« Y’a-t-il nécessité de soumettre tout discours officiel, celui du Président du Sénat y compris, à l’avis des groupes politiques de sorte qu’il requiert au préalable l’avis desdits groupes ? » Cette question, visiblement tendancieuse, le sénateur Mongulu se l’est posée, intervenant juste à la fin de la séance plénière du mardi 30 septembre dernier.
Avant lui, son collègue Tshimbombo Mukuna avait jeté les dés devant le même micro en ces termes : « Depuis 8 ans que l’honorable président (Kengo) dirige cette assemblée de sages, il ne s’est jamais écarté de l’intérêt général. » Et de poursuivre : « le mal ressemble à des photographies. Le mal réside dans le chef de ceux qui lui demandent de retoucher une photo-prendre un visage virtuel et vouloir en faire une réalité vivante. »
Agitation au Sénat
L’agitation constatée à la chambre haute trouve son origine au discours d’ouverture de la séance encore prononcé par le président du Sénat Léon Kengo wa Dondo. Acteur politique, ce dernier s’était prononcé sur la question qui défraie la chronique, à savoir « la révision de la Constitution » pour permettre à l’actuel président de la République de briguer un troisième mandat, alors que la loi fondamentale limite à deux le nombre de mandat présidentiel.
En âme et conscience, librement et sans contrainte, le président du Sénat a prévenu du danger auquel on expose le pays en recourant à la révision de la Constitution. La prise de position, apparemment inattendue, du président Kengo avait engendré un tonnerre d’applaudissement à tout rompre à la chambre haute… Toute la salle, des groupes politiques y compris, avec et surtout le corps diplomatique, avait frénétiquement acclamé Léon Kengo wa Dondo.
Réagissant ainsi à la proposition de certains groupes politiques qui s’étaient prononcés pour un avis consultatif de tout discours lors de la séance plénière du 23 septembre dernier, tenue à huis-clos. Le sénateur Mongulu a cherché à savoir, à travers sa motion d’information, si l’avis consultatif exigé au préalable par des groupes politiques visait le discours du président Kengo.
Selon lui, les flèches dirigées contre ce discours sont injustifiées. D’autant plus que l’intéressé avait porté trois casquettes pour s’exprimer : justice, acteur politique, et ancien membre du présidium des concertations nationales. Devait-il soumettre son discours, en tant que tel, à un quelconque avis des groupes politiques ? Ne serait-ce que pour préserver un climat de sérénité ou mettre tout le monde à l’aise.
Regardé récemment comme allié de poids du pouvoir, pour avoir participé activement aux concertations nationales, Kengo wa Dondo passe désormais pour la bête noire qu’il faut abattre. Ce qui justifie des attaques médiatiques à répétition dont il fait l’objet, à l’instar de toute personne ou groupe de personnes qui se dresse contre la révision constitutionnelle.
Rôle d’un président d’une assemblée législative
La question soulevée par l’ancien procureur général de la République Mongulu tirant son fondement de la séance plénière tenue à huis-clos, le président Kengo a souhaité qu’elle soit débattue également à huis-clos. La plénière ayant adhéré à la proposition du président Kengo, la séance a été levée. En attendant, l’avenir nous dira si la demande des groupes politiques sera prise en compte.
Tshimbombo Mukuna s’était demandé : « quel est le rôle d’un président, d’un membre d’une assemblée législative si celui-ci à une bouche à moitié cousue ? Notre Sénat », a-t-il souligné, « grâce à l’enseignement patriotique de son président, a relevé le prestige de notre institution et de notre pays comme en témoignage l’opinion nationale et internationale. » Paraphrasant René Char, le Sénateur déclare : « Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard ni patience ». Il conclut par une autre citation, de Sénèque cette fois-ci pour encourager le président Kengo : « Seul l’arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient ».
Par G.O.