Le double jeu du MLC avec le pouvoir est maintenant plus que flagrant avec la nomination avant-hier de son Secrétaire général Thomas Luhaka au poste de vice-premier ministre en charge des PT-NTIC.
Dans son édition d’août dernier 2013 (voir p. 2) peu avant la convocation des concertations nationales, CONGONEWS avait révélé le contact téléphonique secret de 3 heures entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba. Au menu de leurs discussions la participation du MLC aux Concertations nationales après le refus de principales forces politiques : UDPS et UNC notamment. Les deux personnalités avaient conclu un deal : participation du MLC aux Concertations nationales contre des espèces sonnantes et trébuchantes pour Jean-Pierre Bemba ainsi qu’un poste de vice-premier ministre pour son parti. Plus d’une année presque, jour pour jour, cette révélation de notre confrère CONGONEWS s’avère véridique. Le MLC fut donc le seul parti considéré comme véritablement de l’Opposition à avoir participé à ce forum politique Fair-Play, C-NEWS tire son chapeau à CONGONEWS. La nomination du Secrétaire Exécutif du MLC, Thomas Luhaka, comme vice-premier ministre n’étonne personne. Il est de notoriété publique que depuis la fin des Concertations nationales c’est Luhaka qui négociait, avec la bénédiction de Bemba, avec le pouvoir le quota de postes ministériels à attribuer au MLC. La nomination de Luhaka met en évidence les rapports incestueux entre le MLC et le pouvoir. Comment Bemba peut-il nommer à un poste aussi important que celui de Secrétaire exécutif de son parti, quelqu’un qui a épousé une parente de maman Sifa, la mère de Joseph Kabila. T. Luhaka est lié depuis longtemps par les liens matrimoniaux à Joseph Kabila. Tenez, lors de la proclamation de la victoire de Joseph Kabila en 2011, chez les Luhaka la clameur de joie était si forte qu’il avait demandé à sa famille de faire moins de bruit car c’était quand même la maison d’un opposant. Depuis longtemps, le confrère CONGONEWS attirait l’attention sur le fait que Luhaka était une taupe. Aujourd’hui les faits le démontrent. T. Luhaka n’a jamais fait un travail d’opposant à la tête du MLC. Lui préférait le métier d’historien sur les antennes de CCTV et de CANAL KIN. Chaque semaine, il passait son temps à raconter l’Histoire politique de la RD-Congo en lieu et place de faire des propositions alternatives et de mobiliser la population pour l’alternance. L’entrée au gouvernement de Luhaka a au moins le mérite de clarifier le jeu politique. Kabila a élargi sa Majorité présidentielle avec le MLC qui ne peut plus prétendre être un parti d’opposition. Le MLC sur ordre de Bemba aura beau jeu de le désavouer ou même de le radier, afin de duper l’opinion nationale en faisant passer cette entrée au gouvernement de Luhaka comme une ambition personnelle. Plus personne ne le croirait. Luhaka est au gouvernement pour le renflouer financièrement.
Deal avec Jacques Ndjoli
Ce n’est pas le premier ni le dernier deal entre Bemba et Kabila. N’ayant rien à gagner en 2011 Bemba avait conclu un accord avec Kabila dont la plaque tournante était Jacques Ndjoli, vice-président du Bureau de la CENI de Ngoy Mulunda. Le sénateur Jacques Ndjoli lors du scrutin présidentiel de 2011 avait fait chanter le pouvoir pendant plusieurs jours contestant la régularité du vote avant finalement d’apposer sa signature sur le procès-verbal des résultats des élections. En récompense, il reçut la somme de 500.000 USD avec laquelle il a acquis une belle villa dans le quartier huppé de Macampagne. Auparavant, toujours en sa qualité de vice-président de la CENI, il avait reçu une somme équivalente comme frais d’installation, avec laquelle il a acquis une autre villa toujours à Macampagne. Le pouvoir pour conditionner les membres du Bureau avait, via Ngoy Mulunda, remis à chacun d’eux la somme de 400.000 USD pour acheter une maison et 100.000 USD pour la meubler et faire quelques travaux. Reconnaissant envers le chairman du MLC qui l’avait désigné, Ndjoli lui avait retourné l’ascenseur en envoyait régulièrement de l’argent à sa femme Liliane Bemba. Après son mandat, Jacques Ndjoli accusé par ses amis de l’Opposition de « trahison » fut promu Inspecteur général au MLC par Bemba lui-même. Allez-y comprendre.
