Le G7 dénonce l’intolérance politique, refuse le dialogue et explique les contours l’article 70

Lundi 25 avril 2016 - 13:31
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Le Groupe des 7 partis politiques qui dit non au dialogue, déplore la mise à sac du siège de l’Unafec. Olivier kamitatu exige un débat avec Alain Atundu en direct de la télévision nationale concernant l’article 70 de la Constitution

La situation sécuritaire en République démocratique du Congo, le dialogue politique ainsi que la saisine de la Cour constitutionnelle par les députés de la Majorité présidentielle (MP) ont constitué l’essentiel du point de presse du Groupe des 7 partis politiques (G7) tenu le vendredi 22 avril dernier à Kinshasa, animé par Olivier Kamitatu et Christophe Lutundula.

De la situation sécuritaire en RDC
La mise à sac du siège de l’ l’Union Nationale des Fédéralistes du Congo (UNAFEC) à Lubumbashi et l’incendie de sa représentation à Kinshasa, les incidents meurtriers à Kolwezi entre les forces de l’ordre et la population civile, ainsi que la recrudescence de l’insécurité dans la ville de Kinshasa, en Ituri et au Nord-Kivu, ont particulièrement retenu l’attention du G7.

L’UNAFEC, cible des attaques à Lubumbashi et Kinshasa

A la suite de l’affichage, mardi 19 avril 2016, des portraits de Moïse Katumbi, au siège de l’UNAFEC à Lubumbashi, trois Jeeps de militaires se sont présentées pour tenter d’arracher ces portraits. Selon le G7, leur tentative a échoué suite à l’Opposition farouche de la population de la Kenya. Et dans la nuit qui a suivi et pendant la journée du 20 avril 2016, poursuit le G7, d’autres militaires, en grand nombre et lourdement armés, ont à nouveau investi le siège de l’UNAFEC.

Après de violents affrontements avec la population civile, ils ont, cette fois-là, réussi à arracher les affiches de Moïse Katumbi et à commettre des actes de vandalisme. Ces évènements ont paralysé, tout au long de la journée du 20 avril 2016, la vie dans la commune de la Kenya. Par la suite, les services de l’ordre assistés du procureur de la République ont posé les scellés du siège de cette formation politique. Le bilan des affrontements, à en croire le G7, s’élève à une vingtaine de blessés par balle et plusieurs dizaines d’arrestations.
Le G7 qui affirme sa profonde solidarité à l’endroit de Gabriel Kyungu, stigmatise l’instrumentalisation des forces de l’ordre à des fins politiciennes ainsi que l’installation d’un Etat policier à travers l’ensemble de la République démocratique du Congo. Aussi, il met en garde tous ceux qui veulent attenter à l’intégrité physique de Moïse Katumbi devenu la cible des attaques des hommes armés, et demande à la MONUSCO de garantir sa sécurité.

Non au dialogue convoqué par Kabila

Le G7 réaffirme qu’il ne participera pas au dialogue national convoqué par l’ordonnance de Joseph Kabila du 28 novembre 2015. Il réitère son soutien à la Résolution 2277 du Conseil de sécurité qui souligne la nécessité de respecter la Constitution et d’organiser les élections dans les délais qu’elle prescrit.

Cette plateforme dit s’en tenir à la proposition de mettre en place un panel de facilitation qu’elle a faite avec la Dynamique de l’Opposition à la communauté internationale afin de rassurer et de garantir l’impartialité à toutes les parties concernées. Ce panel sera composé des représentants de l’Union africaine (UA), des Nations Unies (ONU), de l’Union Européenne (UE) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à raison d’un délégué par organisation internationale.  » Cette équipe des facilitateurs sera appuyée par les représentants spéciaux habituels de nos partenaires « , précise le G7.

De la saisine de la Cour constitutionnelle par la MP

Le G7 se demande s’il est important d’interpréter des choses aussi simples et claires. Car, rappelle-t-il au peuple congolais, la Constitution a fixé, en ce qui concerne le mandat de l’élection présidentielle, des termes de référence clairs, précis et contraignants qui indiquent la durée du mandat présidentiel qui est de cinq ans renouvelable une seule fois (articles 70 et 220).

Le Groupe des 7 partis politiques estime que si les élections ne se tiennent pas dans le délai constitutionnel, la responsabilité entière d’un tel échec incombera totalement à ceux qui sont au pouvoir pour avoir planifié le blocage du processus électoral et plonger le pays dans l’impasse en vue d’obtenir un glissement extraconstitutionnel du mandat de Joseph Kabila.

Ce regroupement s’étonne, en plus, que la Majorité présidentielle saisisse la Cour constitutionnelle alors qu’elle réclame à cor et à cri la tenue de son dialogue national qu’elle présente comme la baguette magique aux entraves qu’elle a dressées sur le chemin des élections et de l’alternance démocratique en République démocratique du Congo.

La démarche vise deux objectifs

Le G7 se dit convaincu que la démarche de la Majorité présidentielle vise, en réalité, deux objectifs. Primo, éviter que cette question ne soit débattue au cours du dialogue. Secundo, obtenir de la Cour constitutionnelle la prorogation du mandat de Joseph Kabila au-delà du terme constitutionnel, et ouvrir à la Commission Nationale Electorale Indépendante CENI la voie vers l’organisation de l’élection du nouveau président de la République en dehors du délai.

Débat contradictoire en Olivier Kamitatu et Alain Atundu

Le député national Olivier Kamitatu Etsu, vice-président du G7 chargé des Relations extérieures, exige un débat contradictoire avec André Alain Atundu Liongo, porte-parole de la Majorité présidentielle (MP), en direct de la télévision nationale, pour mieux éclairer l’opinion et lever toute équivoque concernant l’article 70 de la Constitution. Car, Atundu venait de citer deux membres du G7, à savoir Kamitatu et Mwando qui, à l’époque de la rédaction de la Constitution en vigueur, étaient respectivement président de l’Assemblée nationale et président de la commission PAJ de la même chambre législative.

» Et puisque les honorables Olivier Kamitatu et Charles Mwando Nsimba étaient au four et au moulin de la rédaction de la Constitution actuelle, nous pouvons dire que nous sommes mieux placés que monsieur le communicateur en chef de la Majorité pour donner la quintessence de ses dispositions », a dit Olivier Kamitatu.

Pour ce dernier, l’article 70 a été créé après les différentes guerres de rébellion qui ont déchiré le pays avant la transition de 1+4. Il fallait donc garantir l’alternance démocratique pour éviter des frustrations. Il n’est donc pas question qu’un président de la République reste en fonction au-delà de son mandat bien déterminé par la Constitution.

Par Lefils Matady