Présidentielle 2016 : Tshisekedi face à son destin

Vendredi 28 août 2015 - 10:00

D’aucuns estiment que la présidentielle de 2011 était l’ultime combat d’Etienne Tshisekedi. Erreur ! Le sphinx de Limete qui court derrière l’impérium depuis s’apprêterait à s’engager dans la course de la présidentielle de 2016. Le poids de l’âge puis la maladie, l’ayant conduit loin du pays, serait-il d’aplomb pour engager et gagner ce nouveau challenge ? Le lider maxime est face à son destin : entrée dans l’histoire par la grande porte ou effacer d’un trait toutes ces pages de lutte en faveur de la démocratie écrites au prix des sacrifices!

Depuis la chute du Maréchal Mobutu le 17 mai 1997, le sphinx de Limete, Etienne Tshisekedi, n’a plus exercé la moindre fonction dans la structure de l’Etat. Il s’est brouillé avec M’zee Laurent-Désiré Kabila. Il n’a jamais composé avec son successeur Joseph Kabila. Curieusement, aujourd’hui il passe pour le joker du Raïs dans la réussite du dialogue? S’en sortira-t-il gagnant ?
Difficile à prédire.

La politique, dit-on, est l’art du possible. Il faut toujours savoir arrondir ses angles pour tirer son épingle du jeu politique. Partant de ces maximes, peut-on dire que le leader de la fille aînée de l’Opposition, l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), a engrangé les produits de sa lutte ? Souvent, Etienne Tshisekedi est sorti loin du cadre dans ses tactiques politiques devant l’amener à l’objectif ultime : conquérir et conserver le pouvoir.

Puisque tout de même, depuis la chute du régime Mobutu, le 17 mai 1997, le plus grand parti de l’Opposition, l’UDPS, n’a pas pu accéder au pouvoir, du moins son président national. L’UDPS est restée constante avec ses méthodes et ses approches lors de la prise de grandes décisions. A l’UDPS, il est permis de se satisfaire parce que rien n’a notablement évolué tant sur le plan du processus démocratique que sur celui de l’amélioration du vécu quotidien des Congolais. Maigre consolation d’autant plus que, entre-temps, le parti s’est fissuré. Nombre de cadres ont levé d’autres options, s’estimant en droit de faire aboutir leur combat par d’autres voies. Dix-huit années de gâchis pour l’UDPS. Pourtant, cette formation politique a été une pépinière de matière grise. L’essentiel de ses hauts cadres a claqué la porte, souvent débauchés par les différents pouvoirs qui ont défilé au pays. A ce jour, l’UDPS se confond à la personne d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, qui communie directement avec la base qui ne se reconnaît qu’en lui.

QUE DES OCCASIONS MANQUÉES...

Charismatique et doté d’une très forte personnalité, ya Tshitshi vogue presque toujours à contre courant du reste de la sphère politique congolaise. C’est pour cette raison que l‘UDPS de Tshisekedi n’a pas su composer avec la révolution du 17 mai.

Durant les quatre ans de pouvoir de M’ze Kabila, le sphinx de Limeté n’a pas réussi à se rapprocher de celui qu’il a qualifié de son « frère » pour faire ne serait-ce qu’un bout de chemin ensemble à la destinée de la RDC.

Il en sera de même avec son successeur, Joseph Rabila Kabange. Au pouvoir depuis le 26 janvier 2001, le fils à M’zee n’a jamais travaillé avec le président de l’UDPS. L’on ne saurait dire que le Raïs n’a jamais cherché à recourir à ses services. Est-il qu’en presque 15 ans d’exercice de pouvoir, aucune rencontre officielle en tête-à-tête entre les deux personnalités ne s’est déjà produite.

Il faut dire que ya Tshitshi, dans sa conduite du parti, a commis souvent des fautes qui seraient à la base aujourd’hui de ses maigres résultats en terme de conquête de pouvoir. Déjà, alors que le pouvoir de Mobutu était en train de vaciller, le président national de l’UDPS a accepté la primature en 1997. Pour Mobutu, c’était la dernière carte à jouer pour freiner l’avancée des kadogo vers Kinshasa. La suite de l’histoire, tout le monde la connaît. M’zee a craché sur l’aumône de cinq ministères promise par Tshisekedi, avant de lui conseiller de ne pas embarquer dans un bateau qui est en train de chavirer.

De même, après le dialogue inter-congolais de Sua City en 2002, c’est plutôt Arthur Z’Ahidi Ngoma qui a hérité du fauteuil du vice-président de la République pour le compte de la composante Opposition non armée. Cette place revenait logiquement à Etienne Tshisekedi. Seulement, après les travaux de Sun City, la désignation des représentants des composantes devait se faire à Kinshasa. Alors que tout le monde est rentré au pays, le président de l’UDPS est resté en Afrique du Sud, estimant que la vice-présidence de la République lui revenait «naturellement» en tant que Premier ministre issu de la CNS. Selon des sources, Joseph Kabila avait même dépêché, sans succès, un avion en Afrique du Sud pour ramener le lider maximo à la table de négociations avec ses pairs de l’Opposition non armée. Encore une occasion loupée pour le sphinx de Limete de jouer un rôle.

Tout aussi, l’UDPS Tshisekedi a appelé en 2005 au boycott du référendum sur l’actuelle Constitution. Ironie de l’histoire, il n’y a pas plus grand défenseur de la loi fondamentale du 18 février 2006 aujourd’hui que la fille aînée de l’Opposition. Faisant fi du mot d’ordre de l’opposant historique, les Congolais ont voté massivement la Constitution.

BÉNÉFICIAIRE POTENTIEL DE L’ALTERNANCE

L’originaire de Kabeya Kamwanga ne s’est pas arrêté là. Etienne Tshisekedi a refusé de participer à la présidentielle à deux tours de 2006, où il aurait pu avoir plus de chance de l’emporter. Même le Palu de Gizenga qui comptait sur son duo avec l’UDPS, à la présidentielle pour se partager le pouvoir ensuite, sera déçu par la non-participation du parti de Lirnete.

Quand il accepte en 2011 de participer enfin à la présidentielle, il refuse de négocier avec les autres acteurs de l’opposition. « Avec ou sans l’unité de l’opposition, je vais gagner l‘élection présidentielle », dira Tshisekedi pendant la campagne de 2011. Pas sûr que toutes les expériences, bonnes ou mauvaises, qu’Etienne Tshisekedi a connues durant sa longue carrière politique. I ont aidé à s’assagir.

Comme il n’est jamais trop tard pour rectifier les tirs, l’on pense qu’alors que les émissaires du président de la République consultent le président de l’UDPS en vue du dialogue politique, ce dernier doit jouer la bonne carte. L’erreur «est plus de mise car l’alternance au sommet de l’Etat et les élections apaisées restent les vrais enjeux de l’heure. A ya Tshitshi de bien négocier avec le camp du président Kabila pour tirer, cette fois-ci, on épingle du jeu.

Comme Antoine Gizenga en 2006 qui a joué la bonne carte et gagné la primature pendant 5 ans dans sa coalition avec Joseph Kabila, Etienne Tshisekedi, plus que jamais au soir de sa carrière politique, doit sortir par la grande porte de l’histoire. Cette issue, c’est lui-même qui doit la créer pour ne pas effacer d’un trait, l’histoire d’une longue lutte pour l’avènement de la démocratie en RDC.

LE POTENTIEL

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