Le Fonds national d’entretien routier est menacé d’asphyxie au Katanga. Il nous revient que dans cette province, ordre a été donné de ne plus faire payer la taxe d’entretien routier. En effet, la province cuprifère s’estime flouée par ce fonds qui apparaît finalement comme une arnaque montée pour dilapider des fonds publics.
Alors que la voirie katangaise laisse terriblement à désirer, il est révoltant de voir que les millions mobilisés dans cette province vont financer des chantiers ailleurs. Ainsi, l’ordre de couper le cordon ombilical avec le Foner serait venu, nous apprend-t-on, des autorités provinciales, les Gouverneur en tête.
Arnaque
Bien avant le Katanga aujourd’hui, il sied de signaler que le Nord-Kivu avait en son temps décidé de rompre avec ce fonds qui prend de plus en plus des allures nébuleuses. Scandalisés par l’état pitoyable et impraticable des routes, les transporteurs du Nord-Kivu avaient unanimement décidé de punir Foner.
Il avait fallu, pour les faire revenir à la raison, que le DG de ce fonds aille en personne négocier, presqu’à genou, un nouveau deal avec le Nord-Kivu. A l’époque, le Katanga était l’élève modèle qui assurait le gros de recettes dudit fonds. C’était l’époque du grand amour entre l’Exécutif katangais et la haute direction du Foner. Mais floués à répétition dans un marché des dupes dont seul le numéro 1 du Foner a la maîtrise, les Katangaise ont décidé d’envoyer promener le fonds.
Au Bas-Congo, il avait été difficile de convaincre l’Exécutif provincial de l’époque sur son implication dans la mobilisation des recettes au profit. Aux yeux de plusieurs gouverneurs, cette structure apparaît comme une pure et simple arnaque.
Louche
En effet, le Foner brasse des millions de dollars, jusqu’à plus de 100 millions, en tout cas. Mais sur le terrain, on ne sent pas son impact visible. Surtout en province. A part quelques petites actions trompe-l’œil, tout le reste n’est que fumisterie.
Le train de vie que mène le personnel du Foner, son DG en particulier, contraste terriblement avec sa première vocation. Le tiers des fonds mobilisés servent à soutenir une pratique de primes et autres allocations qui font du Foner une sorte d’ONG en or où la vie des agents est paradisiaque.
On dirait que la motivation première du Foner est d’assurer une vie d’or à es cadres et agents et non s’occuper du réseau routier national.
Au fond, la motivation profonde de la révolte constatée au Katanga reste l’attitude récidiviste du Gouvernement central à ne pas rétrocéder les 40% aux provinces. Comme déjà souligné dans nos colonnes, le Katanga est entré officiellement en froid avec Kinshasa. Et comme le Foner reste le symbole vivant de cette prédation au niveau national, c’est lui qui a reçu l’estocade.
Le Foner reste en tout cas le paradigme vivant de passation de marchés flous où interviennent des rétro-commissions honteuses. Et le plus navrant dans l’affaire, le Foner est devenu une sorte de carrefour de gros intérêts privés entre de hauts fonctionnaires de la République.
A l’allure où vont les choses, toutes les provinces risquent de se liguer et de précipiter la mort du fonds le plus louche de la République.
LP