Transports : la RDC toujours otage de ses voisins

Jeudi 14 mai 2015 - 14:20

La situation chaotique que traversent la plupart des société étatiques du secteur de transports, en particulier la SNCC (Société Nationale des Chemins de Fer du Congo) a été au centre d’un débat très animé, hier mercredi 13 mai, à la chambre haute du Parlement. C’était à la faveur de la question orale avec débat du sénateur Flore Musendu Flungu adressée au ministre des Transports et Voies de Communication, relative à la situation actuelle de ladite société.

Après avoir démontré le rôle et l’importance que représente cette société tant au plan d’évacuation des minerais des centres de production vers l’extérieur qu’à celui de transport des personnes et des marchandises à l’intérieur du territoire national, Flore Musendu voulait obtenir des éclaircissements sur la situation de la Sncc.

Soulignant que cette société présente dans 7 des 11 provinces a connu une situation difficile due notamment à la fermeture de la voie de Benguela et à la baisse de production de la Gecamines, l’auteur de la question orale a dit ne pas comprendre une chose. Comment expliquer que le chemin de fer qui était florissant hier quand la Gecamines produisait 450 tonnes de cuivre, se meure aujourd’hui alors que la production a augmenté au-delà de 600 tonnes ?

Pourquoi le gouvernement ne veut-il pas remettre le trafic minier au chemin de fer ? A ce sujet, il a renseigné que les opérateurs miniers avec lesquels il a pris langue se déclarent prêts à soutenir le gouvernement pour la réhabilitation si ce dernier leur en fait la demande.

Alors, pourquoi le gouvernement marque-t-il les pas ?

En outre, il a dit ne pas comprendre l’attitude du gouvernement dont la tendance est de donner ou confier aux privés ce qui est bien, pour rester avec ce qui est en mauvais état et pose beaucoup plus de problèmes, alors que la logique en exige le contraire !

38 locomotives neuves d’ici fin mai, annonce le ministre Kalumba

Prenant la parole pour tenter de répondre à la question orale lui posée, le ministre des Transports et Voies de communication a commencé par faire l’historique de la Sncc, puis sa mauvaise gestion pendant la 2è République, avant de s’attaquer à la question proprement dite lui adressée.

Parlant de la situation que traverse actuellement la société, il a fait savoir que le gouvernement avait négocié avec la Banque mondiale en 2009 pour la relance des activités de la Sncc. Cela avait abouti à la signature d’un accord pour le financement du Projet de Transport Multimodal (PTM).

Au terme de cet accord, on devait commander 18 locomotives, en plus de 20 locomotives que le gouvernement a commandées sur fonds propres. ça fait au total 38 locomotives neuves dont l’arrivée est annoncée pour la fin du moi de mai en cours.

En plus, renseigne le ministre Kalumba Mwana Ngo, le gouvernement a créé une usine de réhabilitation des engins de voies en vue de mettre au point les rails sur lesquels les locomotives commandées devront circuler.

Un plan spécial d’investissement a été mis en place. Il comporte deux phases : la phase d’urgence et de sécurisation, et la phase de renouvèlement complet de la voie ferrée Kolwezi – Dilolo.

C’est ce cadre que les chefs d’Etat congolais et angolais ont signé le 19 janvier 2015 à Luanda, soit 4 accords de coopération économique dans le domaine de transport (aérien, maritime, ferroviaire, routier). La reprise des vols par la compagnie aérienne nationale angolaise TAAG entre dans ce cadre.

Par ailleurs, il a indiqué que le gouvernement est en négociations avec plusieurs partenaires et compte également sur l’appui du secteur dans le cadre du partenariat public-privé pour financer tous ces projets de réhabilitation de la voie ferrée Ouest.

Le gouvernement fait la politique de l’autruche !

