Les fonctionnaires de l’Etat membres du SYNAFET décryptent dans un courrier la politique de l’emploi public du Premier ministre dont ils décrient la mesure interdisant le mouvement du personnel en même temps qu’ils l’accusent de chercher à plaire la Banque mondiale et de favoriser les jeunes issus d’une province bien identifiée.
Ce ne sont pas des petits calculs opérés dans le but de déranger la quiétude du Chef du gouvernement pendant que le dialogue politique dit de tous les enjeux se tient à la Cité de l’Union Africaine.
Mais l’expression réelle d’un ras-le-bol du Syndicat national des agents, fonctionnaires de l’Etat et paraétatique -SYNAFET-, qui dénonce la rupture du dialogue social et accuse le Premier ministre Matata Ponyo d’être insensible à la misère sociale dans laquelle sont plongés les agents et fonctionnaires de l’Administration publique.
Dans un courrier daté du 22 août 2016, en réalité un brûlot, le syndicat dénonce un coup porté à la Fonction publique à travers la lettre du Premier ministre n° CAB/PM/CJFAD/JNK/2015/5888 du 16 septembre 2015 interdisant le mouvement du personnel dans tous les ministères.
Raison fondamentale: cette décision «a mis les ministres de votre gouvernement en difficulté, ils ne savent pas quoi faire pour procéder aux mises en place de leurs administrations respectives».
Le SYNAFET demande carrément l’annulation de cette mesure qui, selon lui, plonge les fonctionnaires dans une misère noire et paralyse le bon fonctionnement de toute l’Administration publique.
Au fond, la réforme de l’administration publique prônée par le Premier ministre tend à plaire à la Banque mondiale, mais massacre volontairement les agents et fonctionnaires de l’Etat qui, pourtant, mobilisent les recettes, soutient le courrier.
Le syndicat étrille Matata en faisant part de «l’échec de l’assainissement des agents de l’Etat, appelé la réforme de la modernisation de l’Administration publique selon le Premier ministre dont «le gouvernement se plait de procéder aux engagements des jeunes et ordonne leurs mécanisations au détriment de ceux qui demeurent impayés plusieurs années jusqu’à ce jour».
Le SYNAFET est d’avis que Matata Ponyo devrait plutôt «maîtriser les effectifs, régulariser la situation administrative et pécuniaire des agents ayant servi l’Etat sans être mécanisés pour ceux admis sous-statuts et ceux qui travaillent comme nouvelles unités bientôt 5 ans voire 10 ans». Ces agents non mécanisés broient du noir pendant que de jeunes recrues sorties fraîchement de l’université sont aux premières loges.
Le SYNAFET rappelle l’expérience amère vécue par les fonctionnaires de l’Etat à l’époque de la rigueur prônée par l’ancien Premier ministre Kengo wa Dondo qui exécutait à la lettre les instructions de la Banque Mondiale. Non content des conséquences néfastes sur le vécu quotidien des fonctionnaires paupérisés, le président Mobutu a eu le courage de mettre un terme à ce programme avec les institutions de Bretton Woods. «Pourquoi l’actuel Premier ministre ne peut-il pas s’en inspirer?», s’interrogent les fonctionnaires de l’Etat.
Pour le syndicat, le Premier ministre a versé dans l’injustice sociale pour avoir privilégié l’octroi du travail aux jeunes d’une province bien déterminée, le Maniema, chuchote-t-on dans les couloirs de l’Ecole nationale de l’administration -ENA.
Laurent OMBA