JULIANA LUMUMBA : " IL N’Y A JAMAIS UN DIALOGUE DE TROP "

Jeudi 2 juillet 2015 - 03:26

La fille de l’ancien Premier ministre estime qu’après 55 ans d’indépendance, il est temps de mettre la RDC sur la route de l’espérance.
Fille du Premier ministre, Patrice Emery Lumumba, Juliana Lumumba n’est plus à présenter. Sous le régime M’Zee Laurent Désiré Kabila, elle sert le pays comme Vice-ministre à l’Information et la Culture en juin 1997 et quelques mois après, elle devient ministre de la Culture et des Arts. Fonction qu’elle occupera jusqu’en 2001. Depuis, d’aucuns la croyaient inactive politiquement. Il n’en est rien. Elle a opté pour une stratégie qui lui permette de mieux comprendre la pensée de Patrice-Emery Lumumba qui est son fondement philosophique. La ministre honoraire évolue actuellement comme secrétaire générale d’une structure régionale basée au Caire, en Egypte. Dans une interview exclusive accordée à Forum Des As, elle se félicite de l’évolution positive de la promotion de la femme, même si elle reconnaît que la congolaise a encore un long chemin à parcourir . Son leitmotiv : plus de viol, plus d’inégalité…. Concernant le dialogue politique à venir, elle souligne sans ambages qu’ " il n y a jamais un dialogue de trop". Entretien.

Quelle lecture faites-vous de 55 ans d’âge de l’indépendance de la RDC ? 55 ans d’indépendance, c’est l’âge de la maturité. Il est donc le temps de mettre notre pays sur la route de l’espérance par la qualité de nos idées, l’intelligence de nos projets et de la fermeté de nos engagements. C’est ce à quoi je m’emploie.

Sur le plan politique, vous semblez avoir disparu de la circulation. Dans quel parti politique oeuvre aujourd’hui Juliana Lumumba ?
J’ai choisi la liberté de penser pour bien interroger ma capacité à mieux servir ma patrie. Cette expérience me permet de bien assimiler les idées de Patrice Lumumba qui est le fondement de mon idéal politique : la grandeur du Congo, l’économie axée sur le mieux-être collectif en faisant participer tous les Congolais à la production, à la distribution et à la jouissance de toutes les richesses de notre pays. Une pensée congolaise fondée sur l’impératif d’une communauté de destin pour tous les Congolais au- delà des identités ethniques. Ce sont là de manière ramassée les quelques idées que j’entends pérenniser.

Le Président Joseph Kabila a organisé, il y a peu, des consultations en prévision du dialogue politique national. Faut-il vraiment un énième forum national après les Concertations nationales de 2013 ?
Il n’y a jamais un dialogue de trop. Toute vie nationale civilisée est fondée sur le dialogue. Le pays a besoin d’un compromis politique pour que le processus électoral soit apaisé. Il faut peut-être qu’on se rappelle que l’élection n’est pas une finalité démocratique en soi, mais plutôt un levier de la démocratie pour parvenir au développement.

On n’entend plus parler de vous depuis vos dernières fonctions de ministre de Culture et Arts sous le régime Laurent Désiré Kabila. Qu’êtes-vous devenue depuis ?
Depuis 2007, je suis Secrétaire Générale de l’Union Africaine des Chambres de Commerce, d’Agriculture, d’Industrie et des Métiers (UACCIAP), une organisation régionale dont le siège est au Caire, en Egypte. J’ai été sélectionnée à l’issue d’un concours qui avait réuni 35 candidats de différents pays d’Afrique.
En quelques mots, c’est une organisation de 42 Chambres de commerce africaines qui a pour mission de promouvoir le commerce et l’investissement intra-africain, d’accroître l’intégration économique africaine à travers l’harmonisation des lois, des règlements et des standards à tous les niveaux ainsi que l’accroissement des flux de capitaux.

Quelle est, selon vous, l’évolution de la femme congolaise en politique depuis l’époque de M’Zee Kabila jusqu’à ce jour ?
Il y a des mots qui jettent l’opprobre sur notre société que je voudrais voir disparaître : le viol, l’inégalité des chances de l’accès à l’éducation. Néanmoins, notre société est à féliciter pour la promotion de la femme dans tous les domaines, à des postes significatifs, au sommet de l’Etat, au niveau des Assemblées nationales, dans l’armée, la police, dans l’entreprenariat même là où on ne pouvait l’imaginer notamment dans la construction immobilière. La lutte pour la promotion de la femme devient de plus en plus structurée mais le combat continue, car les résultats ne sont pas encore satisfaisants. Propos recueillis par Dina BUHAKE