Z’Ahidi Arthur Ngoma pour la présidentielle, les législatives nationales et les provinciales d’abord

Lundi 18 mai 2015 - 08:24

Ancien Vice-président de la République, président national de Forces du Futur et du Camp de la Patrie et porte-parole de l’Opposition politique, Z’Ahidi Arthur Ngoma appelle à une "conspiration civile pour la paix ". Dans un message à la nation, samedi 16 mai, dont le thème est " la RDC, il est encore temps d’agir ", Z’Ahidi Ngoma fait remarquer qu’il est temps qu’à la coalition pour le mal, qui, des années durant, enferme la RDC dans la spirale belliciste, les Congolais puissent opposer une coalition pour le bien. Sur le dialogue politique en préparation, le Porte-parole du " Cartel " souligne que le seul thème qui vaille pour ce dialogue, c’est les élections et leur organisation pacificatrice de la Nation. Z’Ahidi Ngoma pense notamment, au calendrier électoral qui pourrait, selon lui, utilement être renversé pour tenir compte des impératifs du délai constitutionnel : commencer par l’élection présidentielle, les élections législatives nationales et provinciales.

S’agissant des élections locales, municipales et urbaines qui n’ont jamais été organisées, elles peuvent être postposées, compte tenu de contraintes de temps et de moyens, fait-il remarquer.
Des Sympathisants, compagnons de lutte ainsi que des invités de marque ont rempli la salle Père Boka du CEPAS d’où Z’Ahidi Ngoma a lancé son pressant appel à la Nation. Usant de sa voix d’homme politique profondément engagé dans les joies et malheurs de ses contemporains et qui croit encore et toujours au grand soir.
Lire ci-dessous, l’intégralité du message du Cartel à la Nation. Didier KEBONGO

