« Ville morte » : Kinshasa fidèle à la tradition

Mercredi 24 août 2016 - 10:16
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Comme c’est le cas depuis les années’90, l’appel du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement » à la journée ville morte a été largement suivi dans plusieurs villes du pays. A Kinshasa, la capitale, des millions de résidents, congolais comme étrangers, se sont offerts la grâce matinée. Le signal de la ville morte a été donné par les exploitants du transport en commun, avec en tête les conducteurs et receveurs des taxi-bus. D’ordinaire debout dès l’aube, et spécialement vers 4 heures du matin, criant au passage « Zando », « Gambela », « Victoire », « Ville/boulevard », « Gombe/Banque » ou « ISC », les destinations les plus prisées dans une ville où tout le monde va dans le même sens le matin, pour refaire le chemin contraire e soir, ces lève-tôt sont restés aphones jusqu’autour de 9 heures.

 

A Maluku, Kinkole, Mikonga/Bibwa, Mikondo, Kingasani ya Suka, Kingasani/Pascal, Kimbanseke, Ndjili/Ste Thérèse, Masina/Pétro Congo, Matete, Kisenso, Lemba, Ngaba, Mont-Ngafula, Kindele, Matadi-Kibala, Binza/UPN, Delvaux, Ozone, Kimbwala, Malweka … personne ne s’est bousculé pour le transport en commun. Les rares chauffeurs qui ont décidé de se mettre sur la route ont eu du mal à trouver des « clients ». Le spectacle le plus remarquable était offert par les bus de la société Transco roulant presque à vide durant toute la journée.

 

Comme s’ils s’étaient donné une consigne spéciale, fonctionnaires de l’Etat, cadres et agents des entreprises publiques de même que des employés des sociétés et services privés ont opté pour une journée sans travail. Au centre-ville, pratiquement toutes les maisons de commerce affichaient portes closes. Sur les devantures de plusieurs magasins on pouvait lire des écriteaux portant un message significatif : « Fermé ».

 

Quelques grandes surfaces qui ont ouvert leurs portes ont contraint leurs employés à se tourner les pouces durant de longues heures. Les maisons de change n’étaient pas opérationnelles. Quelques cambistes isolés passaient leur temps à .bailler d’ennui.

Les places d’ordinaire grouillantes de monde telles que le rond-point « Victoire », le rond-point « Ngaba », Kintambo/Magasins, Gambela « Koweit », rond-point Moulaert, les avenues Itaga, Kato, Rwakadingi, Commerce, Plateau, Intendance/Campus, Terminus/Matete, Super Lemba, Kingabwa/Uzam, ports Baramoto, Celco, Liaki, Entric, Mbasa, Orgaman, Marché Delvaux, UPN, parking Matadi-Kibala, Marché de la Liberté, Terminus/Kingasani... étaient désertes. Les « mamans-manœuvres » et autres « mamans-bipupula » n’étaient pas visibles.

Les chargeurs des parkings se sont subitement retrouvés au chômage, faute de clients à canaliser vers les taxis ou taxi-bus.

 

Les « chailleurs », ces marchands ambulants habitués à sillonner tous les coins et recoins du centre- ville avec leurs « cargaisons » d’arachides, de biscuits, de cigarettes, de bonbons, d’œufs bouillis, de charcuterie, de pains, d’eau fraiche en sachets, de boissons gazeuses... se sont accordés un petit repos.

 

Les policiers passés maîtres dans la chasse aux chailleurs ont disparu de la circulation, l’espace d’une journée, de même que les « roulage », qui n’avaient personne à rançonner aux carrefours, en raison de l’absence d’embouteillages, leurs « complices » de tous les jours. Tout le monde a bien constaté une chose Kinshasa a passé le mardi 23 août dans la morosité.

Par Kimp