Rapprochement UDPS-POUVOIR, Etienne Tshisekedi renverse la table des négociations

Lundi 14 septembre 2015 - 09:23

Sans grande surprise, les négociations politiques, d’abord sécrètes puis officielles, entamées quelques mois plus tôt, entre l’UDPS et le Pouvoir, viennent d’échouer. Dans un communiqué, daté du samedi 13 septembre, signé par Etienne Tshisekedi, président du parti, l’UDPS dit avoir « pris acte de l’échec des entretiens de Venise et d’Ibiza, ayant mis aux prises ses représentants à ceux du camp Kabila, et demandé à ses délégués de se retirer dès cet instant, de la table des négociations ». Curieusement ce document reste muet sur les raisons de ce revirement de l’UDPS qui soutenait, contre vents et marées, que la seule issue à la crise politique rd-congolaise c’est négocier avec la Majorité présidentielle.

Néanmoins, dans le communiqué de l’UDPS, ce parti dit redouter de voir « les acquis de ses longues années de lutte pour le changement démocratique » partir en fumée. Parbleu ! que lui aurait demandé le pouvoir pour aboutir à une telle conclusion ? Aucune réponse fournie dans ce document. Culottée, l’Udps, bien isolée dans l’opinion dans sa démarche, demande, de manière solennelle, aux autres forces politiques et sociales de se rejoindre à lui pour 3 choses : l’élaboration d’un calendrier consensuel et constitutionnel, l’organisation d’un processus électoral crédible et apaisé ainsi que le transfert pacifique du pouvoir. Elle vient de changer sa position du tout au tout. Illisible est le langage politique de ce parti historique. L’opinion a besoin de savoir de manière claire l’offre politique faite par le camp présidentiel à l’Udps qui a fait capoter les négociations. Le langage de bois qu’utilise l’Udps ne le sert pas du tout.

Même du côté de Félix Tshisekedi Tshilombo, farouche partisan des négociations avec le pouvoir, on y voit pas plus clair. S’exprimant sur les ondes de RFI, dans le journal de dimanche 23h30, le Secrétaire aux affaires extérieures de l’UDPS, parle vaguement « d’un complot » que le pouvoir est en train d’orchestrer contre les institutions. Félix Tshisekedi accuse le pouvoir de faire semblant de discuter alors qu’il est en train de manipuler la CENI et la Cour Constitutionnelle. Pour les observateurs avertis, cet échec était prévisible malgré que les deux parties avaient pris des précautions d’usage pour réussir leurs pourparlers. Notamment en délocalisant les négociations en Italie et en Espagne, pour la sérénité des débats.

Pour eux, le rapprochement UDPS-Pouvoir, débuté il y a quelques mois, était politiquement contre-nature. A l’appui de leur scepticisme, l’intransigeance légendaire du parti d’Etienne Tshisekedi et l’absence d’une ligne politique claire et réaliste. Ajouter à cela, la fragilité des structures du parti, écartelées en plusieurs courants. Et en prime, l’indisponibilité prolongée, pour cause de maladie, d’Etienne Tshisekedi. Côté pouvoir, pas mieux ! C’est l’instinct de survie politique, la peur de l’avenir par l’entourage du président Kabila qui a conduit à des stratégies opportunistes. Assaisonné à la guerre larvée de leadership mais violente entre potentiels dauphins, donne l’image d’une majorité présidentielle sans cap. Ce n’était donc pas le bal des chauves mais des aveugles qui se cherchent dans une foule bruyante! Les chances étaient minces !

En jetant l’éponge, l’UDPS confirme sa réputation : un parti indécis qui ne sait pas ce qu’il veut. Cet épisode rappelle étrangement le syndrome Ne Muanda N’Semi qui s’est brûlé les ailes en fricotant avec le pouvoir. Quoiqu’il en soit, l’UDPS a laissé des plumes dans ces négociations avec le camp présidentiel. Ce faisant, elle a accentué la multipolarité de l’opposition où l’UNC de Vital Kamerhe a su bien tirer son épingle du jeu en ayant une ligne politique lisible : respect de la constitution. Toutefois, l’Udps n’est pas la seule perdante. Le camp présidentiel peut aussi se mordre les doigts car elle tenait là un très gros poisson, elle qui était parvenu à diviser l’Opposition. En deux semaines, toute la stratégie de la Majorité présidentielle vient de s’effondrer comme un château de cartes. Elle a perdu coup sur coup deux poids lourds de la scène politique rd-congolaise. D’abord Ne Muanda N’Semi, le guru déchu de Budu Dia Kongo, ensuite Etienne Tshisekedi le sphinx de Limete. En l’absence de ces deux partis personnalités ou leurs partis, le dialogue initié par le président Kabila a de fortes chances de ne plus être convoquée. Ci-dessous le communiqué de l’UDPS.

By 7SUR7.CD

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