En dépit de la présence d’une myriade de micro-sectes religieuses regroupant moins de cent adeptes, Matadi Kibala et même Kinsuka-Brikin, quartiers réputés baignés dans la religiosité, font face depuis des lustres aux vagues d’actes de banditisme commis d’une part, par les marginaux surnommés Kuluna, et d’autre part, par des malfaiteurs dont la caractéristique principale est qu’ils sont des éléments incontrôlés auxquels s’identifient quelques déserteurs.
Tous ces brigands agissant séparément allument le foyer de l’insécurité, au point que chaque nuit, on apprend que des bandits ont attaqué par-ci par-là, que les Kuluna ont agressé de nombreuses victimes. Seule recommandation échangée entre les habitants de ces deux quartiers résidentiels’ de Ngaliema évitez de vous aventurer très tard dans les rues sombres et sinueuses de Kinshasa. Car, on ne sait pas, quel type de bandit vous allez rencontrer!
Pour se faire une idée exacte de la montée de l’insécurité ambiante dans ce secteur, voici quatre agressions signées par ces redoutables bandits qui quelquefois, font reculer les policiers, lors de leurs interventions sur le terrain.
Le petit marché de Matadi Kibala a fermé ses portes depuis 18 heures. Les « bitula» (excroissances de petits marchés de la nuit) ont pris le relais. A leur tour, ces micro-restaurants de fortune quittent le lieu vers minuit, après avoir ravitaillé quelques célibataires noctambules et des saoulards dont un verre d’alcool pris de trop a taraudé l’estomac. Grillades, sauces fortement pimentées, des tartines de chikwangues et des boules de fufu (la bouillie de farine de manioc).
Au détour d’une ruelle, les mamans vendeuses sont interpellées par une bande de garnements âgés entre 18 et 23 ans, brandissant des objets contondants. Des barres de fer, des gourdins, des tessons de bouteilles. Bref, tout ce qui peut faire mal et blesser, voire tuer. Ils réclament les recettes de la nuit et les téléphones. Quatre dames tombent dans ce traquenard et ne peuvent se défendre à mains nues contre ces délinquants déchaînés, ivres de chanvre et d’alcool frelaté. Par pitié, leur butin amassé sans résistance, les Kuluna relâchent leurs victimes.
Samedi 22 août 2015. Bien qu’on lui avait conseillé de passer la nuit au deuil de sa tante maternelle, dans un quartier éloigné de son domicile, Nestor Ngafura, 43 ans, résidant à Kinsuka-Brikin, a pris le risque de prendre une moto pour le ramener chez lui. Assis sur la banquette derrière le motocycliste, Ngafura, tenancier d’un bar de ce quartier, a du se soumettre au tangage de la deux roues sur les routes tortueuses de Kinsuka. Avant de bifurquer sur une grande avenue, de l’ombre six gaillards ont surgi de l’ombre. Deux étaient porteurs des armes de guerre, et les autres en tenue civile. Etait-ce des AKA 47 ou des Kalachnikov ? Il, ne le sait pas, n’ayant aucune notion sur le type des armes de guerre utilisées par des brigands dans la ville de Kinshasa. Le « wewa » (motocycliste) et lui, personne n’a pu résister à cette attaque brusque des bandits. Les malfaiteurs ont arraché d’abord la moto, ainsi que les recettes réalisées cette nuit, avant de dépouiller Nestor Ngafura de son sac à main contenant près de 172.000 FC et 35 dollars. Sans compter ses deux téléphones de marques Samsung et Huawei.
Les bandits utilisent des armes de guerre et tirent pour effrayer les victimes
Il faisait déjà 2H45’ du matin: Abandonnés à leur triste sort, le « wewa » et son passager ont pris chacun une direction différente, regrettant d’avoir minimisé les risques d’agressions qui sont, quasi quotidiens aux heures indues sur certains tronçons réputés fiefs des malfaiteurs.
Ngafura a beau raconter sa mésaventure, les membres de sa famille ont tout simplement déploré son entêtement à se promener tard la nuit. De retour d’une visite familiale à Ngaba, Kudia Kubanza, commissionnaire immobilier de son état, est descendu d’un mini-bus vers 23 heures. Une heure de marche plus tard, il retrouvait sa maison à Matadi Kibala. Et pour une surprise désagréable, son épouse n’avait préparé que le fufu sans les légumes, ni les poissons. Cet incident est à la base de la dispute violente qui s’est engagée entre le 5ouple. Courroucé, l’homme a chassé la dame en la renvoyant nuitamment auprès de ses parents, sans autre forme de procès.
Sa valise sur la tête, Mme Mimi Kudia s’en ira chercher refuge chez une connaissance, dix avenues plus loin. Il était 3 heures du matin. Chemin faisant et seule, elle fera la rencontre de trois éléments incontrôlés qui se sont intéressés à sa valise contenant ses effets vestimentaires. Les bandits lui ont arraché tous ses habits et chaussures, puisqu’elle n’avait aucun sou sur elle. Doublement pénalisée, Mme Mimi a maudit cette nuit qui lui avait porté malheur. Car depuis cette nuit, son mari n’a plus eu besoin d’elle, ni accepté le pardon lui exprimé par les membres de famille et les connaissances.
Un gros sac contenant des produits pharmaceutiques.,, des pagnes et des blouses, ainsi que des pantalons, des chemises et des complets veste portant des étiquettes sur lesquelles ses noms étaient écrits, a été retiré à Limete, auprès de Mme Espérance, résidant en Belgique et en vacances à Kinshasa. Satisfait, M. Alphonse Labo a téléphoné à ses frères habitant Bruxelles pour les remercier. De retour à Matadi Kibala, le taxi l’a débarqué sur la grand’route. Il s’est juché sur une moto avec son gros sac sur la tête. Non loin de son domicile, un coup de feu. C’était le signal lui lancé par des bandits qui sont sortis des arbrisseaux bordant les murs de parcelles. Ils ont emporté le gros sac, et la motocyclette.
Une, fois de plus, les promenades nocturnes exposent aux risques d’attaques de malfaiteurs, aussi bien pour le motocycliste que pour ses passagers.
Par J.R.T.