A l’occasion de la vingtième conférence sur le Sida à Melbourne (Australie), une nouvelle étude soutient la circoncision comme moyen de lutter contre le VIH en Afrique Subsaharienne.
Trois études précédentes avaient déjà démontré que la circoncision des hommes hétérosexuels réduisait les risques d’infection de 60% en modifiant le microbiome du pénis qui regroupe les bactéries qui colonisent un organe. Chez les hommes circoncis, les chercheurs ont remarqué que la charge bactérienne avait diminué. Chez ceux qui ne l’étaient pas, les charges bactériennes activaient des cellules dans le prépuce, les empêchant de mener à bien leur rôle antiviral normal.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) l’avait donc recommandée comme moyen de prévention, avec le port du préservatif, mais certains experts craignaient que la pratique incite les hommes à délaisser ce moyen de protection. Or, une étude de l’Université d’Illinois (Chicago), présentée lundi lors de la vingtième conférence internationale sur le Sida à Melbourne, n’a pas trouvé de preuve justifiant cette crainte. Ce n’est pas parce que les hommes sont circoncis qu’ils utilisent moins le préservatif. L’étude montre que les pratiques sexuelles à risques ont diminué, tandis que l’utilisation des préservatifs a augmenté.
“Les pays qui ont freiné les programmes de circoncision médicale en raison du manque de preuve sur une baisse des risques ne devraient plus avoir d’inquiétudes à ce sujet”, écrit la scientifique Nelli Westercamp dans un communiqué publié par l’université.
Des bons d’achats pour inciter à la circoncision
Une fois la circoncision recommandée par l’OMS et Onusida comme moyen de prévention en plus du préservatif dans quatorze pays dans l’est et le sud de l’Afrique, des chercheurs s’étaient aperçus que beaucoup renonçaient à l’opération pour des raisons financières.
Harsha Thirumurthy, de l’université de Caroline du Nord et son équipe ont recruté 1504 hommes non circoncis, âgés entre 25 et 49 ans, dans la province kényane de Nyanza. Ils étaient divisés en plusieurs groupes, auxquels étaient proposés des bons d’achat de nourriture ou pas de compensation du tout. 9% de ceux à qui l’on proposait un bon de 15 dollars se faisaient opérer au cours des deux mois suivants. 1, 9% de ceux à qui l’on proposait 2 dollars 50 optaient pour la circoncision et seulement 1,6% de ceux à qui l’on ne proposait rien, acceptaient.
Même si cette hausse est “modeste”, ces résultats sont positifs pour un continent qui reste toujours le plus touché par la maladie (en 2013, 24,7 millions de personnes étaient atteintes du VIH en Afrique subsaharienne, dont 2,9 millions d’enfants).