Trop des dignitaires absents : Mystère Que cache le séjour prolongé à l’étranger de Malu Malu, Francis Kalombo, le patron de la DGM et un 4ème

Jeudi 30 avril 2015 - 09:25

Le régime mange-t-il ses propres enfants ? Cela question que la plupart des rd-congolais se posent après avoir constaté qu’un nombre important de dignitaires du régime sont absents du pays pour diverses raisons. La raison qui revient le plus souvent pour expliquer cette absence prolongée des dignitaires du régime à l’étranger c’est la santé. A croire que les 100 millions USD engloutis dans l’Hôpital du Cinquantenaire, rabâché à toutes les oreilles, par les thuriféraires du régime, comme l’hôpital le plus moderne d’Afrique centrale, n’ont finalement servi à rien car l’exode sanitaire se poursuit aux frais de l’Etat. La rédaction de C-NEWS a tenté de comprendre ce phénomène dont l’ampleur commence à inquiéter. Le premier à ouvrir le bal du tourisme « sanitaire » fut le député national Francis Kalombo.

Kabiliste et surtout proche du gouverneur Moïse Katumbi, son départ pour l’Europe avait donné lieu à plusieurs spéculations car il intervenait dans un contexte politique trouble. Le gouverneur Katumbi, après lui aussi un séjour prolongé à l’étranger pour des raisons sanitaires, était dans la tourmente après avoir prononcé sa célèbre allégorie footballistique qui n’était pas du tout du goût du régime. Le départ de Kalombo, intervenu à cette époque, avait été interprété comme une fuite en avant. En quittant Kinshasa, il avait trouvé un moyen de ne pas se prendre position en faveur du gouverneur du Katanga qui venait de s’opposer à l’éventualité d’un 3ème mandat présidentiel. Aux dernières nouvelles, Kalombo serait aux USA où il suit des soins. Un autre dignitaire, pour des raisons sanitaires est à l’étranger, c’est l’abbé Apollinaire Malu Malu, le président de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante). Malu Malu, alors que son institution a plus que besoin de lui, a été opéré d’une tumeur au cerveau. Ses proches parlent d’un caillot de sang qui s’était formé dans son cerveau pour minimiser la gravité de la maladie. Comme pour démentir les nouvelles rassurantes de ses proches, Malu Malu n’a pas tenu une seule semaine après son retour au pays. Aussitôt rentré, aussitôt presque évacué vers l’Afrique du Sud.

Selon des témoins, Malu Malu s’était évanoui peu avant son évacuation sanitaire. Ce qui prouve que le président de la Ceni est gravement malade. Envisager sa succession à la tête du Bureau serait donc faire signe de lucidité à l’aube d’un processus électoral complexe. Si pour Malu Malu, il n’y a aucun doute sur les raisons de son séjour prolongé à l’étranger, il n’en est pas de même pour le patron de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama. Il est rentré fraîchement au pays après un long séjour aux USA. Lui aussi selon certaines indiscrétions à la Police, était allé se faire soigner au pays de l’oncle Sam. Il y a de quoi, surtout psychologiquement, depuis qu’il est dans le viseur de la communauté internationale pour son zèle dans la répression des émeutes sanglantes de janvier dernier. On comprend la difficulté qu’il a à trouver son sommeil. Honni par les Kinois et même par ses coreligionnaires, Kanyama dit « esprit de mort » est aussi sur la sellette pour sa conduite brutale et inhumaine de l’opération Likofi contre le banditisme urbain et juvénile. A ce propos, les conclusions du rapport sur cette opération controversée sont attendues. Il ne reste plus qu’à Evariste Boshab de les rendre publiques car ils sont déjà sur sa table depuis longtemps.

Peut-être le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et sécurité attendait le retour de Kanyama à qui il réserve la primeur des conclusions de l’enquête ? On ne le sait pas encore. Est-il que Kanyama n’était pas le seul de l’appareil sécuritaire du régime à rechercher la douceur des pays respectueux des droits humains. Le patron de la DGM (Direction générale des migrations) François Beya est aussi à l’étranger pour des raisons aussi « sanitaires ». Un 4ème bonze le serait aussi. Souvent les demandes de sortie des autorités nationales pour des raisons de santé, cachent la volonté de s’exiler ou celle de prendre un peu du recul par rapport à un régime qu’on sert et qui au fil du temps vous bouffe la santé aussi bien physique que psychique. Les missions à l’étrangers et les sorties pour raisons sanitaires ont toujours constitué des moyens pour se désolidariser d’un régime dont on sent qu’il a bout de souffle. Le régime de Kadhafi et celui de Saddam Hussein l’ont démontré à leur crépuscule. Ce n’est pas encore le cas avec le régime de Kinshasa qui bien qu’affaibli fait mine de bien se porter. Mais cela n’abuse que les aveugles. Bien qu’aucun dignitaire à l’étranger pour tel ou tel autre motif n’ait encore fait défection ouvertement, cela ne veut pas dire que cette hypothèse est exclue. Mais au moins une chose est certaine, trop des dignitaires à l’étranger n’est jamais bon signe. Cela traduit la lassitude morale en l’absence des perspectives claires pour ne pas avoir trop se salir pour se maintenir au pouvoir.

PAUL MULAND

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