
La Banque mondiale a présenté à Lubumbashi dans le Haut-Katanga, un rapport sur la situation économique de la République démocratique du Congo (RDC). Ce document insiste sur la nécessité de revoir le système d’incitations fiscales afin de favoriser une croissance plus inclusive, génératrice d’emplois et bénéfique aux populations les plus vulnérables.
En 2024, explique ce document dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD ce mercredi, la RDC a enregistré une croissance économique de 6,5 %, essentiellement tirée par l’exploitation du cuivre et du cobalt. Bien que ce taux place le pays parmi les économies les plus dynamiques du continent, il reste inférieur à la moyenne de 7,9 % enregistrée entre 2021 et 2023.
Cependant, cette performance demeure fragile. Le pays reste fortement dépendant du secteur extractif, dont la nature capitalistique limite la création d’emplois. Selon le rapport, seulement 3 % d’emplois nouveaux sont générés en moyenne chaque année, laissant la majorité des jeunes dans des activités informelles et précaires. Près de 73 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté.
Pour la Banque mondiale qui a présenté ce rapport aux membres de la fédération des entreprises du Congo dans le Haut-Katanga, l’un des leviers de réforme se trouve dans la politique fiscale. Le directeur pays, Cédric Deguenonvo, a insisté sur la nécessité de réévaluer les avantages accordés aux entreprises. Il a ajouté que les avantages fiscaux actuels profitent surtout aux grandes entreprises et aux ménages les plus aisés, renforçant ainsi les inégalités.
« Le rapport appelle à une évaluation de toutes les incitations fiscales pour arriver à un modèle qui encourage l’investissement et l’emploi. La réforme devrait permettre de rebalancer la structure de l’incitation fiscale pour qu’elle profite aux ménages les plus pauvres et aux petites entreprises plutôt qu’aux grandes. », a-t-il confié au micro de 7SUR7.CD.
Le secteur privé, principal moteur de la création d’emplois, est invité à s’impliquer activement dans le processus de réforme. Patrick Mulund, président provincial de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans le Haut-Katanga, a salué cette démarche de la Banque mondiale. Il a également exhorté les entrepreneurs à s’approprier le contenu du rapport.
« Avec ce rapport, le secteur privé peut s’engager auprès du gouvernement pour stimuler l’emploi et encourager les investissements. Lorsqu’on parle d’investissement et d’emplois, nul n’ignore que c’est le secteur privé qui est le moteur de la fourniture des emplois. Nous devons nous impliquer et accompagner ces réformes pour qu’elles soient mutuellement profitables », a-t-il précisé.
La Banque mondiale anticipe un ralentissement de la croissance à 4,8 % en 2025, en raison d’une baisse attendue de la production minière et de la persistance des conflits dans l’Est du pays. Un accroissement à 5,3 % est toutefois prévu d’ici 2027, porté par les investissements dans les infrastructures et la stabilité macroéconomique.
En mettant en avant la nécessité de rééquilibrer le système fiscal, la Banque mondiale espère favoriser une croissance plus équitable, où le dynamisme économique du secteur minier se traduit par une véritable amélioration des conditions de vie des Congolais.
Patient Lukusa, à Lubumbashi