Refusant de tirer leçon des derniers évènements au Burkina Faso, en RDC et au Burundi, l’homme fort du Rwanda vient d’initier une pétition de 2 millions de signatures pour se représenter à la présidentielle de 2017 en violation de la Constitution
Les Africains ne cachent plus leur hostilité contre toute tentative de leurs dirigeants de violer la limitation de mandats que leur reconnaît la Constitution de leur pays. Les Burkinabé viennent de le démontrer en chassant du pouvoir Blaise Compaoré coupant ainsi court à son projet funeste de revoir la Constitution de ce pays.
Les Congolais et les Burundais viennent aussi de le faire respectivement en faisant échec au projet de révision constitutionnel initié par Kinshasa et en paralysant Bujumbura par des manifestations monstres. Cela devrait suffire pour décourager les dictateurs africains qui tentent de résister à l’alternance.
Malheureusement, tel n’est pas le cas au Rwanda dont l’actuel homme fort, Paul Kagame, vient d’afficher sa volonté de réviser la Constitution de ce pays qu’il dirige d’une main de fer, en misant sur une parodie de pétition de deux millions de signatures, afin de négocier un autre mandat en 2017, en violation de la loi fondamentale rwandaise.
C’est ce qui ressort des révélations faites le mercredi 27 mai 2015 à l’AFP par Donatilla Mukabalisa, présidente de la Chambre des députés du Rwanda, en déclarant que l’institution qu’elle dirige a reçu environ » deux millions de demandes de la population pour la révision de l’article 101 de la Constitution portant sur la limitation du nombre de mandats présidentiels « .
A en croire la même source, c’est du 5 juin au 4 août de l’année en cours que les deux Chambres du parlement rwandais dominées par le FPR, parti au pouvoir, vont se prononcer sur les suites à donner aux fameuses pétitions en séance plénière.
Dans les rangs du parti au pouvoir au Rwanda, on laisse entendre que ces demandes qui représentent près de 17% de la population rwandaise affluent depuis plusieurs mois sous la forme de » pétitions spontanées « .
Les appels se multiplieraient actuellement au sein du parti au pouvoir pour appeler les Rwandais à signer ces pétitions tout en présentant Paul Kagame comme le » président actif, efficace, artisan des succès économiques du Rwanda et protecteur de la population « .
Quant à Paul Kagame lui-même, il reste évasif sur la question, se contentant d’affirmer que » c’est au peuple rwandais que revient le pouvoir d’exiger un tel changement « .
Mais l’Opposition rwandaise malmenée par le régime de Paul Kagame crie à la tricherie et voit derrière cette démarche une mise en scène visant à faire croire à l’opinion internationale que le changement constitutionnel est souhaité par le peuple et donner ainsi au dictateur de Kigali l’opportunité de solliciter un enième mandat en 2017 en violation de la Constitution.
Pour rappel, la Constitution rwandaise limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Elle interdit donc à Paul Kagame de solliciter un troisième mandat, quand on sait que l’homme qui tient les rênes de ce pays depuis le génocide de 1994 a été élu deux fois à la tête du Rwanda, notamment en 2003 et en 2010 respectivement avec 95% et 93% des voix !
Vouloir modifier la Constitution rwandaise par le truchement des pétitions est déjà considéré comme une tentative de violer la loi fondamentale du Rwanda qui, soit dit en passant, ne mentionne pas formellement ce genre de réforme, même si elle reconnaît que l’initiative d’une révision revient au Chef de l’Etat ou à chacune des deux chambres du parlement.
Comme on le voit, la région des grands lacs est en pleine crise électorale qui nécessite bien l’attention particulière de la communauté internationale et des décideurs de ce monde.
Par Dieudonné Mbuyi K