Progrès. Le mot est assez explicite pour désigner le bilan que dressent le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, et les organisations du système des Nations unies, au regard du Rapport national de suivi des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Jugée largement positive, cette évaluation, qui se veut objective, couvre la période 2000 - 2015, comme le renseigne ce rapport bilan lancé officiellement hier mardi 6 octobre par le chef du Gouvernement.
"Faire reculer de moitié la pauvreté à l’horizon 2015 était un défi de taille pour un pays déchiré par la guerre et qui a connu une trentaine d’années de mauvaise gouvernance », a indiqué le Premier ministre Matata.
Réunis à l’Hôtel du Gouvernement, les membres de l’Exécutif, les chefs de mission diplomatique et coopération bilatérale, ainsi que les représentants des agences du Système des Nations unies, des institutions universitaires et de recherche, du secteur privé et de la société civile ont eu la primeur de découvrir le fond du Rapport-bilan des progrès accomplis dans l’optique des Objectifs du Millénaire pour le Développement en République démocratique du Congo.
Selon un communiqué conjoint émanant du Gouvernement congolais et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ’’il ressort globalement de ce rapport que, si les principaux indicateurs des OMD ont évolué d’une façon satisfaisante au regard des grands défis auxquels le pays a été confronté sur la période, la RDC, à l’instar de nombreux autres pays d’Afrique, n’a toutefois atteint aucune des cibles visées’’.
UNE EVALUATION OBJECTIVE
Intéressé au plus haut point par ce rapport, le Premier ministre a tenu à signaler le contexte dans lequel ce travail a été réalisé : "Quinze années se sont écoulées depuis que les Chefs d’Etat et de gouvernement de 189 pays, dont la République Démocratique du Congo, ont souscrit au Pacte du millénaire pour le développement, avec comme objectif majeur de faire reculer, de moitié, la pauvreté à l’horizon 2015. Il est donc venu le moment de dresser, sans complaisance, un bilan des progrès accomplis et de tourner les regards vers le futur. L’expérience de ces 15 dernières années devrait nous aider à mieux peaufiner nos stratégies et politiques de développement et à mieux nous projeter dans le futur".
"L’ambition d’améliorer les conditions de vie dans le monde est, certes, noble - je dirai même légitime - mais elle exige beaucoup en termes de travail, de discipline, d’abnégation et de sacrifice. Surtout pour les pays comme la RDC qui, lors du lancement des objectifs du millénaire pour le développement, faisaient face à une situation politico-sécuritaire assez préoccupante et affichaient de mauvais résultats économiques", estime Matata Ponyo.
L’IMPULSION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Le chef du Gouvernement a tenu ainsi à saluer les efforts du président Kabila qui a souscrit, au nom du peuple congolais, aux Objectifs du millénaire pour le développement et qui, au fil des années, a conjugué d’immenses efforts pour que notre pays puisse faire avancer son agenda de développement. Ainsi, reconnait Matata Ponyo, depuis le début de la décennie 2000, la vision du Président Joseph KABILA converge vers ces objectifs du millénaire.
Cette vision, précise-t-il, a permis au Gouvernement congolais de réaliser ’’un bilan encourageant’’ qui se traduit aujourd’hui par la stabilisation du pays, l’amélioration des fondamentaux de l’économie, la consolidation de la croissance économique, l’usage de ses dividendes pour améliorer les conditions de vie de la population dans le but de réduire la pauvreté, et l’acheminement du pays vers son émergence à l’horizon 2030.
LA GUERRE, UNE EPINE SOUS LES PIEDS
"Faire reculer de moitié la pauvreté à l’horizon 2015 était un défi de taille pour un pays déchiré par la guerre et qui a connu une trentaine d’années de mauvaise gouvernance, a indiqué le chef du Gouvernement. La RDC a décidé, sous le leadership de son Président, d’affronter cette dure épreuve dont le bénéfice pour la population serait substantiel".
"Fort des engagements pris dans le cadre du Pacte du millénaire, le Gouvernement de la République, poursuit Matata Ponyo, a conjugué des efforts remarquables durant la période 2000 - 2015, pour stabiliser et normaliser la situation politico-sécuritaire du pays, laquelle avait une incidence négative sur le fonctionnement de l’économie et la qualité de la vie menée par les citoyens. En plus de ces efforts, il s’est évertué à mettre un terme aux déséquilibres macroéconomiques qui se sont installés durant la décennie 1990, relancer la production, consolider la croissance et améliorer ses effets distributionnels pour faire avancer le développement".
EFFORTS DE REDRESSEMENT
Aux dires du Premier ministre, ’’le Gouvernement, s’est ainsi engagé dans un programme ambitieux de réformes visant à donner un nouveau visage à l’économie nationale en améliorant d’une part, la gestion macroéconomique et, de l’autre, en créant des conditions propices au développement de l’activité économico-financière ainsi qu’à l’accroissement des opportunités socioéconomiques, en particulier pour les couches les plus démunies de la population’’.
"La marche de la République Démocratique du Congo vers l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement a été envisagée à travers l’exécution du programme d’actions du Gouvernement soutenu par le Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP), note Matata Ponyo. Le suivi de la mise en œuvre des OMD pour le développement a été envisagé par la réalisation de trois rapports de progrès à mi-parcours, notamment en 2005, en 2010 et en 2012".
