Kinshasa paralysée à 80% et suivi mitigé de l’appel dans certaines provinces – « Ville morte » : pari gagné

Mercredi 17 février 2016 - 10:19
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Le contre-pied du mot d’ordre n’a pas atteint l’effet recherché.

En souvenir de la répression sanglante de la marche des chrétiens, qui réclamaient pacifiquement la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine, le 16 février 1992, les forces politiques et sociales du pays acquises au changement ont appelé hier mardi l’ensemble du peuple congolais à observer une journée « ville morte » ou « campagne morte », c’est selon ! Parti des Etats-Majors desdites forces à Kinshasa, le mot d’ordre donné à ce sujet a été répercuté de bouche à oreille, jusqu’à atteindre les fins fonds du territoire national en moins d’une semaine.

 

Prenant le contre-pied de ce mot d’ordre, la puissante machine de propagande du pouvoir s’est mise aussitôt en marche, qui pour intimider la population qui serait tentée de suivre celui-ci, qui pour encourager cette même population à vaquer à ses occupations habituelles à la date indiquée ! Habituée à minimiser la capacité de mobilisation des forces politiques et sociales acquises au changement, la Majorité au pouvoir n’avait cessé de déclarer que l’appel à la «ville morte » ainsi lancé n’aura été qu’un coup d’épée dans l’eau, car le PPRD et ses alliés sont et demeurent dans le cœur des Congolais sur toute l’étendue de la République, à commencer par la ville de Kinshasa, où Joseph Kabila serait toujours désiré par ses concitoyens!

 

Des échos en provenance de l’arrière-pays indiquent que la vie était là aussi paralysée en commençant par les écoles comme à Kinshasa où les bleus et blancs n’ont pas fait le déplacement de leurs écolos respectives. Il en a été de toutes les écoles consulaires disséminées sur le territoire national. La presse internationale a évalué à 80% le suivi du mot d’ordre lancé par les Olenghankoy, Martin Fayulu et les autres acteurs politiques et sociaux. Le suivi à l’appel de la ville morte a perturbé l’accueil des Léopards à Goma, première étape de la tournée du onze national dans l’arrière-pays.

 

Magasins, banques, alimentations … fermées !

Erreur n’est pas compte, car les endroits-étalons de cette ville-capitale viennent de démontrer le contraire, contrairement donc aux prétentions de la Majorité au pouvoir, qui fait beaucoup de bruits dans les Etats tyranniques du monde autour de sa popularité et de la qualité de son travail de fidélisation du peuple à la base, la journée « villes mortes » « campagnes mortes» a été une réussite!

 

En effet, l’épine dorsale de la ville de Kinshasa, qui part du terminus Binza/UPN à la gare centrale, a fait le bonheur des bambins des quartiers environnants, qui l’ont vite transformée hier en terrain de football, faute de trafic.

 

Que dire du terminus communément appelé «DGC», à Binza/Ozone, du terminus Kintambo/Magasins, de l’Arrêt Batetela, de la place dite Royal, du terminus Rond-point Mandela, des arrêts Regideso, Sabena qui ont été libérés comme par enchantement de leurs bouchons mortels habituels (au nom sacré de la «révolution de la modernité »), faute de demandeurs de moyens de transport en commun?

 

Il y a lieu d’insister sur le fait que les demandeurs de moyens de transport étaient plutôt rares hier à Kinshasa, car l’immense majorité des Kinois est restée à la maison pour méditer ! Ce à quoi pourrait réagir la majorité présidentielle en indiquant que l’administration de l’Etat a fonctionné ! Non dira l’homme de la rue, car les agents de la Fonction publique aperçus hier à leurs bureaux respectifs étaient venus juste pour se faire inscrire sur les listes de présence (et sur menaces de révocation) pour prendre la poudre d’escampette aussitôt!

 

La Majorité présidentielle pourrait aussi être tentée de convaincre certains en indiquant que les ministères ont fonctionné hier en plein régime alors que leurs personnels sont généralement en situation de chômage déguisé, faute de travail !

 

S’il y avait élection présidentielle hier …

 

Un peu, comme pour sauver la face, la Majorité présidentielle aurait instruit les hommes d’affaires étrangers de Kinshasa d’ouvrir leurs commerces, mais ces derniers ont répondu par un non catégorique, arguant que leur personnel, composé dans sa majorité de Congolais, a refusé de se présenter à son lieu de travail pour répondre au mot d’ordre donné par les leaders politiques et sociaux ayant appelé la population à rester à la maison ! C’est ainsi que beaucoup de banques de Kinshasa, les alimentations et autres grands commerce sont restés fermés jusqu’à la tombée de la nuit!

 

Mais alors que la planche de salut qui restait pour ravitailler la population en produits de première nécessité ne pouvait être que le grand marché et les petits marchés de la périphérie, là aussi le vide en présence humaine a été fortement ressenti !

 

Les photos prises par les services spéciaux de notre organe de presse indiquent que la journée « villes mortes, campagnes mortes » a été vécue de la même manière par la population à travers les 24 communes de la capitale, qui ne font plus mystère de leur adhésion totale au mouvement qui prône l’alternance à la tête du pays. Et parce que nous faisons” allusions ici à l’alternance aux commandes de l’Etat (de la tête au sommet), qu’il nous soit permis de poser la question ci-après : si les élections législative et présidentielle avaient eu lieu mardi dernier, quel pouvait être le sort de candidats de la Majorité présidentielle aujourd’hui ? Aux concernés de répondre !

 

La réussite indiscutable de la journée « villes mortes », «campagnes mortes » hier mardi est une indication sur la place des forces de changement dans le paysage politique du pays, la Majorité présidentielle a tort de ne pas prendre celle-ci en considération et de ne pas respecter ses représentants. La communauté internationale, qui est largement représentée en RDC, est invitée à prendre acte du succès de ladite journée et à en faire un élément objectif de référence dans ses analyses en rapport avec la situation politique de ce pays !

 

Par KAMBALE MUTOGHERWA

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