QUESTION ORALE AVEC DEBAT DE KISIMBA KIMBA Les sénateurs fustigent les tares de l’ESU

Mardi 2 décembre 2014 - 07:35

* Des Universités bidon agréées font du commerce pour vendre des diplômes de tous les cycles sans aucun niveau académique.

La plénière d’hier présidée par Léon Kengo Wa Dondo dans la salle des Conférences internationales a entendu la question orale avec débat du sénateur Emmanuel Kisimba Kimba adressée au ministre Maker Mwangu Famba sur la gestion et le fonctionnement des établissements de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) dont il assume l’intérim. Près de 20 questions posées par l’auteur de la question orale qui se résument en un diagnostic profond de ce secteur-clé de la vie nationale.

L’enseignement supérieur et universitaire est agonisant ou moribond sous le poids de multiples tares qui ont été dénoncées dans l’hémicycle à la suite du Pr Kisimba Kimba Emmanuel par ses autres collègues qui sont intervenus. L’ESU y est décrit comme un bateau fou, sans boussole, sans capitaine, en train de tanguer et prêt à couler à vau-l’eau.
On a entendu plusieurs métaphores du genre pour mieux décrire cette dérive de l’Enseignement supérieur et universitaire. L’état des lieux est qu’il y a baisse sensible du niveau d’enseignement pour plusieurs raisons qu’il a regroupées dans 4 questions. La première est celle de la gestion et du fonctionnement des établissements d’ESU, la deuxième sur leur viabilité, la troisième sur le personnel académique et scientifique de ces établissements et la dernière sur la recherche scientifique.

VIOLATION DES LOIS QUI REGISSENT LE SECTEUR
L’auteur de la question a par la suite dénoncé pêle-mêle le fait que certains établissements sont dirigés par des responsables en violation des lois qui régissent ce secteur. La nomination des assistants sans critères requis comme par exemple à l’ISP/Manono, Unikin et ISP/Kananga. Il y a des établissements qui sont dirigés par des personnes n’ayant aucune qualification.
Sur la viabilité, beaucoup d’établissements ne disposent pas d’infrastructures adéquates telle qu’exigées par le texte en vigueur. Sur la viabilité, quelle est la suite du programme de l’ancien ministre de l’ESU Mashako Mamba sur la lutte contre les établissements non viables. Les frais de scolarité de 20Usd perçus dans le minerval pour la construction des infrastructures en matériaux durables sont détournés par des chefs d’établissements qui procèdent à la construction des préfabriqués.
La qualité des enseignements qui laisse à désirer. Ici le Prof Emmanuel Kisimba Kimba aurait voulu que les filières des enseignements soient adaptées aux besoins des provinces par exemple les Facultés de Médecine et de Droit à Kinshasa. Sur la gestion du personnel qualifiée de dramatique, il propose de revoir les critères de recrutement du personnel académique et scientifique.
Il a dénoncé des chairs doctorales qui suscitent des inquiétudes. La collation des grades de Docteurs sans respect des critères et avec toujours voir de très grandes distinctions. Quant aux rémunérations, les Assistants doivent être rémunérés décemment. Il faut harmoniser la base salariale et la prime car la dernière est plus élevée que le premier.
Pour l’auteur de la question orale avec débat, la recherche scientifique est le parent pauvre des Gouvernements de ce pays. Il faut à tout prix revaloriser la fonction de " Professeur d’Université " qui est clochardisée. Réponses de Maker Mwangu Famba, ministre ai de l’ESU.
Ce dernier partage le sombre tableau brossé par le Pr Kisimba Kimba dans sa question orale avec débat. Sur plusieurs questions ayant trait au respect des textes régissant le secteur de l’enseignement supérieur, des instructions ont été données par son ministère aux Conseils d’administration des Universités et des ISP et IST pour le suivi des mesures correctives prises.
Il y a 2.300 Professeurs concentrés dans les trois villes Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani. Les collations des grades académiques se font conformément à la loi, mais les abus ne manquent pas, note Mwangu Famba. Pour ce qui est de la lutte contre les établissements non viables initiées par Mashako Mamba, elle se poursuit sans relâche jusqu’à ce jour.
En ce qui concerne la soutenance de la thèse doctorale, à cause des dérapages, la suspension continue à l’exception des trois Universités traditionnelles qui sont l’UNIKIN, l’UNILU et l’UNIKIS. Un comité scientifique composé d’experts des Conseils d’administration des Universités, des IST et ISP était mis sur pied pour déterminer le critérium des établissements devant dispenser l’enseignement doctoral. Le document est déjà prêt.