"Au regard des progrès timides réalisés entre 2000 et 2010, assure le chef de l’Exécutif congolais, le pays a préparé en 2012, des cadres d’accélération des OMD dans les secteurs de la sécurité alimentaire, de l’éducation, de la lutte contre le VIH/Sida et le paludisme, et de la mortalité infantile et maternelle. Ces cadres d’accélération ont permis d’améliorer les performances et de se rapprocher des cibles retenues".
DES COUACS SUR LA VOIE DU GOUVERNEMENT
Loin d’un optimisme béat, Augustin Matata Ponyo reconnaît que tout n’a pas été rose pour les gouvernants congolais : "’Il est certes vrai que la RDC n’a pas atteint l’objectif ultime de réduction de la pauvreté de moitié en 2015, mais les progrès réalisés demandent à être salués, eu égard à son contexte politico-sécuritaire des années 1990 - 2000".
"Les ressources devant financer le développement et la lutte contre la pauvreté ont souvent été évincées par les dépenses sécuritaires, argumente-t-il. Le Gouvernement s’est ainsi constamment retrouvé dans une situation où les besoins à assouvir étaient de loin supérieurs aux moyens rendus disponibles par l’espace budgétaire national. Et cela, malgré l’accroissement de l’aide publique au développement durant ces dernières années".
Selon Augustin Matata, ’’la situation post-conflit du pays a agi sur les résultats escomptés ainsi que d’autres chocs majeurs, tels que les crises alimentaire et énergétique de 2007/2008, la crise économico-financière de 2008/2009, les changements climatiques et la pandémie de la maladie à virus d’Ebola. En dépit des problèmes de parcours, c’est sur une note d’espoir que s’achève la période de mise en œuvre des objectifs du millénaire pour le développement en RDC. Les résultats affichés par le pays montrent qu’il y a plus à croire à un lendemain meilleur qu’à craindre l’ombre d’un brouillard’’.
EDUCATION, SANTE, DIPLOMATIE… DES PROGRES
Le Premier ministre se réjouit à cet effet des progrès réalisés en matière de l’éducation et de la santé : "Après un repli notable durant la décennie 1990, le taux de scolarisation a augmenté tout comme l’indice de parité. Toutefois, des efforts additionnels demandent à être conjugués pour garantir à tous les enfants de notre pays un accès facile et aisé à la scolarisation. En plus de la reconstruction et de la modernisation des infrastructures scolaires, le Gouvernement s’est engagé à améliorer la qualité des programmes de formation en les alignant sur les standards internationaux".
"Dans le domaine de la santé, fait-il remarquer, des progrès ont été également enregistrés ces dernières années, notamment en ce qui concerne la prévalence du VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme. Il reste encore à faire pour assurer une couverture sanitaire plus large, mais nous ne baisserons pas les bras. Le Gouvernement est conscient de la nécessité d’élargir davantage l’accès aux soins de santé, d’accroître la prévention contre certaines maladies, d’améliorer la qualité des prestations du corps médical, et de réduire la mortalité infantile et maternelle".
Au chapitre de la coopération, le chef du Gouvernement note également des des avancées considérables : "Depuis la reprise de la coopération structurelle, le volume de l’aide a augmenté et la RDC a été admise à l’Initiative en faveur des pays pauvres et très endettés. Grâce aux efforts conjugués au plan de la gestion macroéconomique et des réformes, le pays a atteint le point d’achèvement en juin 2010 et a bénéficié d’une annulation substantielle de sa dette extérieure. Depuis, le Gouvernement assure un suivi rapproché de ses nouveaux engagements financiers pour préserver la viabilité des finances publiques et minimiser tout risque d’un nouveau surendettement".
DES DEFIS A RELEVER
Augustin Matata Ponyo reconnait cependant qu’il reste encore beaucoup à faire en matière du chantier énergie. "En ce qui concerne la desserte en énergie, relève-t-il, la situation demeure encore préoccupante. Les proportions de la population utilisant une source d’eau améliorée et ayant accès à l’électricité sont encore très faibles. Mais au regard des efforts conjugués pour redynamiser la RÉGIDESO et la Société nationale d’électricité (SNEL), des projets énergétiques en cours de réalisation et des perspectives de développement des énergies renouvelables pour lesquelles le pays compte plus de 780 sites, il y a lieu d’espérer voir les choses s’améliorer rapidement".
"Le Gouvernement de la République est également conscient de l’importance des défis à relever dans le secteur de l’assainissement et du logement. Des réflexions et des actions sont déjà en cours pour la mise en œuvre d’une bonne politique d’aménagement du territoire", atteste Augustin Matata.
RENDEZ-VOUS A 2030
"Beaucoup reste à faire, mais le défi peut être relevé, indique le Premier ministre. Avec la tendance à l’amélioration du contexte politico-sécuritaire du pays, à l’approfondissement des réformes, à l’amélioration de la gouvernance, à la consolidation et à l’inclusivité de la croissance et à la diversification des bases productives de l’économie, la République Démocratique du Congo réalisera des avancées importantes en matière de développement humain d’ici 2030, la nouvelle échéance pour les Objectifs de Développement Durable (ODD)".
"Tout en reconnaissant que la RDC a encore du chemin à parcourir pour devenir un pays émergent et un pays développé, je pense qu’il jaillit une lueur d’espoir et que celle-ci est suffisante pour que l’on croit en un lendemain meilleur. Le peuple congolais devrait croire en lui-même et faire de sa détermination à aller de l’avant son cheval de bataille pour changer le cours de son histoire. Tout est possible à celui qui croît dans les valeurs que sont le travail, la discipline, l’abnégation, et surtout, le sacrifice pour la nation", soupire le Premier ministre congolais. Yves KALIKAT