Rapport sur l’opération Likofi : Kinshasa chasse Scott Campbell

Vendredi 17 octobre 2014 - 11:25

Le Ministre Muyej a déclaré le Directeur du BCNUDH persona non grata mais la MONUSCO est en discussion avec le gouvernement pour un compromis

Vingt quatre heures après la publication du rapport du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme(BCNUDH) mettant en cause le comportement des éléments de la Police Nationale Congolaise lors de l’opération Likofi contre les brigands communément appelés  » Kuluna  » à Kinshasa, le gouvernement de la RDC par l’entremise de son ministre de l’Intérieur a pris une décision déclarant persona non grata le Directeur pays du BCNUDH, Scott Campbell.

Cette décision a révolté les organisations des droits de l’homme tant nationales qu’internationales basées à Kinshasa au moment où une discussion était engagée entre Kinshasa et la Monusco afin qu’un compromis soit trouvé.

Le ministre de l’Intérieur accuse les enquêteurs du BCNUDH de manque de professionnalisme et d’honnêteté. Mais, le personnel du BCNUDH reconnait avoir mené, conformément à son mandat, des enquêtes sur les violations des droits de l’homme lors de l’opération  » Likofi  » ( » Coup de poing  » en langue Lingala) entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014. La traque menée contre les délinquants, soit dit en passant, avait permis à la population de bien passer les festivités de fin d’année avec moins d’insécurité.

Pour élaborer ce rapport, les enquêteurs du BCNUDH ont rassemblé plus de 70 témoignages provenant de différentes sources, y compris de la police elle-même.

Le rapport fait état de 41 victimes, dont quatre enfants, d’atteintes au droit à la vie, à savoir des exécutions sommaires et extrajudiciaires et des disparitions forcées, commises dans le cadre de l’opération  » Likofi  » dans plusieurs communes de la capitale.

Le rapport s’appuyait également sur des enquêtes menées par le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH)qui ont recensé le meurtre d’au moins neuf civils et la disparition forcée d’au moins 32 civils par des agents de la Police nationale congolaise (PNC) dans le cadre de l’opération  » Likofi « .

La liste n’est pas exhaustive pour les enquêteurs du BCNUDH qui reconnaissent avoir fait face à diverses difficultés dans le cadre de leurs enquêtes sur ces violations des droits de l’homme.

C’est du reste suite à ces difficultés que le rapport du BCNUDH fait usage du conditionnel à ces endroits dans son rapport. Des groupes bien identifiés de la PNC sont cités comme responsables des bavures ayant entrainé mort d’hommes.

Scott Campbell qui a rendu public depuis Goma, chef lieu de la province du Nord Kivu ce rapport accablant est déclaré persona non grata.

Cette décision annoncée hier le ministre Muyej étonne certains observateurs. Quant on sait, il y a deux mois, les organisations des droits de l’homme de la RDC comme VSV, Anmdh, Acaj, Asadho avaient rencontré et discuté avec le chef de la police ville de Kinshasa, le Général Celstin Kanyama ,sur les bavures policières enregistrées lors de l’opération Likofi.

En rapport avec le même dossier, l’Asadho se félicitait ,à travers un communiqué qu’elle avait rendu public , de l’initiative prise par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo d’éradiquer le phénomène kuluna qui porte atteinte à la sécurité, à la vie des personnes et aux biens appartenant à autrui, en lançant  » l’opération Likofi.

Mais elle déplorait les exécutions extrajudiciaires dont la Police Nationale Congolaise s’était rendue coupable dans l’exécution de cette opération lancée par le ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et affaires coutumières pour mettre fin au banditisme urbain à Kinshasa.

Des noms de certaines victimes avaient été même communiquées .Il avait été aussi rappelé que les exécutions extrajudiciaires sont une violation fragrante de la Constitution de la République Démocratique du Congo qui dispose, à son article 16, que  » la personne humaine est sacrée. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger « . Ainsi, cette vie ne peut être supprimée qu’en respectant la procédure que la loi prescrit.

La traque des Kuluna a été saluée par tout le monde mais ce sont les bavures relevées à travers le rapport de BCNUDH à la base des morts qui sont condamnées.

Par Godé Kalonji Mukendi

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