Connue pour ses mobilisations « légendaires » sous le régime de Mobutu, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) peine à réunir ses militants, ces derniers temps. Des mots d’ordre lancés par la hiérarchie prennent l’eau sans qu’ils ne soient exécutés par la masse « udépessienne ». Plusieurs observateurs attribuent cette faiblesse aux sons discordant qu’émet, depuis quelque temps, la fille aînée de l’opposition.
La police a étouffé, le vendredi 24 avril, la marche de l’UDPS prévue à Mbuji-Maji et à Kinshasa. Au niveau du parti, l’on évoque des interpellations de certains cadres à Mbuji-Mayi comme à Kinshasa. Des sources proches du parti indiquent que les forces de l’ordre ont interpellé son président fédéral du Kasaï-Oriental. Denis Kalombo et dix-huit membres. A Kinshasa, une marche similaire a été dispersée le même jour avec l’interpellation du secrétaire général du parti, Bruno Mavungu, son adjoint et quelques sympathisants.
La marche avortée consistait à exiger une enquête internationale pour faire la lumière sur le dossier de la « fosse commune » de Maluku.
Mais le parti d’Etienne Tshisekedi n’a pas pu concrétiser son projet. Juste une faible mobilisation dans les deux villes du pays a été observée. Et, cela ne date pas d’hier. Depuis quelques temps, les mots d’ordre du parti ne sont plus suivis par les combattants comme dans le temps. Le problème est d’abord interne. « Il y a des très sérieuses contradictions entre les décideurs du parti. Cela affecte les militants qui ne savent plus à quel saint se vouer ». déclare un membre du parti qui s’est réservé de manifester en début du week-end dernier. Selon lui, la plus grande ni obi li satin n d u parti remonte à 2011, avant les élections. A cette époque, cette formation politique avait instauré des journées spéciales consacrées aux revendications sur la transparence du processus électoral appelées «jeudi saint ». Les militants du parti faisaient le pied de grue devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour réclamer notamment l’accès au serveur central afin d’éviter la fraude électorale. « L’ancien secrétaire général du parti (Jacquemain Shabani, ndlr) savait enthousiasmer les militants et en ce moment là, les dissensions n’existaient pas au sein du parti ». commente un autre militant.
Duplicité dans les décisions
A Limete, les sons sont de plus en plus discordants, Le parti livre plusieurs versions des faits face à un sujet d’actualité. Sous peu. Félix Tshisekedi, secrétaire national en charge des relations extérieures avait déclaré que l’UDPS allait présenter les candidats à tous les échelons des élections. Une déclaration qui a été vite contredite par le secrétaire général du parti, Bruno Mavungu, qui a annoncé que le parti n’allait s’engager aux élections que si l’appel au dialogue lancé par Etienne Tshisekedi est entendu.
Pourquoi pareille situation est observée au sein d’une formation politique de la trempe de l’UDPS, appelée - et à juste titre fille aînée de l’opposition ? Difficile de répondre avec exactitude à ce stade des faits. Mais toujours est-il que les contradictions au sein du parti empêchent cette formation à retrouver sa capacité de mobilisation.
Dans une lutte politique où la stratégie semble être celle de l’unité de l’opposition, Limete fait de plus en plus cavalier seul. L’on se souviendra des manifestations de l’opposition contre l’examen de la loi électorale à l’Assemblée nationale auxquelles l’UDPS n’avait pas pris part. Bien qu’ayant, par la suite, déploré le nombre de morts â la fin. « Les jeunes qu’ils avaient dans les années 1990, ne sont plus là en 2015 », a analysé Steve Mbikayi sur les antennes dune radio périphérique. Comme pour dire que la génération de ceux-là qui ont milité au sein du parti dans la quête de la démocratie et du multipartime n’est plus apte à manifester dans la rue aujourd’hui. L’UDPS fait donc face à une autre jeunesse. Ainsi, le parti devrait-il rejoindre les actions communes de l’opposition en, général pour faire avancer la lutte pour le changement. Il est à souhaiter que si l’UDPS veut rebondir et surtout redorer son blason terni, dans le cadre des élections à venir. Tshisekedi batte le rappel des troupes et mette les points sur les « t». Le plus tôt serait le mieux, sinon, le navire UDPS va tout droit vers le naufrage.
Par Dido Nsapu