La MP appelée à se pencher sur la présidentielle

Mardi 14 avril 2015 - 08:14

Le cas de la SWAPO en Namibie, de l’ANC en Afrique du Sud, du Chama Cha Mapinduzi en Tanzanie, le Frelimo au Mozambiquepourrait inspirer la « Kabilie » !

Le train des élections en RD Congo va bientôt quitter la gare. Après la publication le 12 février dernier du calendrier global des opérations électorales en RD Congo, le processus franchira une autre étape importante. Il s’agit du dépôt, du 15 avril courant au 9 juin prochain, des candidatures pour les provinciales. L’élection au suffrage universel direct de ces électeurs des sénateurs étant prévue pour le mois d’octobre prochain. Cette première séquence, une fois passée, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) devra placer le curseur sur les élections communales et locales. A en croire les prévisions calendaires de la Ceni, rendues publiques le 12 février. Pour ce faire, les intéressés devront apprêter leurs candidatures à partir du 26 mai 2015 jusqu’au 28 juillet de la même année.

Cependant, à Kinshasa, la température au sein des partis politiques semble être constante. On ne sent pas du tout l’effervescence habituelle qui caractérise les partis politiques pendant cette période. Y compris dans le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), fils ainé de la coalition au pouvoir. Stratégie politique ? Désintéressement ? Manque de moyens ? Difficulté dans le choix des candidats ? Autant de questions.
Si tous les moyens financiers et matériels sont réunis, la Ceni pourrait par la suite organiser la suite des élections en 2006 : les législatives. Mais surtout, la reine des élections : la présidentielle. Toutes proportions gardées, c’est donc le vote du successeur du président actuel, Joseph Kabila, qui semble focaliser l’attention aussi bien en interne qu’en externe. Les autres élections, telles que les communales et les locales jugées d’importance secondaire, pourraient attendre. Parce que le schéma de l’alternance politique parait jusqu’ici irréversible, une question essentielle taraude cependant l’esprit de plus d’un analyste politique : « Comment la Majorité présidentielle (MP) au pouvoir depuis 2006, entend-elle préparer cette succession ? »Question essentielle, mais sans aucune réponse pour l’instant.
Constitutionnellement parlant, le Président Joseph Kabila ne doit plus se présenter pour un troisième mandat. Mais cette disposition de la mère des lois n’interdit pas à la Majorité présidentielle de présenter son candidat à la future présidentielle en 2016. En d’autres termes, la Majorité présidentielle en tant que famille politique, peut encore rempiler.
En tant que coalition politique, nul spécialiste ne saurait lui dénier l’ambition légitime de conquérir le pouvoir et de le conserver le plus longtemps possible. Et, pour y parvenir, la « Kabilie » est invitée à faire bloc. Unie, la MP pourrait toujours donner des leçons au monde. Hélas. Les échos des différentes rencontres de Kingakati semblent ne pas être favorables. En tout cas jusqu’ici, on ignore encore tout sur le candidat MP. Le mystère demeure entier. Le sujet est à la limite un tabou.

LES EXPERIENCES D’AILLEURS
La Majorité présidentielle au pouvoir en RD Congo n’est pas un premier cas de figure qui présente son candidat pour conszerver le pouvoir. Plusieurs cas de figure autour de nous peuvent toujours servir de modèle. Il s’agit, entre autres, de la South-West African People’s Organisation (SWAPO) en Namibie. Parti dominant depuis l’indépendance du pays, la Swapo a donné les leçons d’un parti organisé et structuré qui n’a jamais accordé la moindre chance à l’opposition.
Une autre leçon historique est celle que nous donne le Chama cha Mapinduzi en Tanzanie. Créée le 5 février 1977, sous l’impulsion de Julius Nyerere, le CCM est au pouvoir en Tanzanie depuis l’indépendance du pays en 1962. Que dire de l’historique ANC au pouvoir en Afrique du Sud depuis 1994 ? En tout cas, ce sont pas des exemples qui manquent pour inspirer la famille politique du Président Kabila. A la seule différence qu’au sein de ces partis, le candidat à la présidentielle est désigné et connu à l’avance. Ce qui est loin d’être le cas pour la MP où l’on tergiverse encore. Ces atermoiements sont ils une illustration irréfutable qu’après autant d’années au pouvoir au sommet de l’Etat en RD Congo, la majorité présidentielle, avec en tête le PPRD, ne s’est jamais traduite en véritable machine politique. La preuve, Joseph Kabila s’est toujours présenté en candidat indépendant, que ce soit en 2006 qu’en 2011. La réalité actuelle au sein de la Majorité présidentielle apporte du crédit à l’hypothèse de ceux qui soutiennent que « si elle était une famille politique organisée et bien structurée, la MP aurait déjà désigné son candidat à la présidentielle 2016 ». Hélas. Il est constaté que par rapport à 2016, ça crie à hue et à dia parce que la gestion de ces échéances pose problème. Ce qui ne devrait pas être le cas dans la mesure où la solution devrait être trouvée au sein même de la « Kabilie ». Peut-être que d’ici à un avenir très proche, la MP trouvera des réponses par rapport à 2016, d’autant plus que la possibilité de modifier la Constitution s’avère totalement écartée. Laurel KANKOLE