Une année après la fermeture de Canal Kin Télévision (CKTV), l’ARPTC décide de retirer la fréquence à Canal Congo télévision (CCTV) pour l’attribuer à la société StarTimes Média. Une mesure qui fait déjà polémique à Kinshasa. Certains y voient l’ombre de Thomas Luhaka, ancien proche de Jean- Pierre Bemba. Décryptage!
L’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) a décidé de céder la fréquence de CCTV à la société StarTimes Média. Dans une correspondance datée du 22 janvier 2016, cette télédistribution d’origine chinoise a signifié au directeur général de la chaine concernée que sa fréquence (690 MHz/686-694) a été assignée à sa société.
Cette nouvelle, comme un coup de théâtre, bouleverse le personnel de la chaîne. Ce dernier affirme que l’autorité de régulation avait notifié plusieurs médias au sujet du retrait de fréquences. Mais ce qui étonne, c’est cette sélection quasi chirurgicale de la chaine CCTV. Du coup, des observateurs de la question et des journalistes concernés tentent de pousser leur logique plus loin.
Luhaka serait-il impliqué? Si la décision de 1’ARPTC est entérinée, la chaîne de télévision proche de l’opposition va cesser d’émettre. Une situation qui est directement ramenée sur le terrain politique. «Cela fait quinze ans aujourd’hui que les deux chaînes de télévision [CCTV et CKTV] proches de l’opposition cohabitent avec le régime de Kabila. Nous n’avons pas vu ce genre d’acharnement », explique un des journalistes de la chaîne. Pour eux, cette intention de museler les chaînes proches de Jean-Pierre Bemba pourrait venir d’ailleurs. L’on se rappelle que lors des manifestations du 19 au 21 janvier 2015, le gouvernement avait coupé le signal de certains médias audiovisuels, notamment Canal Kin Tv et RTCE (Radiotélévision Catholique Elikya) pour avoir diffusé un communiqué de l’opposition. Mais, seul le signal de la télévision catholique a été rétabli. Et aujourd’hui, dans la constellation de chaines averties par le retrait de fréquence, seule la chaîne CCTV est, encore une fois, frappée. Ce qui pousse certains observateurs à penser que la décision est foncièrement sélective. Avec pour objet funeste de nuire au Mouvement de libération du Congo, parti cher à Jean-Pierre Bemba.
D’ailleurs, ceux qui tentent d’impliquer Thomas Luhaka, Vice-premier ministre et ministre des Postes Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PT-NTIC) s’appuient sur ces faits. Serait-ce une vengeance politique de l’ancien secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC) contre son ancien mentor, Jean-Pierre Bemba ? Ou encore un moyen de museler son ancien parti afin de laisser libre cours à son MLC/Libéral ? Rien n’est sûr pour le moment. Mais ceux qui observent les sanctions négatives de ces deux médias semblent être incapables d’effacer l’ombre du patron des PT-NTIC dans cette affaire.
Par CN