Selon le Centre pour la Gouvernance : Le carnage de Beni confirme la fragilité du Congo

Vendredi 24 octobre 2014 - 12:16

La Monusco appelée à bien s’acquitter de son mandat et à se déployer dans les zones en proie à l’activisme des groupes armées.

Les tueries d’une rare cruauté perpétrées début octobre dans les localités de Eringeti, Oïcha, Kabasha, en territoire de Beni-Oïcha et aux quartiers Ngadi et Matonge, dans la ville de Beni, sont la preuve de l’extrême et persistante fragilité des forces de sécurité congolaises, a déclaré le Centre pour la Gouvernance (CEGO) dans un communiqué publié le 21 octobre courant.

Ces assassinats qui ont fait une centaine de victimes parmi la population civile sont intervenues quelques semaines après la proclamation du succès des opérations militaires SOKOLA dans la même zone. Ils trahissent également les limites de la stratégie de recours à la force comme unique méthode de lutter contre la persistance et la prolifération des groupes armés en République Démocratique du Congo.

Le centre pour la Gouvernance note aussi avec préoccupation que cette brusque dégradation de la situation sécuritaire contrarie profondément les déclarations officielles faisant état de la reprise, de la maitrise et du contrôle des bastions de la prétendue rébellion ougandaise de Allied Démocratic Forces/National Army for Liberation of Uganda, ADF-Nalu, à l’issue des opérations « SOKOLA 1 » lancées et menées avec pompe par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC et accompagnée par une campagne médiatique systématique.

Le décès de Mamadou Ndala, élément déclencheur

Pour le CEGO, les opérations « Sokola » étaient minées depuis longtemps par d’autres facteurs bien plus inquiétants, y compris parla mort brutale et non clarifiée des officiers Mamadou Ndala et Lucien Bahuma, le non-paiement régulier de la solde des militaires engagés au front et surtout l’implication des officiers dans le commerce illégale des ressources naturelles (bois, or et coltan), ainsi que dans diverses opérations de fraude douanière.

Tous ces facteurs, en croire la même source, ont contribué à la détérioration générale du climat de confiance au sein des troupes engagées dans l’opération « Sokola ».

D’après des sources locales citées par CEGO, les officiers généraux déployés dans la région se livrent régulièrement à des querelles intestines liées à lapratique du commerce des ressources naturelles dans la région, lequel commerce est financé par les fonds qui devraient servir au paiement de la solde du militaire.

Parmi les autres cause de la détérioration du climat au sein des FARDC, CEGO cite notamment la décision du Gouvernement congolais de relever les éléments de l’Unité de Réaction Rapide (UPR) commandée anciennement par le Colonel Mamadou Ndala et de les remplacer par des éléments moins aguerris et dépourvus de moyens de subsistance.

CEGO relève aussi que la tendance quasi-continuelle de recourir à la force pour la neutralisation des groupes armés s’est toujours soldée par des dérapages aux conséquences incalculables contre les populations civiles prise pour cible par les parties au conflit et accusées de pactise avec l’adversaire ou de refuser à dénoncer la présence de collaborateurs parmi elle. Cela a occasionné la mobilisation des jeunes pour se protéger contre les actes de répression des forces de sécurité nationales ou les représailles de la part des groupes armés étrangers actifs dans la partie orientale du pays.

St/désespoir

Le Centre craint que l’insécurité grandissant et les appels des communautés à l’autodéfense ouvrent la voie à la prolifération et à la persistance des groupes armés avec pour risque majeur les atteintes aux droits de l’homme comme cela fut le cas dans le Sud de Lubero, lors de la traque des éléments FDLR et des milices locales du Général autoproclamé KAKULE SIKULI Lafontaine.

CEGO estime par ailleurs que les espoirs nés de la signature de l’Accord-cadre pour la Paix, la Sécurité et la Coopération en RDC et dans la région des Grands Lacs sont entrain de se volatiliser, pour au moins deux raisons majeures. D’une part, la MONUSCO peine à se déployer dans la région malgré la présence en son sein d’une Brigade d’intervention dotée d’un mandat d’user de la force contre les groupes armés. D’autre part, les contradictions entre la MONUSCO et les FARDC sur l’approche militaire à mettre en œuvre ainsi que sur les groupes armés devant être la cible prioritaire des actions armées conjointes, ne sont pas de nature à contribuer efficacement au rétablissement de la paix et de la sécurité dans la partie orientale du pays

L’hypocrisie est le mot qui caractérise le mieux la mise en œuvre des engagements pris aux termes d l’Accord-cadre par les différentes parties prenantes, en ce qui concerne la neutralisation des groupes armés.

CEGO signale que la RDC et d’autres Etats de la région semblent incapables de sortir du cercle vicieux constitué par la succession des ultimatums aux groupes armés et des conditionnalités posées par les leaders de certains de ces groupes armés étrangers.

Ce Centre ne manque pas de s’interroger sur les bienfaits de prétendus prêts, soutien ou accompagnement annoncé par différents partenaires bi et multilatéraux de la RDC pour la mise en œuvre de la Réforme du Secteur de Sécurité (RSS) pendant que les forces de sécurité congolaises affichent des graves dysfonctionnements et une extrême fragilité quant à la capacité réelle d’assumer ou de prendre à charge la sécurisation du territoire nationale.

C’est pourquoi, le Centre pour la Gouvernance invite les autorités de Kinshasa à prendre des dispositions pour mettre fin à l’insécurité grandissante dans le territoire de Beni ainsi que dans d’autres contrées de la République.

Kinshasa est aussi appelé à enquêter sur l’origine réelle des attaques et massacres contre les populations civiles de Beni et engager les poursuites contre les auteurs et complices de ces massacres.

Dans le même cadre, la Mission de l’Onu pour la Stabilisation du Congo, particulièrement la Brigade d’Intervention est priée de bien s’acquitter de son mandat et de se déployer dans les zones en proie à l’activisme des groupes armés, particulièrement en Territoire de Beni.

Quant aux Pays de la Région, CEGO les invite à s’employer activement à la mise en œuvre des engagements pris au terme de l’Accord-cadre, particulièrement en ce qui concerne la neutralisation des groupes armés, y compris l’interdiction de leur apporter tout soutien ou appui de quelques nature que ce soit et d’engager les poursuites contre les auteurs de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

GODE KALONJI MUKENDI

 

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