"Joseph Kabila doit passer le flambeau"dixit Alain Daniel Shekomba président du Mouvementcitoyen Mission Nouvelle.

Samedi 27 août 2016 - 17:11
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  La crise politiqueactuelle en RDC interpelle tous les Congolais.  Ceux dela Diaspora ne sont pas en reste. Un d'entre-eux, Alain Daniel Shekomba s'est confié le samedi 27 août à la rédaction de 7SUR7.CD. Diplômé de l'université de Kinshasa en 2000 en Physique, Shekomba fut président des étudiants de cette université. Contrairement à la majorité des présidents des étudiants des établissements d'enseignement supérieur et universitaire qui ont fait allégeance au pouvoir, lui était libre. Il étaitatypique car il se promenait déjà avec une pancarte où il était écrit " je suis vaccinécontre la dictature. Je suis Montesquieu". Une façon pour lui de s'opposer aux CPP de Mzee Kabila ( Comités du pouvoir populaire).Même à l'étrangeroù il vit actuellement (Canada), il continue son combat pour la démocratie en RDC via Mission Nouvelle,  la structure qu'il dirige. Pour connaître davantage cet homme, ses idées et sa structure ainsi que ce qu'il pense de la crise actuelle,  lisez cet entretien qu'il nous a accordé.
  1. Qui est Alain Daniel Shekomba?
Je me nomme Alain Daniel Shekomba, né en RD Congo, d’un père et d’une mère congolais, avant l’opération « Zaïrianisation ». J’ai fait toutes mes études en RD Congo et je suis détenteur d’une maitrise en physique des matériaux avec la mention grande distinction, à la Faculté des Sciences de l’Université de Kinshasa. J’ai également complété ma formation universitaire sous forme de stages de perfectionnement et séminaires internationaux à l’étranger. Je suis aussi l’ancien président des étudiants de l’Université de Kinshasa de l’année académique 1999-2000 et j’ai eu la chance ou la malchance de n’ai jamais touché à un seul billet du franc congolais ou de dollar américain du pouvoir de l’époque animé par de nouvelles velléités expansionnistes sur tous les campus des universités et instituts supérieurs où s’étendait  un élan dictatorial au moyen des Comités du pouvoir populaire (CPP) institués par le défunt président Laurent-Désiré Kabila. Je portais, en effet, la pancarte : «  Je suis vacciné contre la dictature. Je suis Montesquieu! ». Voilà le ton particulier que je donne jusqu’à ce jour à mon engagement pour la cause juste et pour un leadership imperturbable qui honore durablement et particulièrement la jeunesse congolaise, africaine, américaine et européenne.  
  1. Que pensez-vous de la résolution 2277 qui encourage le respect de la constitution et la ténue du dialogue. Deux objectifs apparemment contradictoires.
Je ne pense pas que la tenue du dialogue et le respect de la constitution soient des options diamétralement opposées ou contradictoires. Les deux termes visent à la fois le règlement de la crise politique, le bon fonctionnement et la garantie de la continuité des affaires de l’Etat. Il se dégage donc une complémentarité entre la résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations Unies et l’exigence du respect des dispositions constitutionnelles. Je ne cesserai de répéter : « Je crois dur comme fer à la nécessité du dialogue sociopolitique au stade actuel. Un dialogue convoqué, organisé et accompagné par la communauté internationale. C’est clair comme l’eau de la source. Cependant, je voudrais inviter Monsieur EdemKodjo et les autres délégués de la communauté internationale à s’interdire de cautionner la création de nouveaux « copropriétaires du Congo » s’attribuant des droits exclusifs d’exercice du pouvoir d’État à vie, après un constat amer de développement et multiplication des castes et conglomérats d’aventuriers qui président les partis politiques. En collaboration avec des experts congolais, la médiation internationale devra élaborer un critérium qui définisse le profil du participant au dialogue socio-politique auquel seront soumises les parties prenantes à cette rencontre. Par ailleurs, les Nations-Unies doivent aussi faciliter la participation en toute liberté et sécurité de tous les réfugiés politiques qui seront invités au dialogue, en RD Congo ou dans un autre pays étranger. De toutes les façons, le dialogue devra préserver les marques et acquis de la démocratie au pays et combattre efficacement l’impunité à tous les niveaux ».  
  1. 3. Où votre parti se situe sur l'échiquier politique national?
