La corruption au Congo: trois questions à un chercheur congolais

Jeudi 26 février 2015 - 09:49

Après les remous occasionnés par l'"affaire Kubla", et les déclarations de son avocat affirmant qu'il était impossible de "faire des affaires au Congo d'une autre manière", nous nous sommes demandé s'il était encore possible de réaliser des investissements dans ce pays, sans être nécessairement corrompu. Nous avons posé la question à Jean Omasombo, chercheur au Musée royal de l’Afrique centrale, et professeur à l’université de Kinshasa.
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Comment parler de la corruption en vigueur au Congo, sans tomber dans le "tous-pourris"?

Je me souviens de ce que disait Mobutu, dans les années 80, au moment des frictions entre la Belgique et le Congo. "Pourquoi, vous, les Belges, venez-vous avec des leçons de morale?", disait Mobutu. "Qui m’a appris la corruption, c’est vous, les Belges !" Tout est dit. Depuis lors, à chaque renouvellement au pouvoir, on espère du changement. Car, entre le régime de Kabila père et fils et la régime de Mobutu, dans le fond, il n’y a pas de différence.

Y a-t-il des secteurs qui résistent aux pots-de-vin ?

Difficile de les trouver. Dans la mesure où les techniques de corruption sont élevées au rang de système. C’est tout de même un comble quand Joseph Kabila affirmait très sérieusement il y a deux ans qu’il n’arrivait pas à trouver une équipe de quinze personnes pour gérer le pays... Au Congo, les appétits dominent et triomphent. Si bien que la corruption visible et invisible est présente à tous les étages. En particulier parmi les acteurs du monde de l’entreprise. Le réseau d’affaires est le lieu où Congolais et étrangers s’entendent le mieux au monde.

Petite corruption deviendra grande ?

En fait, les journaux congolais titrent sur la corruption pratiquement depuis le début de l’Indépendance du pays. Mais à l’époque de Mobutu, ils étaient sans doute, moins visibles. Il y avait moins de réseaux. Aujourd’hui, les acteurs de la corruption sont beaucoup plus nombreux. Il est déjà très malheureux qu’un fils du pays accepte qu’un étranger vienne piller son pays. C’est comme si certains Congolais acceptaient à présent qu’on vienne détruire leur propre maison.

Voire le Journal RTBF

 

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