De prime abord, la réduction des effectifs des casques bleus n’a pas soulevé des vagues dans l’opinion, du fait que l’attention de la classe sociopolitique est braquée sur l’ouverture de ce dialogue tant vanté et attendu par les uns et les autres. L’annonce faite par le Secrétaire général de l’ONU de réduire cette année ces effectifs de l’ordre de 1.700 hommes est passée presqu’inaperçue, alors que l’année qui démarre sous des chapeaux ardents s’annonce celle des tous les dangers, caractérisée par des incertitudes sur ledit dialogue et surtout le processus électoral.
La réduction des effectifs des casques bleus de la MONUSCO atteindra le chiffre des 3.700 hommes car déjà au mois de mars de l’année dernière, l’on avait procédé au retrait de 2.000 éléments sur un total de 20.000 hommes que comptait jusque-là cette force onusienne.
La paix volatile au Nord-Kivu
Aussi curieux et paradoxal que cela puisse paraître, c’est au moment où l’on annonce le retrait de 1.700 hommes de la MONUSCO que les territoires du Nord-Kivu et de l’Ituri s’enlisent dans une insécurité ambiante. Il ne se passe pas deux jours sans que les médias n’annoncent des tueries, des viols massifs et des déplacements forcés et répétitifs des populations de ces parties du territoire congolais. Des éléments rebelles de l’ADF-Nalu ougandais, des FDLR rwandais et des Maï-Maï locaux ainsi que des résidus de l’inoubliable M23 sèment régulièrement la terreur et la désolation parmi les paisibles populations non armées habitant ces contrées. Un véritable génocide qui ne dit pas encore son nom et qui se déroule sous les yeux et les oreilles des forces armées nationales sans que cette communauté internationale ne lève le moindre petit doigt.
Ces spectacles tragiques et macabres se déroulent régulièrement dans ces territoires du Nord-Kivu et de l’Ituri et ce, depuis 1994. Sous divers prétextes tout aussi fallacieux que mensongers pour satisfaire les appétits gloutons des régimes au pouvoir dans les deux Etats voisins de l’Est, à savoir l’Ouganda et le Rwanda.
Une politique de deux poids deux mesures en RDC
Pendant que l’ONU dégraisse ses effectifs, l’insécurité demeure constante dans cette partie du territoire national. Un paradoxe difficile à digérer tant par ces populations martyrisées que les observateurs attitrés de la scène sociopolitique africaine et mondiale.
Car, si au Moyen et Extrême Orient, les puissances occidentales s’efforcent de recourir aux technologies modernes pour venir à bout de l’Etat Islamique EI, allant jusqu’à envisager l’envoi des troupes au sol, il est paradoxal de les voir procéder à la réduction des effectifs des casques bleus là où se déroule un génocide qui a déjà fait plus de cinq millions des morts parmi les hommes et les femmes.
Quelle est la part du gouvernement congolais ?
Aide-toi et le ciel t’aidera, dit un adage. Au lieu de renforcer et de moderniser la puissance de feu des FARDC en hommes et en équipements ultramodernes, les autorités congolaises passent leur temps à se chamailler comme des vieilles ménagères. Comme le dit un adage latin : « si vis pacem, para bellum » autrement dit « si tu veux la paix, prépare la guerre ».
Faut-il ressusciter Mobutu ?
Dépassé par le danger de voir son régime chassé par des rebelles fortement appuyés par le MPLA d’Agostino Neto et face à l’incapacité de son armée de faire face, le maréchal Mobutu avait fini par installer son état-major près du front dans l’une des localités du Katanga pour diriger lui-même les opérations militaires. En outre, recourant à une diplomatie agressive, il va débarquer à l’Elysée où se tenait le sommet des chefs d’Etats et des gouvernements d’Afrique et de France portant une tenue militaire de combat pour mettre la France, et les autres Etats de la Francophonie devant leurs responsabilités face à cette menace communiste que représentait le régime d’Agostino Neto.
Il eut gain de cause car des troupes françaises furent parachutées sur Kolwezi et ses alentours pour mettre en déroute les éléments cubains et autres. D’autres renforts provinrent du Maroc pour participer à cette croisade militaire contre la menace communiste.
En attendant, cette question de la réduction des effectifs de la MONUSCO est interprétée des plusieurs manières. Selon Martin Köbler, l’ancien représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, ces opérations devraient s’effectuer de manière progressive en tenant compte de l’évolution de la situation sécuritaire sur terrain. En outre, se demande un autre observateur, qu’est-ce qui a fondamentalement changé sur le terrain pour justifier ce retrait des casques bleus? Peut-on rétablir la paix et stabiliser les territoires de l’Est avec des effectifs de moins de 20.000 hommes ? Au moment où le Burundi voisin se trouve dans une situation de guerre civile qui contraint chaque jour des milliers de ses citoyens en exil dans les territoires du Sud-Kivu, qui sortent à peine de ces longues rébellions de l’AFDL, du RCD et autres mouvements Maï-Maï locaux.
F.M.