En dépit du tollé enregistré à Kinshasa suite à l’initiative prise il y a presque deux mois par quatre Congressmen américains de faire sanctionner des personnalités congolaises en raison de leur implication dans le blocage du processus électoral pour les unes et les atteintes aux droits humains pour d’autres, les USA semblent déterminés à aller jusqu’au bout de leur logique. Les pressions américaines sur les décideurs politiques congolais viseraient sans doute à les amener à respecter le délai constitutionnel fixant les élections présidentielle et législatives nationales au mois de novembre 2016.
Washington est passé à l’action, alors que la Résolution 780, en souffrance à la Chambre des Représentants et exigeant des sanctions ciblées contre des responsables congolais, n’est pas encore votée au niveau de cette institution. En effet, hier jeudi 23 juin 2016, un premier nom de la liste présumée de plus d’une trentaine de « personas non gratas » est sorti de l’ombre. Il s’agit de celui du général Célestin Kanyama, Commissaire provincial de la police pour la ville de Kinshasa.
Selon John Smith, Directeur du Bureau de Contrôle des Avoirs des Etrangers au Département du Trésor, les avoirs de cet officier supérieur de la Police Nationale Congolaise « basés aux Etats-Unis ou en possession des citoyens américains sont gelés». Le communiqué qu’il a fait parvenir aux médias indique que « tous les citoyens américains ont interdiction d’effectuer des transactions avec lui ».
Le général Kanyama, indique-t-on, est épinglé à la suite de son implication dans les dérapages de l’opération « Likofi » dirigée contre des marginaux communément appelés Kuluna, mais aussi dans la répression violente des manifestations politiques pacifiques à Kinshasa. On estime notamment que sa personne est étroitement mêlée
aux arrestations, violences et tueries enregistrées lors des manifestations de janvier 2015 à Kinshasa, lors de la contestation par l’opposition ainsi que de nombreux Kinois et Kinoises de l’incise controversée de la loi électorale conditionnant la tenue des élections au recensement préalable de la population.
A ce sujet, le directeur du contrôle des avoirs étrangers au Département du Trésor souligne : « Alors que le dernier mandat constitutionnel du président Kabila approche de sa fin, en décembre, le régime est engagé dans un schéma répressif, avec des arrestations d’opposants et la répression violente des manifestations politiques,
afin d’éviter la programmation des élections nationales ».
S’agissant des événements de janvier 2015, on peut lire que « plus de 40 personnes ont été tuées…dont au moins 20 par arme à feu et par les forces de sécurité… Les manifestants protestaient contre des modifications de la loi électorale, dont de nombreux Congolais pensaient qu’elles allaient permettre au président Kabila de rester au-delà de la limite de deux mandats constitutionnels ».
Mende et Kikaya protestent
Réagissant à la décision américaine de geler les avoirs du général Kanyama aux Etats-Unis, Lambert Mende, ministre de la Communication et Médias, a exprimé sa vive protestation contre ce qu’il considère comme une tentative de substitution de la souveraineté de la RDC par sa mise sous tutelle américaine. Il a dit haut et fort qu’un gouvernement étranger n’a pas le droit de sanctionner un fonctionnaire congolais, quelle que soit la gravité des faits mis à sa charge. Il a souligné qu’aucun Congolais ne devrait tolérer pareille initiative. Il a fait savoir, dans la foulée, que le Conseiller Diplomatique du Chef de l’Etat congolais, Barnabé Kikaya, était en instance de se rendre à Washington, afin d’aller protester, de vive voix, auprès des autorités américaines, contre la décision prise à l’endroit du général Kanyama.
Quant à Kikaya lui-même, il a relevé que l’acte que venaient de poser les Etats-Unis était inamical et de nature à empoisonner les relations entre ceux-ci et la République Démocratique du Congo.
KIMP