Tapages à Kinshasa : les églises de réveil mises en garde

Mardi 9 décembre 2014 - 14:42

Aux nombreuses plaintes exprimées par les populations de tous les quartiers de Kinshasa, contre les tapages diurnes et nocturnes produits principalement par les églises de réveil, le commissaire provincial de la police ville de Kinshasa vient de donner une suite favorable. En réponse à ces doléances répétitives contre ce qu’il qualifie de pollutions sonores, le commissaire divisionnaire adjoint Kanyama Tshishiku a convoqué le vendredi 5 décembre 2014, une réunion avec les chefs de confessions religieuses dites « églises de réveil ». C’était pour les prévenir contre les dérapages souvent observés pendant les festivités de fin d’année et qui indisposent les riverains de leurs églises. Il tient à ce que toutes les précautions soient prises pour que la sonorisation des cultes et veillées de prières ne puisse pas constituer des tapages diurnes et nocturnes.

Au-delà de cette mise en garde, le commun de Kinois relève que ces tapages ne sont pas propres aux festivités de fin d’années, mais sont « un fléau » vécu au quotidien par certains habitants de quartiers envahis d’une part, par les églises de réveil, et d’autre part, par les terrasses et autres débits de boissons en quête des clients. D’où les plaintes à répétition de populations riveraines qui ne peuvent plus trouver du sommeil et ne savent plus à quel saint se vouer.

Il a été relevé à plusieurs reprises que les écoliers et les étudiants ne parviennent pas à bien récapituler leurs leçons et les cours ou à faire les devoirs à domicile ou leurs travaux pratiques. Pire, les malades dont le rétablissement prompt et rapide requiert un repos, sont constamment « agressés ». A la suite des insomnies causées par ces tapages, certains malades sont obligés de délocaliser leur lieu de convalescence, au risque de rechuter. Et même certains chercheurs ne peuvent plus se concentrer sur leurs travaux, parce que souvent distraits par les musiques diffusées à forts décibels.

La plupart des responsables de ces églises de réveil et des débits de boissons oublient superbement que là où se limitent leurs droits, commencent les droits des autres. Et que la réglementation en matière de tapages diurnes et nocturnes réprime les pollutions sonores, même celles qui proviennent des églises, les exposant au paiement des amendes transactionnelles ou à la saisie de leurs matériels de sonorisation.

En résumé, les quartiers résidentiels de Kinshasa sont assiégés du matin au soir, et même toute la nuit, par un cocktail de tintamarres assourdissants générés par le ronronnement de moteurs des véhicules dans les garages, le grincement des machines dans les ateliers de fabrication métallique, de menuiserie, des musiques des bars en plein air et des louanges des églises de réveil. Ils ne sont plus un cadre propice pour retrouver la quiétude requise pour la reconstitution des énergies, et la méditation, au point qu’aujourd’hui, la solution est de quitter la ville pour aller s’évader à Ndjili Brasserie, Kinkole, Nsele et Maluku.

Pour les observateurs avertis, ces évasions à caractère touristique, telles que des excursions, ont un coût que ne peut se permettre le commun des kinois accaparé par la lutte pour la survie. Il est alors recommandé que les autorités de la police puissent distribuer également des mises en garde contre les tapages diurnes et nocturnes, à l’endroit de maisons de vente des CD, cassettes audio et vidéo, des magasins de vente des tissus wax ou des appareils électroménagers dont les baffles exposés dans la rue crachent des messages publicitaires, des terrasses et bars dancing dont les échos des musiques sont perçus jusque dans des communes proches.

Cette fois-ci, l’on espère que les autorités politico-administratives veilleront à ce que la réglementation en la matière soit scrupuleusement observée, de manière à restaurer la quiétude dans les quartiers et à rassurer les habitants. Il faut que force reste à la loi, si l’on tient à rétablir l’autorité de l’Etat. Car, si les producteurs de pollutions sonores récidivent, c’est que quelque part un service de l’Etat ne fait pas correctement son travail.

J.R.T.