Un bateau de la compagnie ACT Bisenginama effectuant la liaison Bukavu-Goma sur le lac Kivu a pris feu le lundi 8 septembre 2014. Radiookapi a annoncé que l‟embarcation qui voyageait la nuit, d‟une capacité de 214 tonnes avait dans son ventre des marchandises de près de 30 tonnes dont il ne reste plus rien. Tout étant parti en fumée.
Heureusement, notre confrère ajoute qu‟en dehors des dégâts matériels occasionnés par le feu, le professionnalisme du capitaine du bateau a permis de sauver les soixante passagers. Ainsi, l‟on ne déplore aucune perte en vie humaine. Le sinistre, indique-t-on, serait parti de la salle des machines. Au Kivu, le lac est la voie la plus sûre pour relier les deux provinces. La perte de ce bateau, anciennement connu sous le nom de « Général Tombeur » risque de fragiliser les échanges commerciaux entre ces deux entités. Pour de gros tonnages de marchandises, il ne reste désormais que le vieux rafiot «Karisimbi» qui ne peut pas satisfaire la forte demande locale. Bonne nouvelle, on apprend que le programme de réhabilitation initié par le gouvernement pour les bateaux de l‟Ex- Onatra commence à porter des fruits. Pour preuve, ce week-end déjà, les premiers tests de fiabilité vont être effectués sur l‟ITB Kokolo sur le trajet compris entre le port central de l‟ex-Onantra et Maluku pour voir ce qui a été fait au chantier naval. Vu l‟enclavement dans lequel vit la République démocratique du Congo sur les différents moyens de transport, le gouvernement doit mettre les bouchés doubles afin de réhabiliter tous les moyens et les voies de communication pour permettre la mobilité de biens et des personnes en toute sécurité dans les quatre coins du pays. Une fois de plus, comme le nez au milieu du visage, cet énième accident survenu sur la voie lacustre qui met en cause un engin moteur en République démocratique du Congo, vient de nouveau poser un sérieux problème du niveau de sécurisation observé sur tous les engins à moteur circulant ou naviguant en République démocratique du Congo. Car, plusieurs fois dans le passé, le niveau de sécurité a déjà montré ses failles et ses limites dans plusieurs tragédies où on a déploré beaucoup de perte en vies humaines et en matériels. Le drame de Sange, dans la même province du Sud-Kivu reste encore très vivace dans la mémoire un soir de la fin de la coupe du monde en Afrique du Sud en 2010. Que ce soit sur route, sur les rails, par la voie des airs et sur l‟eau, le problème de la sécurité se pose avec acuité et de même nature. Sur la route, en cas d‟incendie, les véhicules en circulation sont rarement équipés de premiers moyens de secours que sont les extincteurs, capables d‟étouffer les premières étincelles une fois déclarées. Parfois, ce sont les passants avec les moyens de bord qui tentent vainement d‟éteindre le feu avec du sable ou des seaux d‟eau. Sur le fleuve ou le lac, en cas de détresse, c‟est en ce moment-là que les équipages se rendent compte que ces embarcations n‟ont aucun moyen de secours à bord. Pas de bouée de sauvetage ou insuffisant par rapport au nombre de passagers, pas de canaux de secours pour évacuer les passagers vers les berges. Et en cas d‟un feu déclaré, impossible de l‟éteindre rapidement. Comme dans le cas des embarcations qui font les navettes sur le fleuve et ses affluents, les passagers préparent à ciel ouvert sur les barges. Et un incendie est vite arrivé. Dans cette situation, comment alors lutter efficacement contre le feu qui se déclenche ? Sur les rails, la vétusté du train et le non entretient des voies ferrées et de signalisations sont de dangers permanents. Par les airs, de manière ironique, les Congolais appellent ces aéronefs à la sécurité douteuse de « foula-foula volant ». Une fois à bord, il faut prier le bon Dieu que rien ne vous arrive. Parmi les nombreuses questions que le commun de mortel se pose est de savoir comment autorise-t-on ces engins de rouler, naviguer ou voler sur le territoire congolais ? Et qui l‟autorise sur base de quelle expertise ? pourquoi n‟exige-t-on pas le même niveau de sécurité comme ailleurs ? Depuis un certain moment, tout le monde se rend compte que la mesure prise par le gouvernement d‟importer de véhicules de plus de dix semble être suivi de beaucoup d‟amélioration. A travers le pays, on voit de moins en moins rouler de taxis d‟un certain âge. Pourquoi ne pas aussi l‟élargir à d‟autres moyens de transport ? La question reste toute entière, aux décideurs de voir ce qui est faisable pour que ces types de drames soient moins fréquents. Car, comme partout ailleurs à travers le monde, la sécurité optimale n‟existe pas.