J-P Bemba égoïste
Mais le grand gagnant de ce jeu de chaises musicales, c’est le sénateur Bemba lui-même. Pour comprendre le MLC, il faut d’abord comprendre son président. La plupart de ceux qui ont travaillé avec lui le décrive qu’on une personne égocentrique et cupide. Bemba fait passer tout, y compris les intérêts de son parti et de la population, après ses propres intérêts d’abord. Ainsi depuis son exil forcé en 2007 suivi de son incarcération à la Haye, Bemba n’a jamais souhaité un leadership fort, en dehors du sien propre, à la tête du parti. Pour Bemba c’est lui et lui seul qui doit faire partir Kabila et personne d’autres. Il n’y a que lui que peut assouvir sa soif de vengeance contre le régime et personne d’autres. Illustration avec la brouille de son ex Secrétaire général, François Muamba, qui voulait l’investiture du parti dans la perspective de l’élection présidentielle de 2011, s’était entendu dire en 2011 par Bemba lui-même qu’il n’avait pas créé le MLC pour que cela profite à d’autres. « Kabila je m’en chargerai moi-même avait dit-il dit ». Bemba ne mise que sur son charisme personnel une fois dehors pour faire du MLC une machine politique redoutable. Avec cette attitude égocentrique, il sacrifie l’intérêt général à ses intérêts personnels et pécuniaires. Le talon d’Achille de Bemba c’est son rapport à l’argent. Et une fois de plus la décision de la participation du MLC aux Concertations comme celle de participer au gouvernement ne sont justifiées que par l’argent.
Pour rester incontournable, l’ex vice-président de la République s’accommode d’un parti faible et d’une opposition divisée. Raison pour laquelle, le MLC a toujours fait bande à part chaque fois que l’Opposition exigée une position commune face au pouvoir. Tant que lui Bemba ne sera pas au centre du jeu politique rien ne doit ou ne peut se faire. Mais en entendant son élargissement de la Haye à la CPI, le chairman entretient des relations incestueuses avec le pouvoir pour des raisons de lucre essentiellement. Le MLC officiel va désavouer Luhaka mais de manière officieuse il va continuer à traiter avec lui. En désavouant Luhaka le MLC compte ménager son électorat qui ne cesse de s’effriter. Cette fois-ci la combine ne passera. L’opinion ne se laissera plus dupée par le double jeu de Bemba. De l’aveu d’un sénateur lors d’une rencontre informelle Luhaka et les sénateurs MLC, ces derniers lui avaient demandé d’entrer au gouvernement, quitte à faire comme pendant le 1+4 désavouer Kabila vers la fin du partage de pouvoir. Si en 2006 cela avait fonctionné, pas sûr que ça marche en 2014. En fait c’est gouvernement dit cohésion nationale est un véritablement marché des dupes. Car les préoccupations des nouveaux ministres n’est pas de soutenir Kabila dans sa révision mais de s’en mettre plein les poches.
Boshab, le chantre de révision promu à l’Intérieur
Un autre fait intriguant dans ce gouvernement c’est la nomination du faucon Evariste Boshab au poste de vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et de Sécurité. Intolérant, il faut craindre la répression avec Boshab le champion de la révision de la Constitution. Kabila n’avait-il dit pas à Kingakati lors de la réunion voulue par le MSR sur la révision de la Constitution qu’il voulait « des combattants ». Boshab et Mbonso, thuriféraires parmi les thuriféraires du régime, font donc leur entrée au gouvernement. Willy Makiashi, Secrétaire du Palu hérite de la vice-primature en charge du travail. Ce portefeuille est moins prestigieux que celui du Budget qu’occupait Daniel Mukoko.
Les femmes grandes perdantes
Lors de son dernier discours devant le Congrès pour endosser les recommandations des concertations nationales, Kabila a vanté la parité. Il avait même préconisé de créer des circonscriptions électorales ad hoc pour promouvoir les candidatures féminines. On voit bien avec ce gouvernement que c’était que des mots. Le gender est vraiment sous représenté dans le gouvernement Matata II. Il n’y a que 3 ministres plein. Les 4 autres ne sont que des vice-ministres.
A part cet uppercut au gender, le gouvernent est aussi pléthorique car il compte 47 membres contre 35 dans l’équipe précédente. Une charge supplémentaire pour les finances publiques. En tous les cas ce n’est pas avec ce type de gouvernement que la cohésion nationale sera atteinte.