Nous ne sommes pas un parti politique. Nous constituons un mouvement socio-politique dénommé « Mission Nouvelle » qui a vu sa naissance autour des années 1999-2000 à l’Université de Kinshasa Notre mouvement se veut pluriel et fédérateur. Comme l’indique notre manifeste, Il se fixe un modeste objectif, celui de poser les préalables au succès de la prochaine révolution sociopolitique en RD Congo. Il est précisément question de  réveiller les valeurs et qualités absorbées par les exigences d'une succession des systèmes politiques aux contours démocratiques et républicains flous, afin de réussir une révolution véritablement républicaine au pays. Grâce aux attitudes néo-missionnaires, la RD Congo sera, en effet, une citadelle des bâtisseurs et de l'harmonie. C’est  la raison pour laquelle nous lançons un vibrant appel pour la libération d’une démocratie longtemps confisquée et embrouillée, d'en haut, par une certaine élite et les politiques, et caricaturée quotidiennement, d'en bas, par une population en quête perpétuelle de son salut, d'un système politique sûr garantissant une prospérité et un bien-être durable à partager constamment avec les autres peuples de la planète. Après deux révolutions manquées/inachevées par le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), créé en 1967 à la suite du coup d’État militaire de Mobutu le 24 novembre 1965, et l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), mettant en déroute le système mobutiste le 17 mai 1997, une troisième révolution plus républicaine qu’une caste des privilégiés de la république, un conglomérat d’aventuriers ou une dynastie s’annonce à l’horizon…Une révolution  mentale et  politique qui obtiendra tranquillement le désarmement un à un des milices, des forces négatives ou des révoltés de l’injustice et des tortures sociales de l’État, afin de les entraîner vers un nouveau pacte social plus sécurisant à tous et une renaissance géopolitique et géostratégique de la République démocratique du Congo.Avec de lourdes pertes en vie humaine depuis des années parmi les populations, la violence armée se révèle actuellement une option de triomphe politique en voie de caducité en RD Congo et n'offre pas les chances d'un exercice du pouvoir aisé, large, stable, fructueuse et durable.  Seule une révolution démocratique, républicaine, mentale et tranquille peut tirer tout le monde au pays de la spirale des péchés liés à la gestion des biens du pays, à la préservation des valeurs et à l'ouverture avertie au reste du monde:  sauver, et ceux qui sont au pouvoir, et ceux qui sont dans l'opposition institutionnelle ou non institutionnelle, et le peuple congolais.  
  1. Que pensez-vous du bilan du président Kabila?
Un bilan mitigé. Certes, il a fourni le maximum de ses efforts pour la recherche de la paix, de la stabilité, de la réunification, de la reconstruction et du développement socioéconomique du pays. Cependant, la situation générale du pays place la RDC au plus bas de l’échelle du développement humain ces dernières années. C’est donc normal que Joseph Kabila passe, dans quelques mois, le flambeau à un autre congolais pour un nouveau leadership au sommet de l’État.    
  1. Que faut-il faire pour éviter le chaos en RDC?
L’application de l’éthique comme facteur cardinal de la vie en communauté, le rétablissement de la justice et l’organisation de la cérémonie de purification et de repentance nationale. Ce que je souligne à travers le petit livre du citoyen « Un Rêve Arc-en-ciel pour Notre République » que je vais bientôt publier. Triste constat : « l’école et l’église, dans toutes ses tendances, sont infiltrées par de malhonnêtes personnes, de réels escrocs, des personnes sans scrupules. Les mentalités dominantes au pays enfreignent  considérablement les règles éthiques. La crise de leadership parental, quant à elle, s’amplifie dans beaucoup de familles faisant perdre à celle-ci tout son mythe d’antan.  Pour preuve, un étonnant paradoxe : interdits strictement à l’écolier et encouragés publiquement aux jeunes par leurs parents dans les milieux du travail, la corruption et le détournement des deniers publics, transformés en valeurs et qualités du dirigeant congolais, ont atteint un degré effroyable. Quoi de plus honteux qu’un adolescent de 9 ans sache que ses parents, rémunérés en très bas salaires,  ont mis leurs mains dans la caisse de l’État pour célébrer avec pompe son anniversaire…Franchement, pour la nouvelle RD Congo sans impunité à laquelle nous aspirons, il faudra préalablement l’organisation d’une cérémonie de purification et de repentance nationale au cours de laquelle, drapelet du pays à la main, tous les Congolaises et Congolais, tous les âges et couches sociales confondues, devra, à l’unisson, devant Dieu et le monde, (1) se reconnaître auteur direct ou indirect, complice ou bénéficiaire direct ou indirect de ces pratiques immorales et (2) prêter le serment de fidélité à la nation, d’obéissance aux lois de la république et aux règles éthiques, afin de n’entreprendre, au pays comme à l’étranger, aucune activité contraire à l’honneur, à la dignité, aux besoins de la paix sociale, du développement et de la prospérité collective. »
  1. Les consultations politiques de Sassou, qui n'est pas un modèle de démocratie et qui avait expulsé massivement nos compatriotes, vous inspire quoi?
