(KINSHASA)- L’opposant Moise Moni Della est monté au créneau pour dénoncer le plan savamment monté par les caciques du pouvoir en vue d’exclure Moise Katumbi de la course à la magistrature suprême. La formule est simple. Inclure dans cette loi, une disposition qui éliminerait tout candidat qui a un des parents étranger. Cette disposition mettrait à l’écart des politiciens de premier rang comme Kengo, Kamitatu, Muyambo, Endundu ou même Katumbi. Pour lui, cette discrimination aveugle bannirait sans justification des poids lourds sur la liste des candidats présidentiables parce que congolais métissés. Le risque, c’est de raviver encore l’ivoirité au Congo-Kinshasa où le problème de nationalité avait suscité un grand débat lors des élections de 2006 et 2011. L’exemple ivoirien n’est pas à encourager dans un pays post-conflit comme le Congo-Kinshasa. Moni Della demande aux défenseurs de cette thèse de dire où se trouve actuellement Laurent Gbagbo et qu’est devenu aujourd’hui Alassane Ouattara. Le secrétaire général du Rcd-N ne s’explique pas comment une loi teintée racisme, d’exclusion peut passer à l’assemblée nationale. L’opposant constate seulement que le président Kabila étant coincé et se trouvant dans l’incapacité de réviser la constitution, pousse ses affidés à mener une opération aux risques incalculables.
‘‘On ne peut pas exclure quelqu’un sur base de sa race, de son ethnie, de sa tribu… , c’est une grave violation des droits de l’homme’’, a-t-il indiqué. Moni Della se rappelle du langage ordurier de Kadhafi qui qualifiait les occidentaux de chien. Aujourd’hui, il a payé cher, prévient ce ténor du Front populaire contre la révision constitutionnelle. Il salue le retrait de la loi Sesanga qui allait donner, selon lui, des béquilles au régime pour faire passer cette conspiration contre l’un des candidats les plus sérieux. La double nationalité est un facteur important de développement des nations. Obama ne sert-il pas les Etats-Unis ?, Sarkozy n’a-t-il pas été président de la France et Manuel Valls n’est-il pas premier ministre de l’Hexagone ? Alors pourquoi américains et français ne les refusent pas. De toutes les façons, Moni Della croit que cette initiative suicidaire ne passera pas de lors que la tendance aujourd’hui dans notre pays est à l’acceptation du principe de la double nationalité. Aux concertations nationales, la double nationalité était parmi les recommandations phares de ce forum. ‘‘De quel droit doit-on exclure nos frères congolais qui sont en Europe ou qui ont acquis la nationalité de leur pays d’accueil ? sont-ils congolais ou pas’’, se demande Moni Della. Déjà, les congolais de la diaspora ont été privés du droit de vote et faut-il encore les refuser leur origine congolaise. D’après lui, cette incise risque de plonger le pays dans une zone de désespoir.
Si on ouvre la boite à pandore, beaucoup passeraient à la trappe. En ce moment là, on devra se poser la question sur l’origine des parents de chaque candidat. Et le test ADN sera s’imposé pour trancher. Pas sûr que ceux qui crient sur le toit, aient gain de cause. Hors, c’est un débat qui est derrière nous, assure-t-il. Cette arme que les partisans de l’exclusion utilisent, peut les desservir aussi. Au lieu d’avancer, on va reculer sur le plan démocratique. L’ex-détenu de Mobutu des années 90 appelle opposition et majorité à barrer la route à cette loi. Tous les congolais ont les mêmes droits et même obligations devant la loi. ‘‘On ne doit pas avoir des lois scélérates, iniques et violant la déclaration universelle des droits de l’homme’’, a ajouté Moni Della. Dans les milieux politiques au Katanga, la colère est visible. Ecarter Katumbi de la course à la présidence est synonyme de provocation, apprend-t-on. Lui-même n’a encore pipé mot sur sa candidature mais l’effervescence se fait déjà sentir sur l’ensemble de sa province et du pays. Quand il donnera le go, tout le monde va s’aligner, a affirmé un vieux routier de la politique congolaise basé à Paris. Le secrétaire général du Rcd-N plaide pour le maintien de l’actuelle loi électorale. Il rappelle qu’on ne peut pas changer les règles de jeu en pleine compétition. C’est pourquoi il refuse toute idée de dialogue. ‘‘Le dialogue va nous amener au glissement et la population ne comprendra pas que l’opposition accepte un tel schéma qui va prolonger le mandat de Kabila au-delà de 2016’’, a-t-il prévenu. Fin mandat, Kabila doit partir et pas question de main tendue, a tonné Moni Della.