de faire la mise en bouche ! Mais pour quelle raison Matata devrait rendre son tablier ? Parce qu’il a imprimé la rigueur dans la gestion de la chose publique ? Car, c’est à cela que s’emploie Matata Ponyo depuis quatre ans.

 

De quel discours, quelles preuves, quels arguments avait-il besoin pour être persuadé que le pays gagne en se dotant d’une compagnie aérienne qui enrichit progressivement sa flotte aérienne, que c.est une plus-value de disposer d’une société de transport, de développer un parc agro-industriel, de bancariser la paie des agents de l’Etat et des policiers ainsi que des militaires, de stabiliser le cadre macro-industriel, de réduire le taux de pauvreté, de construire des écoles à travers le pays, la construction d’un immeuble qui abrite les ministères, et bien d’autres réalisations de l’Exécutif depuis l’arrivée de Matata Ponyo ? Le camp présidentiel devrait plutôt s’enorgueillir et consolider son pouvoir dans une unité autour di président de la République lors que s’approche de la tenue de l’inévitable dialogue politique pour des élections apaisées. Mais au lieu de cela le gouvernement du peuple, qui visiblement a changé la serrure des caisses de l’Etat de manière à bloquer le coulage des recettes, fait l’objet des attaques des personnes qui vivent aux dépens de la nation. La présence de Matata Ponyo à l’hémicycle du Palais du peuple n’a été qu’une preuve supplémentaire de l’acharnement dont il est victime de la part d’une bonne frange des députés nationaux.

 

Et bizarrement, le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, semble permettre tacitement à certains élus d’offenser littéralement et gratuitement le chef du gouvernement, comme si le but poursuivi est de démettre le premier ministre. En tout cas, Crispin Mbindule l’a exprimé sans ambages, sans être repris et recadré serait-ce au nom de la liberté d’expression et démocratie ?

Mais l’on se rend compte que l’action d’Aubin Minaku dans l’ensemble a sérieusement fragilisé la MP. «La Majorité présidentielle est en train de s’affaiblir depuis l’arrivée d’Aubin Minaku à sa tête, ainsi qu’à l’Assemblée nationale », a-t-on laissé entendre. Depuis qu’il est là, le camp présidentiel traverse de moments de trouble, avec des défections comme celle du G7, de Moise Katumbi, Jean-Claude Muyambo, l’étiolement de la cohésion en son sein, le refus populaire face à la tentative de l’Assemblée nationale d’insérer à tout prix l’alinéa 3 de l’article 8 de la Loi électorale qui a occasionné des morts d’homme à Kinshasa, les attaques subrepticement orchestrées contre le gouvernement de Matata Ponyo, etc. Il s’agit ainsi d’un ensemble des faits qui attesteraient la présence nocive d’Aubin Minaku à la tête de la Majorité présidentielle. Et cela impacterait négativement sur la vision du chef de l’Etat Joseph Kabila qui a accordé une pleine confiance à Matata Ponyo, non pas par enchantement, mais sur base de la compétence de l’homme à la cravate rouge (symbole de la rigueur, de l’abnégation et de la bonne gouvernance qui accompagne le pouvoir).

 

L’heure est certainement à l’examen minutieux au sein de la Majorité présidentielle. Le Parti du peuple pour la démocratie et la reconstruction (PPRD) l’a compris en procédant à un changement avec l’arrivée d’un politique modéré et réfléchi, Henri Mova, qui a succédé au téméraire et autoritaire Evariste Boshab, aujourd’hui ministre de l’intérieur. Et la fronde orientée vers Matata Ponyo, cadre du PPRD, s’est avéré un échec. Jouissant de la confiance du président de la République, le chef du gouvernement va continuer à se dévouer pour le développement du pays.

Par CN