SITUATION DU MARIAGE D’ENFANTS EN AFRIQUE LA RDC CONNAIT UNE DIMINUTION DES TAUX PENDANT LES 30 DERNIÈRES ANNÉES

Lundi 30 novembre 2015 - 06:11

L’Union africaine a organisé du 24 au 27 novembre à Lusaka en Zambie le sommet de la fille africaine. Au cours de cette rencontre, l’UNICEF a publié un rapport sur la situation du mariage d’enfants en Afrique. Ce rapport note qu’en République Démocratique du Congo il y a eu une diminution des taux de mariage d’enfants pendant les trente dernières années, mais les progrès restent tout de même lents. Cette pratique persiste et est liée entre autres au phénomène des grossesses précoces, fait savoir le rapport. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS 2013-2014), 37,3 % de femmes âgées de 20 à 24 ans étaient déjà en union avant d’atteindre l’âge de 18 ans et 10 % l’étaient avant l’âge de 15 ans.

Conscient de cette situation, le Gouvernement de la RDC a lancé la campagne pour mettre fin aux mariages d’enfant le 15 mai dernier et pris l’engagement de développer un Plan d’Action National pour mettre fin à cette pratique néfaste. Les interventions définies dans ce plan pour contrer les mariages des enfants incluent une coopération de tous les acteurs à tous les niveaux (international, national, communautaire, individuel). 
D’après ce document de l’UNICEF, ces interventions portent entre autres sur l’amélioration de l’accès à un enseignement primaire et secondaire de qualité, à la fois pour les filles et pour les garçons ; l’uniformisation à 18 ans de l’âge légal de mariage autant pour les garçons que pour les filles ; et la promotion des normes sociales et culturelles positives à travers une forte mobilisation des filles, des garçons, des parents (pères et mères) ainsi que des dirigeants politiques et responsables administratifs. Il est aussi question de l’appui aux enfants déjà mariés à travers des possibilités de scolarisation et/ou de formation professionnelle sans oublier l’accès à des informations sur la santé reproductive.

Le plan d’action couvrira une période de 5 ans (2016-2020) et a été élaboré avec la participation des enfants venus de plusieurs provinces de la RDC, fait remarquer la source. Ce plan, précise l’Unicef, va constituer le cadre de référence pour tous les acteurs, à tous les niveaux, pour agir autour de la problématique du mariage d’enfants et pour trouver des solutions durables pour réduire le nombre de mariages des enfants en RDC.

A l’instar de ce plan d’action, ajoute la source, un programme commun ( Union Européenne, la RDC, l’UNICEF, le FAO et la Coopération allemande) est mis en œuvre. Ce programme novateur nommé Femmes et Hommes, progressons ensemble est mis en œuvre depuis 2014 dans le cadre de l’initiative pour lutter contre les violences liées au genre en RDC à travers une approche holistique et durable. Cette approche vise à agir sur les causes profondes des violences basées sur le genre en vue d’obtenir des résultats durables dans la perception du rôle et de la position de la femme et de l’homme dans la société congolaise, souligne le rapport. 
Deux adolescents de la RDC ont pris part à ces assises de la Fille Africaine à Lusaka, en Zambie. 

LE MARIAGE D’ENFANTS DIMINUE LEURS PERSPECTIVES DE MENER UNE VIE SAINE ET REUSSIE

" Le mariage d’enfants crée des normes qui sont devenues de plus en plus difficiles à éliminer, des normes qui diminuent la valeur de nos femmes ", a déclaré Nkosozana Dlamini Zuma, la Présidente de la Commission de l’Union Africaine. "En prenant mieux conscience du problème, et en s’appuyant sur un processus de collaboration, on peut éradiquer les effets dévastateurs du mariage d’enfants", a-t-elle ajouté. 
Selon le rapport, les progrès ont aussi été profondément inégaux : Une fille appartenant au quintile le plus pauvre a la même probabilité d’être mariée pendant son enfance aujourd’hui qu’il y a vingt-cinq ans.
Quand les enfants sont mariés, leurs perspectives de mener une vie saine et réussie diminuent considérablement, enclenchant souvent un cycle de pauvreté intergénérationnel. Les filles mariées pendant leur enfance ont moins de chances d’achever leur scolarité, risquent davantage d’être victimes de violences et d’être infectées par le VIH. Les enfants de mères adolescentes ont un plus grand risque d’être mort-nés, d’avoir un poids insuffisant à la naissance ou de décéder juste après. Les filles mariées pendant leur enfance sont souvent dépourvues des qualifications nécessaires pour trouver un emploi, dénonce la source. 
Le directeur général de l’UNICEF estime que : " Le nombre même de filles concernées, et ce qu’il signifie en termes d’enfances perdues et d’avenirs brisés, souligne à quel point il est urgent de bannir la pratique du mariage d’enfants une bonne fois pour toutes ". Pour Anthony Lake : " Les données montrent clairement que pour mettre fin aux mariages d’enfants, il faut prendre des mesures encore plus ciblées pour que les filles les plus pauvres et les plus marginalisées, celles qui ont le plus besoin d’aide et sont les plus exposées aux risques, puissent avoir accès à une éducation de qualité et à toute une gamme de services de protection. " Selon lui, leurs vies et l’avenir de leurs communautés sont en jeu. Chaque mariage d’une fille pendant son enfance est une tragédie personnelle. Une augmentation de leur nombre est intolérable, a déploré Anthony Lake. Mathy MUSAU