Considéré partout ailleurs à travers le monde comme un service stratégique d’intérêt public, générateur d’énormes recettes et au centre de toute la vie économique pour ses prévisions en matière météorologique très précises, l’agence météorologique congolaise, la Mettelsat, est aujourd’hui l’ombre d’elle-même.
Indifférent ou par ignorance de son importance au service de la communauté nationale et internationale, l’Etat propriétaire semble avoir décidé de sa disparition. Il suffit à toute personne de bonne volonté de descendre dans ses installations de Binza, pour se rendre compte que rien ne va.
Déjà fichée maintes fois et dans le collimateur de plusieurs instances internationales pour diverses raisons, la RDC court le risque de voir son image ternie par négligence ou par ignorance, affirme une source qui s’est confiée au journal Le Phare, de voir un jour l’espace aérien congolais être interdit de survol international. Notamment par les compagnies aériennes étrangères qui desservent Kinshasa et d’autres provinces du pays, pour non-conformité aux normes et non respect de plusieurs paramètres de vol dont la météo est la donne essentielle. Ce qui va entraîner des manques à gagner considérables pour le pays, quand on sait que les grandes compagnies étrangères survolent l’espace aérien congolais, en reliant Kinshasa aux capitales africaines et occidentales ou en traversant notre territoire. Le risque est bel et bien réel, malgré plusieurs tentatives de lobbying et des ateliers organisés à Kinshasa, au Salon rouge du ministère des Affaires étrangères en faveur des décideurs dont les députés et sénateurs. Ces réunions avaient pour objectif de leur faire comprendre l’importance de maintenir ce service en état de marche. Car, jadis logé dans la forêt de Binza, le terrain de ce service a totalement été phagocyté par des châteaux et autres immeubles imposants, qui y ont poussé comme des champignons. On laisse entendre que ces bâtisses, appartiendraient presque dans leur totalité aux grosses légumes. De l’extérieur, on est frappé d’emblée par cet imposant bâtiment datant de l’époque coloniale et qu’aucune nouvelle couche de peinture n’est venue rafraichir les murs longtemps jaunis. Preuve que cet établissement vit de moments sombres de son existence.
Ainsi, le chapelet des difficultés qui empêchent cet important service de l’Etat de remplir correctement sa mission est aussi long que le bras : personnel vieillissant, travailleurs non recyclés aux nouvelles technologies, équipement vétuste et dépassé, manque de moyens financiers, une école de formation de niveau moyen.... etc.
Considéré à tort par l’opinion comme un canard boiteux et dépourvu d’importance, il nous a été donné d’apprendre avec étonnement de la part de notre interlocuteur que, comme établissement public, en dehors des subventions lui allouées en termes de l’enveloppe salariale, l’Etat a également doté la Mettelsat de ressources capables de produire de l’argent. Notamment, la quotepart qui lui revient de droit dans les taxes et redevances payées par tous les aéronefs qui survolent l’espace aérien congolais, appelée « redevance commune ». Recouverte par la Régie des Voies Aériennes, cette redevance devrait ensuite être rétrocédée aux trois entités que sont la RVA, I’AAC et la Mettelsat qui, toutes, interviennent dans le secteur de l’aviation civile. Paradoxe saisissant, la répartition de cette manne financière est entourée d’une opacité telle que la Mettelsat ne voit que du feu. Sans aucune explication, toutes les correspondances échangées entre tous les intervenants du secteur, sont demeurées lettre morte. Des questions se posent. Pourquoi la part de la Mettelsat n’a jamais fait l’objet de rétrocession ? Pourtant, tous les textes réglementaires en la matière de l’aviation civile reconnaissent ce droit, au service de la Mettelsat.
Dépassé, l’interlocuteur du Phare a l’impression qu’en l’absence d’une réaction de l’Etat propriétaire pour tirer les choses au clair, rien ne pourra évoluer. Et la Rva pourra continuer à se substituer à d’autres services, en exerçant des attributions qui ne sont pas celles lui reconnues, entre autres produire des bulletins météorologiques.
Par conséquent, sans moyens, la météo étant devenue de nos jours une science très complexe et toujours en évolution, la Mettelsat ne peut ni former régulièrement son personnel actuel à travers les stages à l’étranger, encore moins recruter un nouveau personnel dans un service dépourvu d’attraits, afin de prétendre être un service performant comme sont les mêmes services ailleurs. Quant à la formation universitaire, un sérieux déficit se pose parmi le personnel enseignant à l’lsta. Pour la plupart de niveau G3, ils assument tant bien que mal et à leur corps défendant, les cours dans ce département. Bien que demandeur de services de jeunes sortis de cette filière dont les enseignants auraient dû bénéficier d’une bourse pour parfaire leur formation post universitaire, notre interlocuteur note que la Mettelsat se sent complètement dépourvue, raison pour laquelle un plaidoyer a été fait pour que son personnel soit vite envoyé en formation post universitaire pour espérer pérenniser le service météo. A défaut, il faut recruter des jeunes ayant fait d’autres sciences exactes et organiser une formation spécialisée avec des stages à l’étranger.
VAN