RDC- USA : la démission de Feingold ne change rien

Lundi 23 février 2015 - 10:05

Russ Feingold, envoyé spécial du président américain, Barack Obama, dans les Grands Lacs, a démissionné de son poste en fin de semaine dernière. On le dit très préoccupé par la prochaine compétition électorale au Sénat de son pays. En attendant la nomination de son successeur, les spéculations vont bon train au sein du microcosme politique congolais. Certains compatriotes voient dans son retrait une opportunité d’assouplissement de la position de Washington vis-à-vis du processus électoral congolais. Mais, pour les analystes politiques avertis, rien ne va changer dans la volonté des USA de considérer l’élection présidentielle comme la priorité des priorités à organiser avant la fin de l’année 2016, en vue d’un transfert apaisé et démocratique du pouvoir entre Joseph Kabila et son successeur.

Cela est d’autant vrai qu’avant que Russ Feingold ne se mette à faire pression sur les autorités congolaises pour le respect de la Constitution d’une part et, d’autre part, sur la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) en vue de la publication du calendrier électoral global, le Secrétaire d’Etat John Kerry en personne était venu à Kinshasa l’année dernière faire savoir aux gouvernants en place que son pays était contre toute modification de la Constitution et du nombre des mandats présidentiels en RDC ainsi que dans d’autres Etats concernés par des élections en Afrique à plus ou moins courte échéance (cas du Burkina Faso, du Bénin, du Togo, du Gabon, du Congo/Brazza de l’Angola, de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi, etc).
On se rappelle que lors d’une tournée dans quelques pays africains, peu après son élection à la tête des USA, Barack Obama avait déclaré sans ambages que l’Afrique avait besoin d’institutions fortes en lieu et place d’hommes forts. En d’autres termes, l’époque des présidents à vie étaient révolue. Peu avant le sommet USA-Afrique et surtout pendant cette rencontre au mois d’août 2014 à Washington, plusieurs responsables américains avaient répété aux présidents et délégués africains que l’Afrique devrait s’engager dans la voie de la démocratie classique, gage de son développement, de sa stabilité et de sa prospérité.
Le suivi, par les USA, du processus électoral en RDC ou dans d’autres pays d’Afrique n’est donc pas l’affaire d’une personne mais plutôt de l’ensemble de l’administration Obama, qui a levé l’option de ne plus fermer les yeux face aux régimes autoritaires et aux présidents aux mandats à durée indéterminée. L’accompagnement des peuples d’Afrique, dans leur volonté de décider eux-mêmes des hommes et femmes qui devraient les gouverner dans les années et décennies à venir, découle du souci des Etats-Unis d’Amérique de coopérer avec des partenaires stables politiquement, économiquement et socialement.

Quoique l’on dise et l’on pense, Kinshasa va rester dans le collimateur de Washington jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle, pour laquelle elle tient au respect des règles du jeu constitutionnellement fixées et à l’éclatement de la vérité des urnes. L’on peut dès lors penser que les différentes mises en garde lancées par Feingold en direction de tous ceux qui étaient tentés de vicier le processus électoral étaient le juste reflet des directives reçues du Secrétaire d’Etat John Kerry et du président Barack Obama. Pour avoir fait la sourde oreille au message de l’Once Sam, Blaise Compaoré a débarrassé le palier comme une feuille morte. S’agissant de Kinshasa, la rue a déjà donné un sévère avertissement aux partisans de la modification de la Loi électorale et du glissement du calendrier électoral.
Kimp.

 

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