Après avoir gardé un long silence sur les nombreuses critiques formulées à l’encontre de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, a choisi la tribune de la 69ème assemblée générale des Nations unies pour remettre les pendules à l’heure. Evitant toute interférence dans le processus électoral, Kabila a promis d’amener le peuple congolais aux élections, se disant prêt à se plier au calendrier de la CENI – seul organe habilité, selon lui, à se décider en cette matière. Mais ce n’est pas sans ignorer les partenaires extérieurs qui continuent d’exiger de la CENI la publication d’un calendrier électoral « complet, consensuel et assorti d’un budget détaillé ».
La République démocratique du Congo aura son troisième cycle des élections libres, démocratiques et transparentes dans les délais constitutionnels. Il revient à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en sa qualité de pouvoir organisateur des élections, de mettre la forme qui convient au processus.
C’est ce qu’a rappelé, dans des termes similaires du haut de la tribune de la 69ème assemblée générale des Nations unies, le président Joseph Kabila Kabange. Que va-t-il se passer ? Est-ce que la CENI va actualiser sa feuille de route, dont un pan, relatif aux élections urbaines, municipales et locales, a été rendu public le 26 mai 2014 ? Cela au regard de toutes les critiques qui ont fusé de partout aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Répondant aux questions de la presse au sortir de cette annonce, M. l’Abbé Apollinaire Malumalu s’était voulu plutôt confiant, précisant avoir eu toutes les garanties nécessaires du gouvernement pour le financement de ces élections partielles. Il faisait savoir à l’occasion que ce calendrier était « la somme de contraintes » prises en compte.
Excluant par ailleurs toute forme d’interférences dans le fonctionnement de la CENI, M. l’Abbé-président avait indiqué que « chaque institution a ses prérogatives et chaque institution répond de ses prérogatives ». Comme pour dire que les matières touchant au processus électoral relèvent de la seule compétence de son organe.
« Le calendrier sera respecté et nous veillerons à ce que chaque institution de la République puisse remplir ses obligations légales », avait promis le président de la CENI, soulignant que les élections urbaines, municipales et locales étaient « les grandes élections qui devaient aider à la stabilisation de l’Etat congolais ».
CENI VS PARTENAIRES EXTERIEURS
Et, c’est du haut de la tribune des Nations unies que Joseph Kabila est allé rappeler le cadre que Malumalu avait déjà tracé depuis mai 2014. En effet, pour le chef de l’Etat, c’est à la CENI que la loi reconnait le pouvoir d’organiser les élections. Sur ce point, Kabila a promis de se plier au calendrier électoral que présentera la CENI.
« Je réaffirme la tenue prochaine des élections conformément au calendrier arrêté par la Commission électorale nationale indépendante. Toutes les dispositions sont prises pour que notre pays en sorte plus apaisé, plus uni et plus fort », a déclaré le chef de l’Etat depuis New York.
Toutefois, il ressort que les déclarations de Kabila s’écartent de la volonté affichée par nombre de partenaires extérieurs qui continuent d’exiger de la CENI la publication d’un calendrier global qui prend en compte les élections législatives et présidentielle, et ce, jusqu’à l’échéance de 2016.
Apparemment, autant pour la CENI que pour le chef de l’Etat, l’hypothèse d’un calendrier global paraît de moins en moins probable. Un bras de fer avec la communauté internationale n’est donc pas exclu. L’Union européenne a d’ailleurs annoncé les couleurs, via sa mission d’observation électorale en RDC, en recommandant aux autorités congolaises de travailler davantage pour un dialogue avec l’Opposition en vue d’aboutir à un « calendrier électoral complet, consensuel et assorti d’un budget détaillé ».
Comme on peut s’en rendre compte, un bras de fer risque de s’engager dans les jours qui viennent si jamais les autorités congolaises et, particulièrement, la CENI, se cabraient et refusaient toute ouverture sur la confection d’un calendrier réaliste, à même de mettre d’accord toutes les parties prenantes au processus électoral. La paix tient aussi à cette approche.