Avec la disparition de ce personnage-clé, le procès ne va-t-t il pas battre de l’aile ?
Les audiences de l’affaire de l’assassinat du général Mamadou Ndala se sont poursuivies hier dans la ville de Beni où s’est transportée depuis lundi dernier la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu. Cependant un prévenu considéré comme le personnage-clé de cette énigme a manqué au rendez-vous. Et pour toujours. Selon des sources locales, les chauffeur de Mamadou Ndala était souffrant. Mais ce qui est sûr, c’est que cette mort compromet l’éclatement de la vérité sur l’assassinat du colonel Mamadou Ndala.
Il s’agit du sergent-major Ngabu, chauffeur de Mamadou Ndala, celui-là même qui du volant a de visu assisté à toute la scène macabre de l’attaque criminelle. Il n’est pas venu à l’audience car il est décédé hier même vers 5 heures du matin de manière mystérieuse dans des conditions non encore élucidées à ce jour.
Pourtant le sergent-major Ngabu est indiscutablement la pièce-maîtresse de cette scabreuse affaire. Il en sait long et on le soupçonne mais sans encore des preuves d’avoir donné le renseignement sur l’itinéraire de Ndala. Cependant le Ministère public ne le poursuit encore que pour la prévention de non-assistance à personne en danger.
C’est lui qui est le premier à comparaître lundi dernier devant la Cour opérationnelle. Sa déposition a donné une idée claire du rôle qu’il peut avoir joué dans l’affaire. Par exemple il s’est inextricablement contredit entre ses déclarations faites sur Pv auprès du Ministère public (OMP) et sa déposition devant la Cour.
Devant l’OMP, Ngabu a soutenu que la Jeep de Mamadou Ndala avait pris feu au moment de l’attaque à la roquette. Alors que avant-hier, devant la Cour il remet en cause ses propres affirmations faites à l’OMP en alléguant qu’on l’avait forcé à le faire.
POURQUOI LES CONTRADICTIONS ?
On voit bien qu’il s’agit d’un personnage-clé du dossier dans la mesure où il fallait découvrir pourquoi il se contredit et qui lui fait des pressions pour le faire. C’est toujours lui, le sergent Ngabu qui devait aider la Cour à déterminer à quel moment la Jeep 4X4 de l’infortuné a pris feu, à l’impact du projectile ou après, après combien de temps.
Car le Parquet le soupçonne lui, le sergent-major Ngabu d’avoir mis le feu à la Jeep du colonel Ndala et d’avoir subtilisé les biens qui s’y trouvaient. D’où ses contradictions frappantes du moment où la Jeep a pris feu. Comme on le voit, tous les questionnements pour établir le déroulé de l’attaque passent par ce chauffeur de Mamadou Ndala. Il emporte cette vérité dans l’au-delà.
Sa mort qui intervient à un très mauvais moment, là où il n’avait pas encore vidé son sac va assurément conduire le procès à battre de l’aile. D’où vient alors cette mort très mystérieuse qui va gêner la bonne évolution de l’affaire.
La mort de Ngabu qui en sait beaucoup sur celle de son chef, le colonel Mamadou Ndala est considérée comme une énigme dans l’énigme. Par ailleurs, la Cour a aussi dans son viseur d’autres membres de l’entourage de Mamadou Ndala. Il s’agit des deux adjudants, ses garde-du-corps, qui ont comparu hier comme renseignants.
Le premier, dénommé Safari Baga se trouvait avec le colonel Mamadou Ndala sur la Jeep. C’est ce dernier qui avait la charge de la mitrailleuse lourde. L’OMP le considère avec raison comme le suspect N°1 dans l’affaire. C’est lui aussi qui pourrait avoir donné l’information sur l’itinéraire du convoi.
LA JEEP EN FLAMMES
On aimerait savoir pourquoi lui qui avait la main sur la gâchette de la mitrailleuse lourde et qui a vu la scène d’assassinat qui se déroulait sous ses yeux n’a tiré aucune rafale de ces munitions de 18 mm qui pouvaient raser tous les assaillants se trouvant dans son champ de vision.
Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Qu’a-t-il fait dans l’entretemps quand on sait que par la suite la Jeep a pris feu. Car, son collègue, l’adjudant Ndongala qui a comparu aussi hier comme renseignant déclare que lorsqu’il est arrivé sur le lieu, il a trouvé la Jeep en flammes avec Mamadou Ndala à bord. Il poursuit qu’il était impossible de secourir l’infortuné.
Dans cette affaire, le Parquet militaire poursuit 20 personnes impliquées dans l’assassinat du général Mamadou Ndala. Mais seulement douze sont présentés devant la Cour, les autres sont jugés par défaut. Il y a aussi le colonel commandant- place Beni et l’autre colonel, celui du Bureau 2 de la même garnison qui sont aussi impliqués.
Là c’est au niveau des officiers supérieurs qu’on n’a pas encore entendus dans l’instruction juridictionnelle devant la Cour. Ces deux officiers supérieurs auraient-ils fait partie des concepteurs de l’embuscade dans laquelle Mamadou Ndala a trouvé la mort ?
Mais tout cela n’est encore que supputations qu’il faut étayer avec des preuves inattaquables, c’est ce que doit déterminer la Cour opérationnelle. Celle-ci connait des affaires miliaires dans des zones opérationnelles en premier et dernier ressort.
Ses Arrêts sont donc sans appel. Pour cette raison, elle est obligée de mettre les bouchées doubles pour mettre la loi rien que la loi au centre de son mandat, de dire le droit, le bon droit. Ce qui conduirait à un jugement qui laisse pas un goût d’inachevé dans la bouche des justiciables. La Cour juge une et une seule fois, ce qui veut dire qu’il n’y aura pas une autre instance pour corriger d’éventuelles erreurs. Un défi de toute la nation. KANDOLO M.