Le président américain Barack Obama est arrivé ce dimanche soir en Ethiopie pour un séjour de 48 heures. En s'arrêtant à Addis-Abeba, une première pour un président américain, Barack Obama récompense un allié crucial dans la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l'Afrique. Quitte à reléguer au second plan les violations des droits de l'homme dans le pays.
Barack Obama est à Addis Abeba pour deux jours. Ce lundi matin, il va s’entretenir avec le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, ainsi qu’avec le président Mulatu Teshome, au rôle cependant assez symbolique. Avec sa croissance économique impressionnante et sa population de plus de 90 millions d’habitant, l’Ethiopie est évidemment un marché attrayant. Mais c’est surtout de sécurité qu’il sera question.
Car le gros rendez-vous de la journée est plutôt, dans l’après-midi, une réunion sur la situation au Soudan du Sud et la lutte contre le terrorisme. Les islamistes shebabs viennent encore de prouver qu’ils pouvaient frapper et les réunions stériles se multiplient pour trouver une issue à la guerre civile ravageant le Soudan du Sud.
Ces deux situations sont les plus éloquentes, mais de manière générale, le nord-est de l’Afrique est une région toujours aussi violente, où les Etats-Unis ont finalement peu d’alliés fiables.Très impliquée militairement en Somalie au sein de la force de l’Union africaine, mais aussi en première ligne de la médiation sur le Soudan du Sud, l’Ethiopie est ainsi un partenaire privilégié et indispensable pour Washington.
Les droits de l'homme au second plan ?
Au-delà des réunions de travail prévues, la visite de Barack Obama peut ainsi être interprétée comme un geste de soutien au régime d’Addis Abeba. Un régime qui vient d’être conforté au pouvoir pour cinq années supplémentaires grâce à un raz-de-marée électoral : 100% des sièges de l’Assemblée nationale gagnés par la coalition au pouvoir. Un régime aussi, dont les méthodes sont souvent dénoncées par les organisations de défense des droits de l’homme.
Dans ces conditions, le président américain prendra-t-il le risque de froisser les autorités locales en réclamant un peu plus de démocratie et de respect de la liberté d’expression ? Il pourrait choisir de réserver ces remarques à une auditoire moins ciblé, lors de son discours devant l’Union africaine, mardi.
Ben Rhodes, adjoint de la conseillère du président à la Sécurité nationale, a surtout laissé entendre que lors de son allocution à l'UA, Barack Obama devraient principalement parler de coopération et de politique au sens large.
« Ce qui est important c'est que cela lui donnera une plateforme pour s'adresser à l'ensemble du continent. C'est la plus importante organisation au niveau de la coopération africaine. L'an passé nous avons organisé le tout premier sommet avec l'Afrique aux Etats-Unis, avec les présidents et les chefs de gouvernement de l'Union africaine, à part ceux avec qui nous avons des divergences importantes. Ils étaient invités par le président pour un sommet à Washington, et après ce sommet de Washington, notre déplacement au siège de l'UA indique que nous sommes en train d'élever notre coopération avec l'Union africaine et avec le continent. Et donc, lors de son discours, il évoquera de façon large ses politiques africaines, ce qu'il essaie d'accomplir, l'emprunte qu'il souhaite laisser en Afrique, et ce que les Etats-Unis et l'Union africaine doivent accomplir ensemble. »