SUITE A LA NON-SATISFACTION DE SES REVENDICATIONS Enterré, le M23 en passe de ressusciter

Jeudi 6 novembre 2014 - 08:32

La débâcle des miliciens du mouvement du 23 mars 2009 dit " M23 " a totalisé, hier mercredi 05 novembre 2014, un an. Occasion pour certains analystes, au-delà des apparences, d’envisager la possibilité, pour ce groupe armé contraint à l’exil, de se réorganiser à l’Est de la RDC.

De l’avis de plusieurs analystes, indique l’Agence France Presse (AFP), la non satisfaction des revendications du Mouvement du 23-Mars (M23) risque de motiver le déclenchement d’un nouveau conflit armé dans l’Est de la RDC. D’autant que les ex-rebelles n’ont toujours pas été démobilisés.
Mais, pourquoi lancer un tel débat au moment où, pour nombre de Congolais, le Mouvement du 23 mars « enterré » ? Pour Thierry Vircoulon, membre du cercle de réflexion "International Crisis Group " (ICG), "le M23 n’a pas été démobilisé, mais il a été repoussé. Par conséquent, il reste une force qui peut faire son retour avec l’assentiment des voisins ougandais et rwandais quand bon leur semblera". Ce qui prouve que cet analyste est loin de croire que le M23 « était enterré ». Lui aussi, comme d’autres analystes, redoute une « résurrection » du M23 si leurs revendications restaient lettre morte.
Thierry Vircoulon n’est pas le seul à partager cette crainte à l’occasion de l’an 1 de la débâcle du M23. Un analyste congolais, cité sous le couvert de l’anonymat par l’AFP, exprime ses doutes en ces termes : "L’échec éventuel du désarmement des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) pourrait être un argument de plus pour une guerre ". Car, indique-t-on, après avoir vaincu militairement le M23, Kinshasa avait promis de résoudre des problèmes posés par le mouvement rebelle, notamment celui relatif à la neutralisation des FDLR et au retour des réfugiés tutsi-congolais. Mais, une année plus tard, la lutte contre les rebelles rwandais n’a toujours pas démarré.
C’est dans ces conditions qu’un ultimatum de six mois a été accordé aux FDLR jusqu’au 2 janvier 2015 par les pays de la région des Grands lacs. Mais, constate-t-on, le retour des réfugiés piétine. Voilà qui justifie une autre crainte, cette fois-ci celle de la société du Nord-Kivu. Elle aussi redoute une "réorganisation des éléments ex-M23, en perspective de prochains assauts". Un point de vue partagé par Christoph Vogel, observateur averti de la situation sécuritaire dans le Kivu. Il n’écarte pas l’hypothèse d’une "réorganisation à long terme" du M23, en cas d’échec de réintégration sociale, économique et politique de ses combattants réfugiés en Ouganda et au Rwanda.
C’est là qu’intervient le député Juvénal Munubo Mubi, membre de la Commission défense et sécurité à l’Assemblée nationale. Cet élu du peuple préconiserait, entre autres, d’accélérer le processus dit DDRRR (désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinstallation) et de renforcer la présence de l’armée à l’Est. Bertrand Bisimwa, chef politique du M23 en exil en Ouganda, alerte : "Il faut s’inquiéter du refus du Gouvernement de respecter ses engagements". Il se demande pourquoi le Gouvernement "veut toujours garder une porte ouverte à ses citoyens pour une réclamation forcée". " Faux débat ", dénonce-t-il, autour de la résurgence supposée de son groupe armé.
Comme pour boucler la boucle, François Muamba, coordonateur du Mécanisme national de suivi (MNS) de l’Accord d’Addis-Abeba en RDC, signe et persiste : "Nous savons très bien qu’il y a un agenda, qui n’est pas un agenda de la paix." Il accuse, par ailleurs, le M23 d’avoir esquivé plusieurs réunions d’évaluation et espère sa présence les 7 et 8 novembre à Kinshasa, où le MNS et le M23 doivent faire le point en présence d’envoyés spéciaux internationaux - dont Saïd Djinnit, représentant spécial de l’ONU pour la région des Grands Lacs. Si jamais le M23 répondait à cette invitation, ce serait l’occasion pour ce mouvement de remettre en selle ses revendications.
Comme on s’en rend bien compte, malgré la débâcle du mouvement du 23 mars 2009 sur le terrain militaire en novembre 2013, il serait trop tôt de signer le certificat de décès de ce groupe armé. Car, il n’a pas totalement été anéanti, mais il se trouve en exil en Ouganda. Lorsqu’on connaît les intentions de Kampala et de Kigali de ne jamais laisser Kinshasa en paix, on comprend que l’Ouganda et le Rwanda ne ménageront aucun effort pour réactiver le M23 pour assouvir leur soif ou juste pour le besoin de la cause. Il faut donc garder ouvert l’œil et le bon, conseille-t-on. M. M.

 

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