« La RDC, il est encore temps d’agir. »
Il y a quatre ans, c’était le cinquantième anniversaire de notre indépendance. Les discours se sont bien gardés d’en interroger le contenu, comme si le seul constat formel de l’évènement suffisait. Peut-être fallait-il ainsi « laisser les morts enterrer les morts ».
Mais, alors, comment avancer si nous ne tirons aucune leçon de notre Histoire, d’où il est manifeste que le pays a vieilli sans grandir !
Comment avancer dans ce siècle de l’intelligence en érigeant l’ignorance en droit fondamental de l’homme.
Alors, peut-être, s’impose à l’esprit le discours du silence. Celui qui nous interroge au plus profond de nous-mêmes et que, très souvent, l’esprit refuse.
L’espérance reste permise, le Congo n’a pas épuisé ses ressources ! Certes, on lui fait chanter l’hymne à la souveraineté nationale tel un discours à vérités successives : des appels à l’audace, mais pour des conjugaisons serviles.
Cela ne peut arrêter un esprit précis ! L’un des messages forts auquel nos pères de l’indépendance ont requis notre absolue fidélité, c’est « Debout Congolais ». Il ne suffit pas de le chanter, il faut le vivre.
Et, c’est ça les élections de 2016. Une fenêtre d’opportunité qui nous est offerte pour revisiter la gouvernance du pays.
Et, je ne le dirai jamais assez, par ces élections, il est à notre portée de transformer les dures épreuves subies par notre peuple en une chance de renaissance pour lui.
Il est à notre portée de vérifier nos certitudes partagées, de réhabiliter la confiance en nous- mêmes, d’amorcer la reconstruction de la citoyenne et du citoyen par où transite la reconstruction de la Nation.
Il est à notre portée de fonder notre volonté de paix sur la culture de paix, c’est-à-dire, en étant attentifs aux justes sujets de plaintes des plus démunis de nos concitoyens, privés du droit aux droits de l’homme, au premier desquels le droit à la vie.
Il est à notre portée d’agir à la sécurisation du pays, ce qui postule travailler activement pour l’extension de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire ; et, donc, travailler à la formation d’une armée nationale intégrée, d’une police, d’une territoriale nouvelle et maîtrisée, d’une économie nationale revitalisée, diversifiée et véritablement réunifiée, une politique sociale volontariste pour panser les blessures sociales autant que pour réhabiliter la dignité d’un peuple rivé à la pauvreté absolue.
Il est à notre portée de soutenir ce sens du mouvement et de l’inscrire dans l’indispensable harmonie avec le sens de l’Etat.
Très chers Compatriotes,
Il est temps qu’à la coalition pour le mal, qui, des années durant, enferme notre pays dans la spirale belliciste, nous puissions opposer une coalition pour le bien. En d’autres termes, le temps est venu pour une « conspiration civile pour la paix ». Conspirer, c’est-à-dire, respirer ensemble.
Le temps est plus que jamais venu d’endiguer la descente aux enfers de notre pays, l’inexorable dépérissement de notre culture, cette forme singulière de violation massive et systématique des droits de l’homme.
Ecoutons la famille congolaise en quête de la délivrance ; regardons ces crises récurrentes, ces souffrances traversées par notre peuple depuis son accession à la souveraineté internationale ; ces crises qui portent un nom : la légitimité du pouvoir. Faut-il s’y enfermer et pour quelle raison socialement nécessaire ? La question nous interpelle tous : Pouvoir et Opposition.
Mais, soyons précis, soyons clairs. Le Pouvoir veut-il de ces élections ou veut-il enfermer le pays dans d’autres motifs de tensions sociales ?
1. il garde silence sur le respect ou non de l’article 220 de la Constitution concernant le nombre de mandat autorisé pour un Président de la République en fonction.
2. il s’ouvre maintenant au dialogue, après des « concertations », aux engagements, bien sûr, non tenus
3. il multiplie les contraintes, jusqu’à conjuguer élections et décentralisation ; or, la légitimité du calendrier électoral est liée au délai constitutionnel
4. le pays attend des élections apaisées mais dans un climat d’insécurité généralisée, à l’interne comme à nos frontières internationales !
Fermement attaché au respect de la loi fondamentale de la République, le Cartel des Partis Politiques de l’Opposition signataires de l’Accord global et inclusif de Sun City demande au Pouvoir d’honorer ce qui n’est rien d’autre que son serment constitutionnel, en particulier concernant les articles verrouillés de notre Constitution dont les dispositions de l’article 220.
Sur le dialogue politique qui doit être transparent et sans exclusive, le « Cartel », qui l’avait déjà proposé sans être entendu, ne peut s’y opposer. Cela étant nécessaire pour des élections apaisées, ce dialogue doit être conforme aux dispositions de l’accord - cadre d’Addis-Abeba dûment signé par notre pays, et garanti par les deux résolutions (2098 et 2211) du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le Pouvoir congolais ne peut en être juge et partie.
Mais, ce dialogue ne doit nullement être conçu comme une autre Conférence Nationale Souveraine, un autre Sun city ou moins encore d’autres concertations nationales ; pas plus qu’il ne doit s’attarder sur des thématiques politiques, sociales, économiques dont nous connaissons déjà les réponses mais ne considérer que la question électorale. Le seul thème qui vaille pour ce dialogue, c’est les élections et leur organisation pacificatrice de la Nation. Nous pensons notamment, au calendrier électoral qui pourrait utilement être renversé, pour tenir compte des impératifs du délai constitutionnel : commencer par l’élection présidentielle, les élections législatives nationales et provinciales.
S’agissant des élections locales, municipales et urbaines qui n’ont jamais été organisées, elles peuvent être post- posées, compte tenu de contraintes de temps et de moyens.
Concernant l’inscription, dans le fichier électoral, des jeunes, devenus majeurs, observons dès l’abord que c’est un droit constitutionnel. Il est étrange que cela devienne une contrainte, mais manifestement une contrainte voulue. Par ailleurs, il se pose la question préalable de l’audit du fichier électoral.
Enfin, nous voulons tous des élections apaisées. C’est dire que plus que jamais force doit être donnée à la Nation. Nous savons où nous devons tous savoir, que les groupes armés continuent à opérer à l’Est du Territoire. Il y a quelques jours encore, c’est près de 23 congolais qui ont été tués à Beni par l’ADF NALU après tant d’autres avant. Les Interhamwe continuent à sévir en dépit de l’invitation insensée faite à un contingent de plus de dix mille hommes de l’armée rwandaise en janvier 2009 au motif de les traquer. Un hommage mérité doit être rendu à nos vaillants soldats qui protègent notre territoire au prix du sacrifice suprême. En même temps, c’est l’occasion de dire merci à la communauté internationale, qui de l’ONUC à la MONUSCO, en passant par la MONUC, n’a jamais cessé, par ses exemples passés et récents, de donner à notre pays et à notre peuple, le témoignage vivant de la solidarité internationale.
Très chers compatriotes,
Nous sommes un pays post-conflit. La fin de notre transition vers la démocratie n’a pas fait de nous des démocrates. C’est une culture. Dans ces voies escarpées de la démocratie, nous avons ce devoir de ne pas oublier d’où nous venons. Mais, nous souvenir ne nous invite nullement à faire du passé une projection fataliste sur l’avenir.
Nous avons à construire notre réconciliation nationale sur le socle de la justice et de la vérité ; mais, en sachant que la justice n’a de sens que le pardon ; l’intolérable existe mais ce sera toujours un écrit, un discours, un geste, un acte commis, mais jamais un être humain, parce qu’en chacun de nous se concentre l’humanité tout entière.
La mémoire du passé doit nous projeter, avec confiance et avec responsabilité, dans la mémoire du futur, là où notre devenir solidaire en appelle à notre créativité et à notre inventivité.
Puisse Dieu protéger la République Démocratique du Congo et son Peuple ! Je vous remercie de votre attention.

SEM Z’Ahidi Arthur NGOMA
Ancien Vice Président de la République,
Président National de Forces du Futur et du Camp de la Patrie
Porte — Parole du Cartel