L’absence de réglementation du secteur bois pénalise l’Etat congolais

Lundi 20 avril 2015 - 08:57

En République démocratique du Congo, un nouveau rapport du programme des Nations unies pour l’environnement indique que le trafic d’ivoire, d’or et de bois, rapporte jusqu’à 1,3 milliard de dollars à une trentaine de groupes armés dans l’est du Congo. Le trafic d’or constitue le plus gros de ces recettes illégales, jusqu’à 120 millions de dollars annuels. Mais le bois, dont la grande majorité est toujours exploitée sans réglementation, en fait partie également. Autant de recettes qui échappent au gouvernement congolais et révèlent, une nouvelle fois, l’urgence de réglementer ces secteurs. Selon le think tank Africa Progress Panel, 17 milliards de dollars échapperaient aux économies de la région à cause du trafic de bois.

Avec près de 90 % du secteur du bois qui n’est pas réglementé, c’est la porte ouverte à tous les abus. Des salaires extrêmement bas pour les personnes qui travaillent dans ce secteur, par exemple, mais aussi en termes de destruction de l’environnement. En République démocratique du Congo, la déforestation est l’une des plus importantes de la région. Mais le grand perdant c’est avant tout l’Etat congolais. A partir du moment où 90 % de l’exploitation du bois n’est soumise à aucune taxe ou réglementation, c’est autant de ressources de perdues pour le développement du pays ou la préservation de la forêt.

Trois chiffres sont extrêmement parlants en la matière. A l’heure actuelle, les compagnies forestières qui ont des permis et paient des taxes ne représentent que 10 % de l’exploitation forestière du pays. Elles produisent 300 000 mètres cubes de bois par an. Mais par ailleurs, entre 3 et 4 millions de mètres cubes de bois, soit dix fois plus, sont produits et vendus sur le marché local au Congo, sans aucune réglementation. Enfin, près d’un million de mètres cubes de bois est trafiqué chaque année vers les pays voisins, de façon totalement clandestine. Un bois qui finance essentiellement des groupes armés.

Depuis quelques années l’Etat tente de réglementer le secteur, mais les progrès sont lents. Exemple : la République démocratique du Congo a bien un code forestier, depuis 2002, avec un certain nombre de règles de bonne conduite, mais le texte est incomplet et surtout l’Etat manque de capacités et de volonté politique pour le faire appliquer. La corruption reste un obstacle important pour réglementer le secteur. Les infractions ne sont que rarement détectées, si elles le sont les sanctions ne sont pas assez dissuasives. Et plus globalement, l’Etat manque de ressources financières et de capacités pour assurer le contrôle de l’exploitation.

A cela s’ajoute un moratoire qui depuis 2006 interdit l’attribution de nouveaux permis d’exploitation forestière. L’intention de départ est bonne : le moratoire veut obliger la RDC à avoir un cadre juridique clair avant qu’elle ne signe de nouveaux contrats. Mais dans l’immédiat, ce moratoire est contre-productif. Il renforce le trafic car sans possibilité d’obtenir un permis des entreprises se sont mises à exploiter sans. Résultat, avec ou sans groupes armés, il y a urgence à ce que l’Etat réglemente ce secteur. C’est un cercle vicieux difficile à rompre.

 

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