Il y a très peu des rd-congolais qui seraient prêts à abandonner leurs privilèges pour se battre pour les intérêts du plus grand nombre. Chez la plupart de politiques c’est la règle « du chacun pour soi » La démission est tellement rare dans les us et coutumes des politiques rd-congolais qu’ils sont à compter sur les bouts de
doigts ( les rd-congolais) à avoir démissionner de leur plein gré des postes juteux qu’offre la République. Freddy Matungulu Mbuyamu n’est pas de cette race là. Lui la démission ça le connaît. Il vient de démissionner de son poste d’économiste en chef au FMI pour se consacrer au débat et à la compétition politique dans son pays. Mais avant cette démission, Matungulu qui occupait entre 2001 et 2003, l’un des postes ministériels les plus convoités de la République, les finances et le budget, n’avait pas hésité à démissionner car ne partageant pas les pratiques honteuses qu’on voulaient lui faire assumer. En démissionnant du FMI, il prouve encore que la République du Congo est plus grande que sa carrière et que son amour pour ses compatriotes est au dessus des autres considérations. Avec sa démission, la présidentielle de 2016 s’annonce encore plus indécise. Car Matungulu est un candidat de taille. Son expérience internationale au cœur des institutions de Bretton Woods lui ont donné des atouts certains. Il a donc un carnet d’adresses garni. Il a des sous. Il a une moralité
à toute épreuve. Il est expérimenté. Il est brillant. Et il a une opinion favorable dans son pays pour le travail abattu en tant que ministre des finances. L’homme à de quoi inquiéter ses adversaires. Il lorgne sur la présidentielle mais à défaut il se verrait dans le fauteuil de premier ministre. Pour cela plusieurs tickets sont possibles. Notamment avec Kamerhe et Katumbi, les deux leaders de l’opposition qui sont bien partis pour succéder à Joseph Kabila dont c’est le dernier mandat. Ci-dessous la lettre de démission de Matungulu au FMI.
Paul MulaNd
La lettre de la démission de Freddy Matungulu au FMI
Le 17 février 2003, j’avais démissionné de mon poste de Ministre des Finances de la République démocratique
du Congo pour ne pas cautionner des abus dans la gestion de la chose publique. En juillet de la même année, je
reprenais mes fonctions d’économiste au siège du Fonds monétaire international à Washington, aux Etats Unis. Le
retour au FMI m’a réimposé l’obligation de réserve m’empêchant de me prononcer sur les enjeux économiques et
politiques dans mon pays, la République démocratique du Congo (RDC).
Le grand débat des deux dernières années sur l’avenir du pays m’a profondément ému et interpellé, m’amenant
à me poser des questions sur l’opportunité de maintenir un silence qui paraissait indifférent, voire complice à certains égards. Devrais-je continuer de me taire ?
Devrais-je continuer de figurer sur les listes du personnel du FMI et priver le Congo de mon apport à la réflexion sur les défis auxquels la nation fait face? Mon devoir supérieur n’était-il pas plutôt d’apporter ma contribution au débat sur les enjeux politiques de l’heure dans ce pays qui m’a vu naître et qui a fait de moi ce que je suis ? Après mure réflexion, j’ai décidé de prendre une retraite anticipée du Fonds monétaire international, institution de Bretton Woods qui a été mon employeur pendant les vingt dernières années.
Mon départ du FMI m’affranchit ipso facto de la lourde obligation de réserve que m’imposaient mes fonctions au
Fonds monétaire, en même temps qu’il me permet de retrouver la pleine liberté d’expression et d’action grâce à
laquelle je peux enfin, en tant que citoyen et expert, apporter ma quote-part aux efforts visant le mieux-être de mon pays.
Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir, Mwalimu
Fait à Washington, DC, USA