Je vous réponds par une parabole : une chèvre peut sentir mauvais et être dangereuse pour nos feuilles de manioc ou nos jardins. L’essentiel, c’est qu’elle nous fournisse en retour, de son vivant, du fumier, par ses déchets,et du lait puis, à son décès, de la viande fraîche. Même un pire personnage peut, par un geste banal et à un moment inattendu, aider la RD Congo à aller de l’avant!
  1. Quelles sont vos idées pour faire avancer la cause de la Diaspora?
Estimée à plus de 6 millions de congolais et génératrice des ressources diverses pour l’amélioration des conditions de vie et le bien-être des dizaines de millions de personnes, la diaspora congolaise est un ensemble déterminant pour le présent et l’avenir de la RD Congo. Personnellement, j’ai mis au point un nouveau système de transfert d’argent dématérialisé, afin de contribuer véritablement au développement intégral et durable : « NYONSO YA YO » est un concept innovant qui permet aux pourvoyeurs de s’assurer de l’utilisation complète des fonds par le bénéficiaire pour le motif avancé au moment de la demande. Généralement, une fois que l’argent est transféré, il est utilisé pour des rubriques autres que pour le besoin évoqué au moment de la demande. Les choses devraient changer pour que l’aide devienne plus efficace et plus significative qu’elle ait été les années passées.
  1. Quelles actions vous compter mener et à quelles fins pour changer le paysage politique de la RDC?
Nous avons arrêté des stratégies innovantes que nous ne pouvons pas toutes étaler sur la place publique. Nous luttons pour le bien de tout le monde, mais ce n’est pas tous les Congolais qui voudront que nous réussissions. Croyez-moi, le changement que nous obtiendrons un jour en RDC, avec « Mission Nouvelle » sera peut-être plus bénéfique et plus nourricier à certaines personnes qui nous combattent ou qui vont nous combattre farouchement. Ironie du sort!  
  1. De toutes les plateformes créées en RDC, de laquelle êtes-vous proche?
Toutes les plateformes sont essentielles et ont leurs raisons d’exister. En tant que mouvement sociopolitique, nous sommes proches de toutes et sommes disposés à collaborer avec toutes celles qui œuvrent véritablement pour la démocratie, l’éthique et la bonne gouvernance.
  1. Lucha et Filimbi, mouvements d'éveil citoyen ou mouvements subversifs?
Je perdrais la tête en qualifiant Lucha et Filimbi de mouvements subversifs. Lucha et Filimbi sont bel et bien des mouvements d’éducation à la citoyenneté, non-partisans et non-violents. Je salue, en passant, la libération récente des prisonniers d’opinion dont le blogueur Fred Bauma, un des principaux animateurs de la "Lutte pour le changement" (Lucha) et Yves Makwambala, le webmaster et graphiste de Filimbi
  1. Les sanctions américaines et celles brandies par les parlementaires belges, ingérence ou pressions légitimes contre le régime de Kinshasa?
Conscients de leur incapacité d’engendre en permanence un cadre de vie sécuritaire et propice à la vie, la plupart des dirigeants congolais s’offrent facilement et plus librement des orgies à l’étranger où il leur est aussi garanti des soins médicaux de qualité aux frais des contribuables, malheureusement. Que les États-Unis et l’Union européenne bloquent leurs avoirs ou leur privent l’accès aux pays de leurs prédilections, je crois que des telles mesures peuvent contribuer tant soit peu à la révision à la baisse des attitudes antidémocratiques de la part des détenteurs du pouvoir d’État. Du moment où c’est les cortèges de malheurs qui traversent plus les frontières nationales pour d’autres pays et continents que le bonheur des faux-bourgeois qui dégagent excessivement l’odeur de la pauvreté et de la misère au pays, je pense que les autorités des pays d’accueil des congolais insécurisés et paupérisés ont tacitement un mot à dire sur les affaires de la RD Congo. Cela est même conforme aux principes d’ingérence en droit international humanitaire. Aujourd’hui plus que jamais, le monde fonctionne selon le principe des vases communicants.
  1. Les ordonnances présidentielles portant mesure de grâce, ont-elles réellement décrispé la tension politique?
Je ne pense pas que toute la population et la classe politique soient totalement satisfaites des effets de ces ordonnances présidentielles. Mais, c’est un début de la décrispation. Je suis personnellement convaincu que les  choses iront plus vite dans les semaines à venir. Propos recueillis par IsraëlMutala