LA LISTE DES ETABLISSEMENTS REPONDANT AU CRITERIUM Maintenant, il est question de fixer la liste de ces établissements répondant au critérium défini. Quant au salaire de base et à la prime, Maker Mwangu Famba reconnait qu’il est anormal que le premier soit inférieur à la deuxième et promet d’y remédier par une politique de rationalisation.
Nombre d’infrastructures universitaires sont dans un état de délabrement avancé, leur capacité d’accueil est largement dépassée. Mais le Gouvernement a mis en œuvre le programme de réhabilitation qui a déjà été exécuté à l’UPN, UNIKIN, UNIKIS, et IBTP. Il en est de même pour la réhabilitation des centres de recherche. Le ministre ai de l’ESU est d’avis que budget alloué à ce secteur est minime, soit 0,7% du PIB. Mais le Gouvernement promet de fournir des efforts pour améliorer à l’avenir.
Même chose pour l’assainissement du secteur. Le débat qui s’en est suivi a connu un déferlement et déchainement des sénateurs Professeurs d’Université. Tous estiment que c’est leur vie qui est train de dépérir avec le déclin de l’Enseignement supérieur et universitaire où on voit toutes aberrations possibles et inimaginables.

LES PARENTS PRENNENT TOUT EN CHARGE
C’est le Prof Jacques Djoli qui a donné le gong. Il assiste à la démolition du système d’enseignement en Rdc. C’est l’entropie et l’inconscience. Il n’y a pas une volonté de former une élite. L’Etat a démissionné de ce secteur où ce sont les parents prennent en charge tous les frais de cours. 1.200 établissements parmi lesquels 438 publics c’est trop pour seulement 1.130 Professeurs d’Universitaire. Avec quel budget ? Il n’y a aucune rationalité scientifique.
Le sénateur Djoli pose la question de savoir s’il existe bien un schéma directeur sur l’enseignement. Il en profite pour rappeler que la nouvelle loi sur l’enseignement qui institue le système LMD (Licence-Maîtrise-Doctorat) doit prendre effet en février prochain, mais il ne voit aucune préparation.
Sur la floraison des établissements, Jacques Djoli dénonce une anarchie scientifique et un aventurisme inadmissible où n’importe qui peut avoir son " Université " comme un commerce et commencer à vendre des diplômes. Il a trouvé à Libenge une de ces fausses Universités avec la Faculté de Médecine sans même un petit dispensaire pour la pratique pour ne pas parler d’une Clinique universitaire.
" Mettons de l’ordre dans ce secteur " lance-t-il. Quant au sénateur Betina, il a qualifié la situation de l’ESU de génocide scientifique. Il a dénoncé le clientélisme sous toutes ses formes. Enfonçant davantage le clou dans le même sens, Ramazani Baya a lui fustigé ces Universités qu’il a appelées des centres de corruption car on sait ce qui s’y passe à ce sujet. Pour remédier à tout cela, il propose des reformes cohérentes et audacieuses aussi bien à l’EPSP qu’à l’ESU. Il faut des états-généraux sur l’enseignement afin d’endiguer le cancer qui mine ce secteur. Le ministre maker Mwangu Famba répond demain à toutes ces préoccupations des sénateurs. KANDOLO M.

 

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