Poursuite de la Révolution de la modernité : Avec quels hommes et quels moyens ?

Mercredi 5 août 2015 - 10:36

La « Révolution de la modernité » repose désormais sur sept piliers. C’est le lundi 20 juillet 2015, en marge de l’inauguration à Kinshasa de l’immeuble du gouvernement sur la place Royal, que ce nouveau contenu a été dévoilé au grand public. Cependant, des interrogations subsistent. Avec quels hommes et quels moyens parviendra-t-on à concrétiser ce rêve qui devait s’étaler en principe sur plusieurs décennies ? De même, qui portera cette nouvelle vision après 2016. Tentative de décryptages.

Au Commencement étaient les «Cinq chantiers de la République». Ils ont été transformés dès 2011 en «Révolution de la modernité». Si les cinq chantiers ont été marqués par des résultats mitigés car, plongés dans les nombreuses contradictions.et défaillances qui ont entouré les contrats chinois, le concept de la Révolution de la modernité est beaucoup plus vivant au regard de grands travaux d’infrastructures initiés par le gouvernement Matata.

Des écoles et centres de santé ont été soit réhabilités, soit reconstruits; des travaux d’infrastructures se sont enchainés sur l’ensemble de la République. Outre la construction de l’aérogare modulaire à l’aéroport international de N’Djili, le tout dernier ouvrage en date est cet immeuble du gouvernement construit sur la Place Royal à Kinshasa. Décidément, avec Matata, ancré dans le leadership du chef de l’Etat, le concept de la Révolution de la modernité a retrouvé tout son sens.

Ce n’est pas pour autant que son initiateur, le chef de l’Etat, Joseph Kabila, se voit déjà comblé. Il nourrit d’autres ambitions.

LES NOUVELLES AMBITIONS

Longtemps demeuré abstrait, le concept de la Révolution de la modernité vient d’avoir un contenu. C’est le lundi 20juillet 2015, en marge de l’inauguration de l’immeuble du gouvernement que le public a découvert ce qui se cachait sous le manteau « Révolution de la modernité ». Il se décline désormais en sept piliers, à savoir, faire de la RD Congo « un pool d’intelligence et du savoir; un vivier de la nouvelle citoyenneté ‘et de la classe moyenne, un grenier agricole; une puissance énergétique et environnementale un pool économique et industriel; une terre de paix et de mieux-être; une puissance régionale au cœur de l’Afrique ». Voilà la forme relookée de la Révolution de la modernité.

Ce new look est alléchant. Cependant, des questions persistent au regard des réalités de la RD -Congo. Depuis 2006, année du lancement des Cinq chantiers de la République, le pays a quasiment livré son sort aux étrangers. C’est, notamment, aux Chinois, dans le cadre d’un partenariat voulu gagnant-gagnant.

L’afflux des Chinois sur le sol congolais a donc marqué le début de cette grande ère de la reconstruction. Aujourd’hui, les Chinois ont investi tous les secteurs de la vie nationale, reléguant la main-d’œuvre congolaise au second rang. Là où on ne trouve pas de Chinois, ce sont.des Sud- africains qui prennent le relais. Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo confiée à une firme sud-africaine en est une belle illustration.

Où sont donc les Congolais dans la mise en œuvre de grands projets retenus dans le cadre de la Révolution de la modernité? Réponse: Nulle part. S’il y aune tache qui est confiée aux Congolais, ce sont généralement des rôles minimes. Avec qui le gouvernement - mieux la RD Congo - va concrétiser ce nouveau rêve de la Révolution de la modernité ? Une question en appelant une autre, serait-ce en se référant, comme c’est le cas aujourd’hui, à cette main-d’œuvre étrangère qui a envahi toutes les sphères économiques de la RDC ? L’opinion attend d’être rassurée.

Le gouvernement a toujours nourri le désir de promouvoir une classe moyenne des Congolais. Là aussi, on ne s’est limité qu’aux belles intentions, sans jamais poser des actes qui rassurent. Si bien qu’aujourd’hui, les créneaux les plus importants de l’économie congolaise sont tenus par des étrangers.

Des Libanais, des Indopakistanais, entre autres, contrôlent la commerce général et les circuits de la grande distribution. Il en est de même du secteur bancaire, où la présence congolaise st quasiment nulle. En RD Congo, le secteur bancaire est même devenu une affaire de famille. La famille Rawji dans Raw Bank, la famille Blattner dans BIAC, la famille Levy dans TMB. Outre ces grandes familles, les autres banques sont des relais du commerce tenus par les Ouest-africains qui se retrouvent autour d’Access Bank, Afriland Bank, FiBank, BOA, etc.

Multiplier les travaux de reconstruction, c’est bien. Mais, c’est encore mieux si des Congolais étaient associés à ces grands travaux. Pour le moment, ils sont totalement mis à l’écart. Tout compte fait, c’est totalement l’offre extérieure qui trouve son compte dans la Révolution de la modernité. Parviendra-t-on à inverser cette tendance ? C’est le défi que s’est lancé le gouvernement dans ce nouveau concept de Révolution de la modernité.

Evidemment, la grande question reste les moyens pour financer ce vaste plan de reconstruction. Pour un budget qui atteint difficilement en ressources propres les six (6) milliards de dollars américains, on est bien en droit de se poser toutes ces questions.

Sans doute, les moyens feront cruellement défaut pour réaliser les sept nouveaux piliers de la Révolutions de la modernité. Un recours à des fonds extérieurs sera surement indispensable pour boucler tout ce programme. L’Occident étant en panne de vitesse, c’est vers le nouveau dragon de l’Asie, à savoir la Chine, que la RD Congo devra se tourner. Mais, l’expérience ratée des contrats chinois colle toujours aux rapports tumultueux entre la RDCongo et l’Empire du milieu.

Tout dépendra cependant de la capacité de négociations dont la RD Congo devra faire preuve pour rassurer Pékin et le pousser à accompagner la RD Congo dans la voie de la reconstruction. Le gouvernement devra batailler dur pour y arriver.

QUI PORTERA LE FLAMBEAU APRES 2016 ?

Par delà tout, la grande inconnue reste le timing que le gouvernement se donne pour exécuter ce vaste programme. Avec qui le fera-t-il ? En effet, Joseph Kabila qui en est le porteur est censé rendre constitutionnellement le tablier en décembre 2016. Porteur de la vision, il devra surement léguer la paternité de la vision à quelqu’un d’autre. C’est là le hic. Car, nombreux sont ceux qui se demandent qui, à part le chef de l’Etat, pourrait bien incarner ce nouveau concept de la Révolution de la modernité. On peut épiloguer dans tous les sens sur le sujet.
Mais, la vérité est que la Majorité se voit bien en place, c’est-à-dire au pouvoir, après, 2016. Avec ou sans Kabila. Car, en lisant entre les lignes, l’on se rend compte que les sept piliers du nouveau concept de la Révolution de la modernité déclinent un programme gouvernemental pour les 5 prochaines années. Pour l’instant, c’est Kabila qui continue à le porter. On ne sait pas encore ce qu’il en sera après 2016.

En attendant qu’on y arrive, l’on s’interroge néanmoins sur les hommes et les moyens que la RD Congo pense mobiliser pour donner vie à ces sept nouveaux piliers de la Révolution de la modernité. La grande inconnue !

LE POTENTIEL

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