Au lieu d’être mixte, cette opération est menée uniquement par les FARDC avec en tête un officier sur qui pèsent de graves présomptions de violations des droits de l’homme et dont l’ONU a demandé le remplacement
L’opération militaire dénommée » Sokola 2 » lancée jeudi dernier par le gouvernement de la RDC contre les combattants hutus rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda(FDLR),auteurs de graves violations des droits de l’homme contre les populations civiles, démarre sur une fausse note.
Car, au lieu d’être menée conjointement par les FARDC et les Casques bleus de la Monusco, cette opération est menée de manière unilatérale par l’Armée congolaise avec en tête le Général Bruno Mandevu, un officier soupçonné de graves violations des droits de l’homme par l’Onu.
Dans les milieux des Nations unies tout comme du côté de M. Russ Feingold, envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, cette fausse note suscite de grandes inquiétudes, quand on sait que l’ONU attache une grande importance à la protection des populations civiles vivant dans les zones contrôlées par les rebelles.
Pourtant, la Monusco avait demandé le remplacement du général Bruno Mandevu, nommé il y a une semaine à la tête de l’opération que mène l’armée congolaise contre les FDLR au Nord Kivu.
Cet officier, à en croire les sources onusiennes, figure sur la liste rouge de l’ONU, pour avoir dirigé des unités accusées de graves violations des droits de l’homme dans un passé récent. .
C’est pourquoi l’ONU a fait savoir, la semaine dernière, aux autorités congolaises qu’elle désapprouvait la nomination du Général. Mandevu figurant sur la liste rouge des Nations Unies.
Selon les mêmes sources citées par RFI, dans les années 2010-2011, cet officier FARDC commandait des unités engagées contre les rebelles ougandais de la LRA et qui auraient, à cette occasion, commis de nombreuses exactions, meurtres et viols notamment.
On se souviendra aussi que dans un passé récent, la Mission onusienne qui conditionne son soutien aux Fardc avait refusé de travailler avec certains militaires congolais. Le cas le plus illustratif est celui du général Bosco Ntaganda, intégré dans l’armée après 2009 pour conduire l’opération » Umoja Wetu » aux côté de John Numbi.
L’opération militaire contre les FDLR est unilatérale, mais la Monusco pourra toutefois apporter son appui aux FARDC en cas de nécessité.
Mais dans les coulisses des Nations unies, on ne cache pas un certain malaise devant le choix porté sur le général Mandevu pour conduire cette opération délicate. La promesse faite par les autorités de Kinshasa de remplacer cet officier décrié n’a donc pas été tenue par Kinshasa.
Pourtant, le 7 janvier 2015, Ban Ki-moon avait eu à s’entretenir au téléphone avec joseph Kabila, le président de la RDC. Au menu de cet entretien figurait entre autres la traque des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
Une opération qui tardait à se déclencher malgré l’expiration le 2 janvier de l’ultimatum accordé à ce groupe armé par les pays de la région pour qu’il dépose les armes.
Selon les Nations unies, « cinq jours avant l’expiration de l’ultimatum, seulement 25 % sur les 1 400″ combattants estimés des FDLR ont déposé volontairement les armes ».
» En République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs, » nous devons mener une action décisive, notamment neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) pour que la paix et la stabilité puissent être rétablies « , a déclaré Ban Ki moon à la tribune de l’UA, insistant sur le fait que les signataires de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération doivent tous tenir leurs engagements.
Le Secrétaire général de l’ONU s’est félicité de l’annonce par le gouvernement de la République démocratique du Congo du début des opérations militaires contre les rebelles FDLR et a souhaité des résultats concrets sur le terrain.
» Malgré les progrès réalisés par les FARDC, soutenues par la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO), des dizaines de civils ont été tués ces derniers mois dans la région de Beni « , a déclaré M. Ban dans un discours lors d’une réunion du Mécanisme régional de surveillance de l’Accord-cadre sur la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, en marge du Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba.
» Cette tragédie montre combien il est important d’éradiquer tous les groupes armés illégaux de la région. Je salue votre détermination à user de la force militaire contre les FDLR « , a fait remarque le SG de l’ONU dans son message aux pays de la région.
Le chef de l’ONU s’est également dit préoccupé par les lents progrès dans la mise en œuvre des Déclarations de Nairobi, notant que plus d’un an après la signature de ces déclarations, l’amnistie et le rapatriement des anciens combattants du M23 et d’autres groupes armés n’ont pas été achevés.
C’est pourquoi il a exhorté les autorités de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda à intensifier leurs efforts « pour achever ce processus dès que possible ».
pessimisme
En marge du sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine, qui s’est achevé samedi 31 janvier à Addis-Abeba, il y a eu une réunion d’évaluation de l’accord-cadre pour la paix dans la région des Grands Lacs, et particulièrement à l’Est de la RDC.
Rencontre qui a été présidée par le Sécrétaire Général de l’ONU, en présence du président tanzanien, du vice-président angolais et du commissaire paix et sécurité de l’UA.
Au cours de cette réunion à huis clos, la lutte contre les FDLR a été au centre du débat. Cette lutte unanimement saluée doit se dérouler, selon le communiqué final, dans le strict respect des droits des populations civiles.
Un absent de marque dans cette réunion de suivi était le président rwandais, Paul Kagame et sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. Pourtant ils étaient présents à l’ouverture du sommet des chefs d’Etat la veille.
Pour le Rwanda, il s’agissait d’une réunion de trop, et le temps ne doit plus être aux discours, mais aux actes.
Par Godé Kalonji Mukend