Décidément, l’ancien SG de l’UDPS Jaquemin Shabani est sorti de son silence. Il a au cours d’une interview accordée à C-NEWS, passer en revue la situation politique de l’heure. Notamment, l’affaire fosse commune de Maluku et la vie politique de l’UDPS. A la question de savoir sa réaction sur la découverte d’un charnier avec 421 cadavres enterrés, Shabani réagit : «Je crois que la question de ce charnier découvert de façon rocambolesque doit tous nous interpeller. C’est une question de justice et des droits humains. J’ai eu à suivre les déclarations de différents responsables, ministre de l’intérieur, hôtel de ville, je crois qu’ils n’ont aucune considération pour la vie humaine. Justice s’impose».
Souscrivez-vous à une enquête?
La problématique qui se pose ici, c’est de savoir pourquoi une fosse commune. Une fosse commune ça veut dire quoi? Je crois que c’est un trou qu’on creuse dans lequel on déverse de la façon la plus anonyme un certain nombre de personnes. Est-ce que le gouvernement ne pouvait pas prévoir des espaces pour chacun d’entre eux, conformément à la législation congolaise en la matière? C’est-à-dire, l’établissement pour chacun d’eux d’un certificat de décès et d’inhumation puis un tombeau.
D’où votre insistance pour une enquête?
Oui, une enquête indépendante et impartiale, vue l’implication des différentes autorités qui semblent être solidaires dans ce dossier.
Mais ces autorités ont déjà initié une enquête via le Parquet Général de la République?
Le pouvoir judiciaire congolais n’a pas suffisamment d’indépendance, mais aussi de moyens pour instruire ce dossier.
Les implications et ramifications semblent atteindre la sphère du pouvoir politique. Souvenons-nous qu’au mois de janvier 2015 des nôtres sont tombés et à ce jour on ne sait où ils ont été enterré ! La communauté internationale peut mettre à notre disposition non seulement des moyens mais aussi des experts pour ce faire. L’occasion pour moi de saluer la solidarité du peuple Belge qui a disponibilisé un million d’euro pour soutenir l’enquête.
Que dites-vous de l’initiative du Gouvernorat qui organise une journée porte ouverte à la morgue?
Il faut considérer que c’est de la diversion. Les foetus nous savons tous qu’ils ont un traitement différent des autres cadavres, mais aussi le gouvernorat devrait nous faire rapport sur les personnes disparues. Les cas des dépouilles volées en 2011 au siège de notre parti l’UDPS.
Vous parlez de votre parti, justement quelle est votre réaction aux dernières nominations?
Au cours de la cérémonie de commémoration du 33ème anniversaire du parti, le Président Etienne TSHISEKEDI a fait un appel à l’unité. Parlant de ces dernières nominations, j’en suis surpris et étonné.
Et pourquoi êtes-vous surpris et étonné?
Pour la simple raison que ces décisions ne reflètent aucune volonté d’unité. Bien au contraire, elles consacrent et cristallisent la division ainsi que la dispersion des différentes sensibilités qui constituent l’UDPS. Connaissant le Président TSHISEKEDI, pour avoir travaillé avec lui sur cette question particulière de l’unité du parti, cela ne lui ressemble pas.
Vous pensez que l’UDPS est en mesure de recouvrer son unité?
Oui et on y travaille chaque jour. Cela est un impératif pour la survie du parti et il nous faut pour y parvenir l’implication de tous. Il est important que ce parti retrouve sa quiétude, son harmonie pour jouer son rôle de leadership.
A votre avis qu’est-ce qui est à la base des difficultés que connait l’UDPS?
Un déficit de démocratie interne dans la gestion et l’organisation du parti. Après les expériences vécues, il est important que le parti se retrouve rapidement dans un congrès pour une analyse critique permettant, en toute objectivité, de donner les solutions adéquates.
Le congrès que vous réclamez, il est annoncé pour le mois de décembre?
D’abord la date me semble trop lointaine, le parti doit intégrer dans son action les enjeux nationaux. Considérez qu’il y aura des élections déjà en 2015, donc cette année. Le 15 avril 2015, le dépôt des candidatures aux provinciales a débuté. Donc nous sommes en retard, j’estime que notre participation aux élections s’impose.
La participation aux élections s’impose, d’autant plus que Félix, parle déjà de la candidature de TSHISEKEDI à la présidentielle. Quelle est votre position?
Oui, c’est une bonne chose, mais il n’a exprimé que son opinion personnelle. Il est important que le parti se prononce officiellement sur cette question qui ne concerne pas que la candidature à la présidentielle, tout en considérant que cette fois ci les cadres de base auront aussi à briguer des sièges.
Croyez-vous encore en la capacité de TSHISEKEDI, vu son âge et son état de santé, de concourir pour la Présidence de la République?
Attendons voir ! il nous quittait il y a plus d’une année pour des raisons de soin, je prie que tout se passe bien pour lui.
Que pensez-vous du dialogue réclamé par TSHISEKEDI alors que lui visait l’impérium?
Malheureusement je n’ai pas participé a aucune réflexion sur la question du dialogue, mais je reste convaincu que Kabila est incapable de dialoguer au profit et pour les intérêts du peuple congolais. Le mandat tends à sa fin, passons à l’essentiel qui se résume dans les élections. Concernant l’impérium, je considère que le souverain primaire à travers les prochaines élections réglera cette question une fois pour toute.
On peut considérer que cette lutte pour l’impérium appartient désormais au passé?
Non je ne crois pas, car c’est le fruit d’un combat et de beaucoup de sacrifices, mais la stratégie politique nous enseigne qu’il faut savoir changer de tactique. L’objectif reste le même, la conquête du pouvoir.
Que vous inspire le dossier FILIMBI?
C’est un encouragement de voir la jeunesse congolaise consciente de sa vie, sa responsabilité et de son rôle. Une jeunesse consciente et engagée dans laquelle on se reconnait. Mais aussi, c’est interpellant de voir la violence et l’intolérance dont des pro-démocrates font l’objet. Il n’y a que des extrémistes, fanatiques, terroristes … qui peuvent craindre des activistes de la démocratie. Soyons solidaires jusqu’à leur libération.
L’affaire Filimbi, nous permet de jauger l’état des droits de l’homme en RDC. Quelle est votre appréhension sur la question?
Sur cette question Filimbi est un dossier parmi tant d’autres. Souvenons-nous des détenus d’opinion et politique comme Diomi Eugène, Jean Bertrand EWANGA, Bruno KABANGU, Christopher Ngoyi, Mike Mukebayi etc … sans oublier la fosse de Maluku. Il est institué en RDC un état policier qui constitue un danger pour les droits humains.
Il y a une question d’actualité qui défraye la chronique. C’est le découpage territorial, qu’en pensez-vous?
C’est une exigence constitutionnelle mais le pays n’y est pas préparer. Ceci vient d’être programmé à la vas vite dans le cadre d’un agenda politicien pour obtenir un éventuel glissement. C’est très dangereux et je milite pour qu’on projette son application après les élections de 2016.
Ok quelles sont vos ambitions politiques d’avenir?
J’ai eu une première expérience électorale en 2011 au niveau des élections législatives nationales dans la circonscription du Mont- Amba. Au-delà du hold up électoral de Kabila, c’était une très bonne aventure que je referais prochainement.
Avec les couleurs UDPS?
J’en suis membre et j’espère que mon parti se ressaisira à temps utile. PAUL MULAND