Vivre aux homes pour les étudiantes et étudiants de l’Université de Kinshasa est un calvaire. Tout est dans un état de délabrement très avancé. Le bâtiment, la tuyauterie, les installations hygiéniques et électriques ainsi que la capacité d’accueil de ces homes, tout est à refaire. Cette situation se vit depuis plusieurs années sans que cela ne soit une priorité pour le comité de gestion de la " Colline inspirée. "
Depuis leur construction en 1954, ces résidences des étudiants présentent un visage d’enfant abandonné. Apparemment, elles n’ont jamais été réfectionnées. Aux homes des garçons comme ceux de filles, c’est une odeur nauséabonde qui accueille le visiteur. " Nous ne pouvons pas dire que nous sommes habitués à ça. Malheureusement, nous n’avons pas de choix. Mes parents vivent à l’intérieur du pays. Je n’aime pas rester chez les membres de famille, donc je suis obligée de vivre dans ces conditions malgré moi. Je suis sous cure de paludisme et de typhoïde. A cela, s’ajoutent des infections génitales fréquentes, ce qui explique l’insalubrité dans laquelle nous vivons ", a laissé entendre une étudiante sous couvert d’anonymat.
Les pensionnaires de ces homes ne comprennent pas comment ils vivent dans la crasse depuis des années sans que le comité de gestion de cet établissement soit inquiet. Ils dénoncent cependant la mauvaise gestion de leurs responsables. « Ce n’est pas l’argent qui manque dans notre université pour réhabiliter nos résidences », lâche un étudiant en terminal à la faculté d’économie. " Nous avons écrit plusieurs lettres à la hiérarchie de notre établissement, mais sans suite. Nous ne savons maintenant s’il faut recourir aux bailleurs de fonds pour réfectionner nos homes. C’est ridicule ! ".
Et pourtant, chaque interne paie 30 USD par an, explique-t-il avant de noter qu’il y a quatre étudiants. Si, " nous faisons le total de nombre des pensionnaires hébergés dans tous les homes, nous allons faire un chiffre important qui pourra aider à reconstruire niveau par niveau et ainsi de suite ", confie-t-il. En dehors de frais d’internement, il y a les frais d’inscription perçus chaque année pour organiser ces épreuves, explique-t-il. Avant de relever que quelle que soit la situation, il y a des reliquats.
Par ailleurs, certains étudiants de l’UNIKIN constatent qu’il y a un manque de volonté criant dans le chef des autorités académiques de cet alma mater pour entamer les travaux de réhabilitation de ces différents bâtiments afin de changer son image. « Toujours des promesses qui ne sont pas honorées », indique une étudiante en 2ième graduat SPA. « Les tuyauteries qui ont cédé pour la plupart à l’intérieur comme à l’extérieur dégagent une odeur difficile à décrire », ajoute-t-elle.
" Nous vivons dans un environnement malsain qui ne nous permet pas de donner le meilleur de nous même dans notre cursus ", a martelé cette jeune fille. " Aux environs du home 150, des montagnes d’immondices sont visibles depuis des années. Quelque fois, nous nous organisons pour bruler, mais ce n’est pas toujours facile parce que nous n’avons pas de matériels adéquats pour l’évacuation ", laisse-t-elle entendre.
Un autre étudiant résident au Home " Plateau ", nous relate que dans leurs homes, les douches et les WC ne fonctionnent pas depuis belle lurette. Pour palier cette situation, nous avons construit des installations hygiéniques de fortune en dehors des homes. Et là, nous nous organisons pour l’entretien à tour de rôle, fait savoir cet étudiant. Notons que ces WC de fortune dégagent une odeur qui indispose les passants de la route de Kimwenza. Certains étudiants par manque d’organisation défèquent dans le sachet pour jeter ce colis dans la nature ou encore ils vont se soulager dans la nature.
Ainsi, ces étudiants, élite du futur, sont l’avenir de la RDC, sont fatigués de vivre dans la crasse. Cette situation ne leur permet pas de donner des résultats escomptés. Un obstacle à leur épanouissement. Pour ce faire, ils appellent le comité de gestion de leur établissement au bon sens. Partout à travers le monde, les élites sont formées dans un environnement sain afin de leurs permettre de bien assimiler la matière. Mathy MUSAU