Intervenant dans le débat ouvert après l’intervention du ministre, un sénateur a jugé bizarre l’attitude du gouvernement qui donne l’impression de n’avoir pas la volonté de relancer réellement les activités ferroviaires, pour laisser le champ libre à un opérateur œuvrant presque en situation de monopole dans le transport routier de faire son business. Se refusant à citer son nom, l’intervenant a soutenu que l’attitude du gouvernement relève de la pure hypocrisie, parce que connaissant bien ledit opérateur, qui est détenteur des centaines de camions poids lourds qui transportent depuis quelques années les minerais. Le gouvernement doit prendre son courage et ses responsabilités afin de mettre de l’ordre dans le secteur des transports, a-t-il insisté en guise d’interpellation.

A ce sujet, il a été rappelé que le transport des minerais était confié au train pour éviter que certains produits miniers qui contiendraient le risque de radioactivité ne traversent les villages et localités afin de préserver la santé humaine.

Bien avant, le premier intervenant a fait une observation selon laquelle le gouvernement cache son incapacité dans des plaintes, en chargeant la 2è République de la mauvaise gestion pour justifier son innocence, oubliant le principe qui dit qu’un gouvernement ne se plaint pas mais s’assume. Car, en chargeant toujours la 2è République passée voici bientôt 20 ans, on donne l’impression de n’avoir aucune obligation du résultat de la gestion publique.

Silence total sur les autres chemins de fer existants

Il a été aussi reproché au ministre des Transports et Voies de Communication de s’être seulement focalisé sur le chemin de fer débouchant par l’Angola (Lobito-Benguela) et de n’avoir dit aucun sur les autres voies ferrées nationales, notamment la ligne Lubumbashi – Mwenu Ditu – Kananga – Ilebo, Kindu – Ubundu, Bumba – Aketi, Kinshasa – Matadi, tout comme pour le projet de prolongement des rails Ilebo – Kinshasa dans l’option de la voie ferrée nationale quittant Lubumbashi jusqu’à l’embouchure, à Moanda, en passant par le Katanga, les deux Kasaï, le Bandundu, Kinshasa, et enfin le Bas-Congo.

L’inexistence totale d’une politique nationale de transports !

Parmi les reproches faits au gouvernement, figure l’absence totale d’une politique nationale visant la connectivité du territoire national par la construction des voies de communication. Comment peut-on prétendre atteindre l’émergence d’ici 2030 sans voies de communication?

Avant qu’un autre ne qualifie de nulle la révolution de la modernité dans le secteur des chemins de fer. Car, soutient-il, il n’y a rien comme programme gouvernemental en la matière.

Que devient ou quel est le statut actuel de la Sncc après la transformation des entreprises publiques en entreprises commerciales ? C’est aussi l’une des questions posées au ministre Justin Kalumba en marge du débat.

Une autre critique émise par les intervenants à l’endroit du gouvernement est la réhabilitation tapageuse du bateau ITB Kokolo qui n’apportera rien au plan des recettes à la SCTP, aussi longtemps qu’il n’aura pas songé à réhabiliter ou construire d’autres bateaux devant desservir les affluents et autres rivières se jetant dans le fleuve.

Un sénateur a accusé le gouvernement de pratiquer la politique de spectacle en lieu et place de faire une planification digne de relance des entreprises du secteur des transports en vue de réussir la connectivité du pays.

Pour clore le débat, deux membres du bureau, à savoir le Questeur Mabaya Kizi et le 1er vice-président Edouard Mokolo ont pris la parole pour partager l’expérience de gestion qu’ils ont en la matière en vue d’inviter le gouvernement à plus de visibilité pour réussir le pari.

Enfin, le bureau a invité la ministre du Portefeuille à donner sa réplique aux préoccupations des sénateurs exprimées deux jours plus tôt dans le cadre de la question orale lui adressée et relative au trafic aérien en RDC. Il s’agissait notamment de la problématique de la dissolution de LAC et de ses effets, du sort du personnel ; et de la problématique de la création d’une nouvelle compagnie dénommée « Congo Airways ».

Louise Munga a été complétée dans ses réponses par son collègue des Transports et Voies de Communication. Dom