Chaque jour, le niveau du fleuve Congo s’abaisse d’au moins 5 cm, selon M. Daniel Bulungidi, conseiller en matières fluviale et lacustre du ministre des Transports et des Voies de communication, Kalumba Mwana Ngongo. Cette situation d’ailleurs perceptible au niveau de Chanimetal, remonte, en effet, à janvier 2015. Les conséquences sur les activités mercantiles fluviales et même maritimes sont inévitables.
Il n’est guère possible à un navire transportant 400 containers par exemple d’atteindre le port de Matadi. La calaison n’est plus que de 18 pieds, environ 6 m sur le bief maritime, en fait entre l’Atlantique et le port Matadi. Palliatif : faire un transbordement à Pointe-Noire, en clair mettre 200 ou 250 containers dans des bateaux moyens et qui ne nécessitent pas un fort tirant d’eau. Mais faute de balisage, la Compagnie des Voies maritimes, CVM ex-RVM n’ayant plus de drague en marche, quelque 40 navires cargos se sont retrouvés bloqués, courant mars, avant que les armateurs conviennent avec les autorités de la CVM d’autres modus operandi. Début avril, le nombre des navires en attente de déchargement ne se comptait plus que du bout de doigt, mais le port de Matadi s’est cette fois retrouvé débordé. Mais la SCTP ex-ONATRA s’est doté de 4 engins de manutention en vue désengorger Matadi. Hydre de Lerne : un problème résolu crée d’autres ennuis! L’ex-ONATRA en a coutume, et par ricochet, tout le système maritime r-dcongolais. A son temps, l’ancien DG de l’OGEFREM mûrissait un projet audacieux qu’il qualifiait lui-même de fou : Emile Ilunga avait offert à l’Etat de construire un canal entre Matadi et Kisangani. Sans do ute que ce projet pourrait résoudre les sempiternelles questions de balisage, dragage, ensablement…niveau d’eau. Ce n’était pas seulement pour des raisons tarifaires (coût du billet, coût du fret), que l’ITB Kokolo a mis longtemps pour mettre le cap sur Kisangani. La navigabilité est sujette à caution sur le bief de 1.700 Km qui relient Kinshasa à Kisangani. La Régie des voies fluviales, RVF, a dû associer les populations riveraines pour baliser le fleuve. Selon une étude américaine reprise par l’ONG 11.11.11, arrivé au niveau de la cuvette centrale et dans les hauts plateaux du Kongo central, le fleuve Congo [appelé alors, par les riverains, Nzadi : rivière qui avale d’autres rivières] a, sur une longueur de 350 Km, un niveau de 300 m! Mais cette donnée date. Au nombre de 365 en 1960, les points de surveillance du niveau du fleuve Congo ne sont plus que 5 aujourd’hui. Il est difficile présentement de surveiller le niveau du fleuve, a reconnu le conseiller de Justin Kalumba en matières fluviales et lacustres. Il y a quelques trois ans, des jeunes gens ont improvisé une partie de football sur le lit de l’Ubangi, le plus long affluent du fleuve du Congo! Un spectacle plutôt ahurissant pour quiconque connaît ce cours d’eau d’ordinaire aussi profond qu’étendu. C’est au cours de cette période que la SNEL avait résolu de mettre les deux centrales d’Inga sous un régime de rotation. Pour dire simple : on a fait marcher la centrale I en laissant au repos la centrale II et vice-versa. C’était prévisible, de l’avis du sénateur, Modeste Mutinga, auteur d’un ouvrage prémonitoire sur la guerre de l’eau à laquelle la RDC à moyen ou long terme faire face. (Des clergés français l’ont aussi vaticiné). Conclusion de Mutinga : la RDC est une « République des inconscients». Pourtant le projet consistant à transférer les eaux de l’Ubangi vers le lac Tchad resurgit derechef. Lors d’une récente conférence-débat à l’Université de Kinshasa, le prof Kasongo Numbi, a soutenu urbi et orbi que la RDC gagnerait des milliards des dollars dans ce projet…sans jamais parvenir à convaincre son assistance. La commission parlementaire ad hoc mise en place à l’Assemblée nationale en 2014 n’a jamais donné de l’écho. Le projet de loi portant code de l’eau en examen à la Chambre basse du Parlement pose problème…d’ordre juridique. Voilà plus de 5 ans que l’Assemblée nationale s’emmêle les pinceaux pour un sujet devenu hautement stratégique.
POLD LEVI